
Après avoir marqué l’histoire du documentaire télévisuel avec son regard sans filtre, Strip-Tease revient sur grand écran avec un film, en salles le 12 février.
Près de 40 ans après sa création, Strip-Tease fait son retour au cinéma le 12 février avec une troisième déclinaison cinématographique à sa série documentaire culte. Le film reprend la recette qui a fait la renommée du programme : cinq histoires, cinq plongées dans l’absurde et l’intime, cinq tranches de vie.
Des influenceuses à Dubaï, une famille zéro déchet, un médecin hypocondriaque… Une galerie de personnages qui, dans leur singularité, racontent la société contemporaine avec une franchise parfois dérangeante, souvent hilarante, toujours fascinante.
Un monument du documentaire sans filtre
Créée en 1985 par Jean Libon et Marco Lamensch, Strip-Tease s’est imposée comme une émission à part dans le paysage audiovisuel. Diffusée d’abord sur la RTBF en Belgique avant d’arriver sur France 3 en 1992, la série a bouleversé les codes du documentaire télévisuel en abolissant voix off et commentaires.

Ici, aucun journaliste ne vient guider le spectateur : seuls les protagonistes et leurs échanges construisent le récit. Strip-Tease se veut une observation brute, « un magazine qui vous déshabille » selon son slogan, dévoilant les travers, les ridicules et les aspirations d’une humanité tantôt touchante, tantôt accablante.
Des épisodes devenus cultes
L’émission a marqué les esprits par des épisodes devenus cultes, comme La soucoupe et le perroquet, où un agriculteur s’improvise inventeur de vaisseau spatial, ou encore Chaud business, qui suit un médecin cryogénisant son épouse décédée.
Pendant plus de 25 ans, ce format a captivé le public, avant d’être interrompu en 2012, puis brièvement relancé en 2019 sur RMC Story. L’esprit de Strip-Tease a néanmoins perduré, notamment avec Ni juge, ni soumise (2017), un portrait sans filtre d’Anne Gruwez, juge d’instruction à Bruxelles, récompensé du César du meilleur documentaire en 2019.
Cinq histoires, un même regard incisif
Avec ce nouveau long-métrage, l’équipe revient à ses fondamentaux. Le film propose cinq portraits où l’incongru côtoie le tragique. Comme l’explique Libération, l’un des segments, L’odeur de l’essence, « nous balance (…) 20 minutes aux confins de la torture avec une bande d’influenceurs belges à Dubaï », obsédés par leur image et la quête de notoriété sur TikTok. Dans une autre séquence baptisée Zéro déchet, une mère catholique pousse l’écologie à l’extrême, au grand dam de ses enfants, contraints d’utiliser du papier toilette lavable.

Les antécédents familiaux suit un médecin hypocondriaque dont les névroses affectent toute sa famille, tandis que Miroir, mon beau miroir met en scène Coline, une quinquagénaire qui tente de percer dans le stand-up en jouant dans un minuscule théâtre du Festival d’Avignon. Enfin, Bidoche clôt le film : une autopsie en plan fixe, à laquelle succède une séquence où le médecin légiste se produit en cabaret transformiste.
Un regard toujours aussi percutant
Si Strip-Tease, intégral s’inscrit dans la lignée de l’émission originale, il pousse encore plus loin la logique du programme. Comme le souligne Le Figaro, ce nouvel opus « explore les mœurs étranges de nos chers contemporains », naviguant entre grotesque et malaise. L’Humanité rappelle que ce retour à l’essence de l’émission, avec son enchaînement de portraits aussi cocasses que révélateurs, agit comme un antidote face aux représentations aseptisées du réel.

Pour Jean Libon, ce projet est aussi un constat : « Quand je vois dans quelle direction va le monde, je m’en veux d’avoir donné la vie », confie-t-il dans Le Nouvel Obs. Derrière l’humour et le cynisme, Strip-Tease, intégral capte quelque chose d’inquiétant : une humanité qui, tout en cherchant à se raconter, se perd dans une quête effrénée de reconnaissance et de mise en scène de soi.