Attendu ce mercredi 24 juillet dans les salles de cinéma françaises, Deadpool & Wolverine signe le retour de Wade Wilson aux côtés de Logan dans un blockbuster divertissant et drôle malgré un scénario faiblard.
Difficile d’organiser l’après Avengers : Endgame (2019) pour Marvel. Malgré des séries prometteuses (Loki, WandaVision…), les derniers longs-métrages de la Phase 5 n’ont pas su convaincre la critique et le public (Doctor Strange et le Multivers de la Folie, Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, The Marvels…), tandis que d’autres ont vu leur production piétiner, à l’instar de Blade. Face à cette lassitude générale, cette « super-heroes fatigue », Kevin Feige, le patron des studios Marvel, a ainsi dû revoir son plan d’attaque et repenser les sorties made-in MCU de 2024.
Dans cette optique, la boîte de production a préféré limiter ses sorties sur grand écran, en choisissant de ne présenter que Deadpool & Wolverine. Une façon d’amorcer en beauté la conclusion de la Phase 5 pour mieux préparer la sixième, grâce à l’un des personnages Marvel les plus populaires de ces dernières années ?
Sex, drug and rock ‘n’ roll ?
Avec Deadpool, les studios Marvel étaient certains de séduire les fans de l’antihéros à la combinaison rouge après le rachat de la Fox par Disney, tout en permettant à la firme aux grandes oreilles d’enfin donner dans le R-Rated à travers une violence graphique, généreuse, toujours portée par la verve d’un Ryan Reynolds survolté. Car il est certain que ce nouveau volet des aventures de Wade Wilson ne manque pas de brutalité.
Sexe, drogue, et effusions de sang sont une nouvelle fois au programme de ce troisième volet aussi dynamique que drôle. Le ton rock’n’roll est d’ailleurs donné dès la scène d’introduction dans laquelle le super-héros pulvérise les officiers de la TVA (Time Variance Authority), le tout sur le tube Bye Bye Bye des NSYNC, après avoir profané la tombe du Wolverine décédé dans le film Logan de 2017.
Au risque d’en décevoir plus d’un, Marvel n’a finalement que faire de l’héritage de James Mangold. Il faut dire qu’on en attendait pas moins de Deadpool, d’autant plus que cela permet de ramener à la vie une autre itération du X-Men, et d’offrir à son interprète mythique, Hugh Jackman, une nouvelle gloire.
L’acteur australien rempile ici dans le costume du super-héros aux côtés de son BFF de toujours, Ryan Reynolds, pour que leurs personnages puissent respectivement sauver leurs mondes menacés d’extinction, réparer les erreurs du passé, tout en échappant à une nouvelle super-vilaine incarnée par la star de The Crown (Emma Corrin), tout droit venue du Vortex, et Paradox, un fonctionnaire de la TVA, interprété par Matthew Macfadyen qui renoue dans un certain registre avec son personnage de Succession.
Best Friend For Ever
Les voici ainsi lancés dans la grande aventure Marvel. Enfin, pas si grande que cela, car si on espérait voir l’un des plus grands films de la Phase 5, capable de jouer, comme il se doit, sur les principes du Multivers, et d’introduire les mutants dans le MCU, force est de constater que le long-métrage réalisé par Shawn Levy s’apparente plus à un Ryan Reynolds & Hugh Jackman’s show.
La réintroduction de ce dernier dans l’univers Marvel permet de donner un nouveau souffle à la trilogie Deadpool, le public ne boudant jamais son plaisir de voir les deux antihéros se bastonner jusqu’à l’hémorragie tout en s’envoyant des sauts d’insultes en pleine figure. Grâce à ce choix, les studios convoquent ainsi l’héritage des comics qui avaient déjà réuni Wolverine et Deadpool, s’autorisant des clins d’œil bien sentis, voire même émouvants, aux pages qui les ont vus naître.
Le film peut également compter sur l’alchimie de ses interprètes, amis devant comme derrière la caméra. Ensemble, ils brisent sans arrêt le quatrième mur, offrant ici l’un des atouts majeurs du blockbuster, que ce soit en termes de rythme, ou d’humour.
Ainsi, les deux acteurs s’autorisent à mélanger des références appartenant à leurs personnages avec des éléments de leur vie privée : Deadpool évoque ainsi Gossip Girl, clin d’œil à peine déguisé à son union avec Blake Lively, tandis que le divorce d’Hugh Jackman fait l’objet de certaines private joke.
Or, la fiction rejoint vraiment la réalité lorsque le rachat de la Fox est évoqué. L’ancien studio auquel appartenaient auparavant les licences mutantes en prend pour son grade après le ratage des spin-offs Wolverine, le premier massacre « deadpoolien » de 2009 dans X-Men Origins : Wolverine, ou encore le coup de grâce de X-Men Apocalypse (2016) et de Dark Phoenix (2019).
Serait-ce là, la recette d’un bon Multivers ? Peut-être ! Car même l’effet pochette surprise du film reposant sur une variété de caméos tous plus surprenants et étranges les uns que les autres ne suffit pas à rattraper la faiblesse du scénario. Le blockbuster Marvel choisit, en effet, rapidement de mettre de côté sa quête ainsi que l’exploration du Multivers dans ce qu’il a de plus libre pour se concentrer sur ses personnages principaux, leurs traumatismes et leur amitié naissante.
Le rôle de la TVA, les réalités alternatives, l’affirmation des mutants dans le MCU… Tout cela se retrouve balayé par une galerie de personnages venus du passé, un certain fan-service nostalgique, parfois indigeste, ainsi que la drôlerie et le charisme de son duo d’acteurs.
Ces derniers iront même jusqu’à rebattre les cartes en avouant face caméra que le Multivers n’était pas une si bonne idée. Un aveu de faiblesse de la part de Marvel ? Possible. En tout cas, ceci justifierait la forme hybride de ce film qui ne sait jamais vraiment choisir entre un chapitre supplémentaire offert à la saga Deadpool, et la poursuite d’un véritable univers étendu Marvel dans lequel Wade Wilson et son acolyte aux griffes d’acier auraient une place fondamentale.
Plusieurs questions, faute d’un scénario trop stagnant, restent donc en suspens après Deadpool & Wolverine. Ceux qui espéraient, au-delà du divertissement estival, un film MCU déterminant pour la suite, capable de vraiment sortir les griffes en termes de narration, devront encore attendre.
Deadpool & Wolverine de Shawn Levy avec Ryan Reynolds, Hugh Jackman, Emma Corrin et Matthew Macfadyen, 2h07, au cinéma le 24 juillet 2024.