Critique

Planète B : que vaut le film de science-fiction avec Adèle Exarchopoulos ?

26 décembre 2024
Par Lisa Muratore
Adèle Exarchopoulos dans “Planète B”.
Adèle Exarchopoulos dans “Planète B”. ©Les Films du bal/Wrong men

Attendu ce 25 décembre dans les salles obscures, Planète B filme un monde en déclin alors que plusieurs activistes se retrouvent enfermés dans une prison virtuelle. Dystopie signée Aude Léa Rapin, le long-métrage est porté par le charismatique duo constitué d’Adèle Exarchopoulos et Souheila Yacoub.

La fin de l’année 2023 avait été marquée par la sortie de Vermines, film de genre tourné en huis clos dans lequel les habitants d’un HLM devaient faire face à une invasion mortelle d’araignées. Cette année, la SF s’invite dans les salles obscures françaises avec Planète B. Réalisé par Aude Léa Rapin, le long-métrage se situe dans un futur dystopique dans lequel l’État entend éradiquer toute forme d’activisme. Une nuit, plusieurs militants, dont Julia Bombarth (Adèle Exarchopoulos), mènent une série d’actions stratégiques visant à détruire des infrastructures nationales. Mais, à l’issue de cette action groupée, plusieurs personnes vont être arrêtées et enfermées dans ce que les autorités ont baptisé la planète B.

Souheila Yacoub dans Planète B.©Carole Bethuel

Malgré son cadre idyllique, le lieu est en réalité un piège carcéral virtuel qui a pour objectif de rééduquer la jeunesse et dans lequel ses prisonniers vont être la cible de torture. Pour s’en sortir, Julia va pouvoir compter sur Nour (Souheila Yacoub), une ancienne journaliste irakienne, qui entend lever le voile sur les méfaits de l’État et sur l’existence de cette prison dissimulée.

La construction d’un univers

Avec Planète B, Aude Léa Rapin, à qui l’on doit Les héros ne meurent pas (2020) avec Adèle Haenel, entend créer un véritable univers de SF interrogeant l’état actuel de notre société et son avenir. Intelligence artificielle, droits humains et écoscepticisme sont autant de thèmes abordés en filigrane dans le long-métrage. À un niveau plus intime, la cinéaste interroge notre rapport aux mensonges et à la folie. Une thématique qu’elle développait déjà dans son précédent film et qui donne à Planète B une sensation de réel, malgré son empreinte SF.

À partir de
13€
En stock
Acheter sur Fnac.com

Cet aspect est également très présent dans la mise en scène et le choix des décors. D’un point de vue scénique, Aude Léa Rapin montre qu’en quatre ans elle a pris de la bouteille. En construisant un monde palpable et sombre – artisanal parfois –, l’artiste parvient à bâtir un univers déroutant qui oscille entre l’horreur du futur et le rappel à notre présent ; entre la lumière de la réalité virtuelle, et l’ombre de l’univers carcéral. Ainsi, tout est question de contraste dans Planète B, qui pourrait s’identifier à la fois à un film de genre, un film de SF, de prison, mais aussi un film politique.

Affiche de Planète B. ©Les films du bal

À cet effet, et pour utiliser les codes de tous les genres qu’elle convoque, Aude Léa Rapin utilise subtilement le huis clos ; un argument scénaristique qui permet de jouer avec l’imaginaire et les terreurs de chaque spectateur.

Un duo d’actrices

Pour donner vie à son monde, la cinéaste a fait appel à Adèle Exarchopoulos, récemment à l’affiche du carton L’amour ouf, et de Souleiha Yacoub, que l’on peut voir dans la fable féministe de Noémie Merlant Les femmes au balcon. Malgré la barrière de la langue entre leurs personnages – la première parlant le français, la seconde l’anglais – les deux actrices parviennent à faire de leurs scènes communes de vrais instants de cinéma. En se donnant la réplique, Adèle Exarchopoulos et Souheila Yacoub déploient une force d’émotion incandescente et une alchimie bluffante.

Bande-annonce de Planète B.

Les réunir sur grand écran apparaît ainsi comme une évidence, leur force, leur trempe et leur charisme servant un film qui peine parfois à trouver son rythme et qui tarde dans sa résolution. En effet, malgré un final attendu et un climax violent, Planète B reste par moments perfectible et multiplie les rebondissements convenus.

Ceci étant dit, le long-métrage d’Aude Léa Rapin est une proposition cinématographique originale. À travers le genre qu’elle convoque, les sujets sociaux qu’elle aborde, mais aussi le subtil équilibre entre réalisme et dystopie, la cinéaste offre, ce 25 décembre 2024, un film de SF solide porté par un duo d’actrices qu’il nous tarde de revoir à l’écran dans d’autres projets.

Planète B, d’Aude Léa Rapin, avec Adèle Exarchopoulos et Souheila Yacoub, 1h58, le 25 décembre 2024 au cinéma.

À lire aussi

Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste