
Présenté en compétition au festival de l’Alpe d’Huez Avec ou sans enfants ? raconte la parentalité moderne dans un film de bande plaisant. À l’occasion de sa présentation, L’Éclaireur a rencontré Joséphine Draï et Julien Pestel.
Est-ce qu’on est d’accord que vous interprétez le meilleur couple de la bande ?
Joséphine Draï : C’est vrai ? Ça fait trop plaisir !
Julien Pestel : Je pense qu’on a un couple qui fait vrai. Avec une grande lucidité, on est peut-être le couple “patapouf” du film. C’est le plus gourmand, le plus baiseur aussi ! [Rires]
J. D. : C’est vrai que quand il y a des enfants en bas âge, c’est compliqué d’avoir une vie sexuelle. D’ailleurs, de ce côté-là, dans le film, on ne représente pas non plus la grande majorité. Mais pour le reste, j’ai l’impression que nos personnages sont assez terriens.
J. P. : Et on se connaissait déjà avant avec Joséphine. On a souvent joué ensemble. Il y avait une rythmique peut-être déjà installée. Ça circulait bien.

Qu’est-ce qui a motivé votre envie de faire ce film ?
J. D. : Je crois que pour Julien, c’est avant tout ma présence, non ?
J. P. : En tout cas, c’est sûr que ce n’est pas l’argent ! [Rires] Plus sérieusement, le scénario était d’une grande fraîcheur, il avait quelque chose d’assez nouveau, parlait de thèmes modernes, pas encore abordés au cinéma. La parentalité est traitée avec intelligence et humour.
J. D. : Pour moi, c’était avant tout ce côté film de bande. En tant que spectatrice, ce sont mes films préférés. Dès que j’ai vu ça, je me suis tout de suite projetée dans le fait d’aimer le tourner. Je savais que j’allais aimer tourner ce film et aimer le voir, parce que c’est vraiment un genre que j’adore.

J. P. : Ce n’était pas forcément gagné dès le départ, car nous venons tous d’univers différents. Ça aurait pu ne pas prendre, mais très vite on s’est trouvés. Nous sommes devenus une vraie bande de copains.
J. D. : Ça marche toujours mieux quand c’est le cas. Pour ma part, ma référence est Plan cœur, une série Netflix dans laquelle je joue. Ça a fonctionné sur le même effet, ça a marché parce que la bande fonctionnait. Je pense qu’on a exactement la même qualité sur ce film.
Comment expliquez vous que cette bande fonctionne ? Quel est l’ingrédient magique ?
J. D. : Il y a plein de choses qui jouent et qui se mélangent. Il y a le casting, forcément, et il y a aussi une volonté. Il faut que tout le monde ait la même volonté. S’il y a un élément qui a moins la volonté d’aller vers le groupe, ça foire.
J. P. : C’est une histoire de tempérament. C’est-à-dire qu’Elsa Blayau, la réalisatrice, et le producteur ont eu l’intelligence de prendre des acteurs qui n’avaient pas le melon et qui avaient une certaine simplicité, une certaine nature d’esprit.

J. D. : C’est une force aussi, parce que quelqu’un qui a un ego trop fort, même sans s’en rendre compte, peut vite déséquilibrer la bande.
J. P. : Être ensemble, un petit peu confinés au fin fond de l’Italie, sans pouvoir revenir en France, ça crée des liens !
C’est un film de bande, mais comment arrive-t-on à trouver sa partition à deux, ainsi qu’en solo ?
J. D. : C’est avant tout le travail de notre réalisatrice, bien qu’entre nous, parfois, on se disait les choses. Parfois, je trouvais qu’on montait trop haut dans les curseurs, on perdait un peu pied par rapport à la comédie. Il y avait des scènes très hautes en comédie, en écriture. Puis, d’autres fois, on pouvait se laisser aller pour s’amuser, à cabotiner un peu, à monter très haut. Alors, si on n’y croyait pas, on s’aidait à se ramener un peu les pieds sur Terre.
Vous êtes-vous autorisés des improvisations sur le tournage ?
J. D. : Oui, notamment Julien qui est un maître de l’impro ! D’ailleurs, il y a plusieurs de ses improvisations ainsi que celles de Rayane Bensetti qui sont dans le film. Beaucoup de leurs propositions ont été gardées. Pour moi, ça reste des moments qui fonctionnent mieux que ceux qui ont été écrits, parfois !

Avec ou sans enfants ? aborde la parentalité, la non-parentalité, ainsi que le décalage dans une bande de potes. Est-ce important pour vous que la comédie reflète cette forme de réalité et de modernité ?
J. P. : Une comédie avec du fond, c’est toujours mieux. De toute manière, les meilleures comédies partent souvent d’histoires tristes. Si on a une base qui est dramatique, ça peut faire des comédies absolument formidables. Dans le film, ce sont des gens qui trahissent leurs amis en faisant venir leurs enfants au mariage. Il y a beaucoup de mensonges et ça tourne mal. Quand on a cette base dramatique et qu’on y met de la comédie, c’est ce qui fait les meilleurs films.
La comédie est-elle plus dure que le drame à maîtriser ?
J. D. : Pour différentes raisons, oui. Car c’est précis ! Moi qui suis aussi musicienne, je la rapproche beaucoup de la musique. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est sûrement lié à la façon dont j’appréhende mon travail. Dans le drame, il y a quelque chose de plus diffus et de spontané. La comédie se joue plus à flux tendu et demande une vigilance permanente. C’est vrai que c’est plus fatigant que le drame, bizarrement.
Que représente le festival de l’Alpe d’Huez pour vous ?
J. D. : On se le dit entre nous et beaucoup de gens le disent, c’est un peu comme le Festival de Cannes de la comédie. Pour nous, comédiens, ça a le même prestige. C’est un espace où on peut être mis en valeur, d’autant plus quand on a principalement des rôles issus de la comédie. C’est le cas de Julien et moi. Ici, le genre est célébré comme il se doit.
J. P. : C’est le Festival de Cannes de la comédie, sans les voitures de luxe, mais avec de la raclette !