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The Agency : la série américaine est-elle fidèle au Bureau des légendes ?

23 mai 2025
Par Sarah Dupont
“The Agency” a commencé sa diffusion en France le 22 mai.
“The Agency” a commencé sa diffusion en France le 22 mai. ©Luke Varley/Viacom International Inc. All Rights Reserved./Paramount+

Diffusée aux États-Unis depuis l’automne 2024, The Agency est enfin arrivée en France ce 22 mai sur MyCanal. Remake du Bureau des légendes, la série transpose l’univers feutré du renseignement français aux standards américains, tout en revendiquant sa fidélité à l’œuvre originale.

Alors que Canal+ entame la diffusion de The Agency ce jeudi 22 mai à 21h05, les regards se tournent vers ce remake américain du Bureau des légendes, série culte française sur l’univers feutré de la DGSE. Produite par George Clooney, portée par Michael Fassbender, Richard Gere et Jeffrey Wright, la série transpose l’univers du renseignement tricolore dans les couloirs de la CIA. Mais que reste-t-il vraiment de l’œuvre d’origine ?

Un ADN commun

Créée par Éric Rochant, Le bureau des légendes suivait des agents infiltrés de la DGSE opérant sous fausse identité, appelées « légendes ». L’intrigue se concentrait sur Guillaume Debailly, alias « Malotru », incarné par Mathieu Kassovitz, de retour à Paris après six ans d’infiltration en Syrie. Sa relation interdite avec une Syrienne et ses doutes identitaires faisaient vaciller la sécurité de ses collègues autant que sa propre loyauté.

Le bureau des légendes, saison 1.©Canal+

The Agency, créée par Jez et John-Henry Butterworth, conserve cette trame. Brandon Colby, nom de code « Martian », interprété par Fassbender, revient à Londres après six ans passés au Soudan. Comme Malotru, il y retrouve son amante, ici une anthropologue soudanaise, et voit ses sentiments interférer avec ses obligations. La disparition d’un agent en Biélorussie catalyse les tensions. L’inspiration est explicite : selon Premiere, il s’agit d’« une adaptation jusqu’au-boutiste […] avec un vernis plus sombre, plus musclé ».

Du réalisme feutré à l’esthétique romanesque

La mise en scène illustre les différences de style. Là où Rochant privilégiait une approche quasi documentaire, Joe Wright (réalisateur des premiers épisodes de The Agency) mise sur le grand angle, les lumières ciselées et un générique digne de James Bond. « Une sophistication qui débute dès son générique », note Télérama.

John Magaro et Michael Fassbender dans The Agency.©Luke Varley/Viacom International Inc. All Rights Reserved./Paramount+

Le décor suit cette logique : au bureau austère sous les toits de la DGSE répond une CIA logée dans un immeuble tout en verre. Londres remplace Paris, surplombée de vues aériennes et de scènes d’action qui tranchent avec les rues étroites de la capitale française. « Le réalisme reste présent, analyse Télé-Loisirs, mais le parti pris romanesque prend le pas sur l’approche presque documentaire. »

Entre introspection et incarnation

Dans la série française, Malotru incarnait le héros tragique rongé par le doute. Dans The Agency, Martian semble plus froid, plus opaque. Fassbender impose un personnage silencieux, dont les tourments passent par la posture et les regards. « Beaucoup de sentiments sont transmis par la communication non verbale », souligne Télé-Loisirs.

Mathieu Kassovitz dans Le bureau des légendes.©Top The Oligarchs Poductions/Canal+

La galerie de personnages a aussi changé d’ampleur. Richard Gere, dans un rôle inspiré du directeur incarné par Gilles Cohen, bénéficie d’un temps d’écran plus important. Le casting se veut plus spectaculaire, avec des figures comme Dominic West et Hugh Bonneville, sans nécessairement égaler la densité psychologique des seconds rôles français de Marie-Jeanne ou Marina.

Un ancrage géopolitique redéfini

Enfin, si The Agency reste fidèle à l’ossature scénaristique de la série française, elle redessine les lignes du conflit. L’Algérie devient la Biélorussie, l’amante syrienne devient soudanaise. L’Iran, constante dans les deux récits, fait figure d’exception.

Curtis Lum et Kurt Egyiawan dans The Agency.©Luke Varley/Viacom International Inc. All Rights Reserved./Paramount+

Le point de vue américain reconfigure les enjeux : moins tournés vers l’introspection nationale, ils épousent des problématiques mondiales, souvent plus polarisées. Télérama évoque « une redistribution des cartes géopolitiques », à mesure que la série explore le conflit russo-ukrainien ou les tensions américaines avec l’Iran.

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