Qui a trahi Anne Frank ?, c’est le nom du livre relayant cette enquête censée lever le voile sur l’arrestation d’Anne Frank, dont le récit s’apprête à sortir en librairie le 19 janvier.
La nouvelle fait la Une de tous les médias : l’autrice canadienne Rosemary Sullivan s’apprête à faire paraître Qui a trahi Anne Frank ? (HarperCollins), qui livre les résultats d’une vaste enquête de Vince Pankoke, ex-agent du FBI. Quelques jours seulement avant la parution du livre, le nom de la personne qui aurait remis la jeune adolescente aux autorités allemandes a été dévoilé au public : selon les informations relayées par le quotidien belge Le Soir, il s’agirait d’un notaire juif répondant au nom d’Arnold Van den Bergh, décédé cinq ans après la fin de la guerre, et qui aurait obtenu une exemption de déportation pour sa propre famille en échange de ces informations. Interrogé par le quotidien néerlandais de Volkskrant, Vince Pankoke explique avoir examiné des milliers de pages d’archives, eu recours à l’intelligence artificielle et à des tests ADN ainsi qu’à l’interrogation de nombreux témoins. L’enquête avance notamment pour preuve une missive reçue par Otto Frank, seul survivant de la famille Frank, après la Seconde Guerre mondiale.
Tout laisse à penser qu’Otto Frank ait voulu garder le secret pour éviter des retombées sur la famille du notaire et sur une communauté juive déjà suffisamment meurtrie. Néanmoins, il faudra attendre la parution de l’enquête pour pouvoir corroborer les hypothèses avancées : le musée de la Maison d’Anne Frank (Amsterdam) a évoqué une « hypothèse fascinante », mais attend une enquête plus approfondie. « Vous devez être très prudent avant d’inscrire quelqu’un dans l’histoire comme celui qui a trahi Anne Frank si vous n’êtes pas sûr de cela à 100 ou 200% », a déclaré à l’AFP Ronald Leopold, le directeur du musée. D’autres experts sont encore plus dubitatifs, à l’instar de Bart van der Boom, professeur à l’université de Leiden, qui voit dans ces révélations un « non-sens diffamatoire ». Iannis Roder (responsable des formations au mémorial de la Shoah), interrogé par Franceinfo, appelle quant à lui à prendre du recul : « Attendons de lire ce livre (…) il faut surtout re-contextualiser les choses » et veiller à « ne pas détourner la culpabilité et la responsabilité qui est celle des nazis, pas celle des juifs ».
La famille d’Anne Frank avait fui l’Allemagne et s’était réfugiée aux Pays-Bas en 1933. Le Journal d’Anne Frank, écrit entre 1942 et 1944, est un témoignage précieux de la vie sous l’Occupation allemande. Déportée en septembre 1944, Anne Frank meurt du typhus en 1945 dans le camp de Bergen-Belsen. Son Journal, édité par son père en 1947, sera traduit dans plus de 70 langues et vendu à plus de 30 millions d’exemplaires. Celui-ci est aujourd’hui inscrit au registre « Mémoire du monde » de l’UNESCO.