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La qualité de l’internet mobile est en nette progression en France

30 novembre 2021
Par Thomas Estimbre
La qualité de l’internet mobile est en nette progression en France
©Creative commons/Jonas Leupe

Le dernier observatoire de l’Arcep a rendu son verdict et révèle une « nette progression de la qualité de service pour l’internet mobile ». L’opérateur Orange se démarque en proposant la meilleure qualité de service sur l’internet mobile, la voix et les SMS. Free Mobile se distingue par ses mauvais débits en matière de 5G.

L’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) a récemment présenté les résultats de la 22e édition de son « enquête annuelle d’évaluation de la qualité de service des opérateurs mobiles métropolitains ». Cette publication est l’occasion de faire le point sur la situation en France et, pour la première fois, de s’intéresser à la 5G en plus des 2G, 3G et 4G. Ce comparatif indépendant des performances des quatre opérateurs s’intéresse aux « services mobiles les plus répandus » que sont la navigation web, la lecture de vidéo, le transfert de données, les SMS et les appels vocaux.

Au total, plus de 1 million de mesures ont été réalisées dans les départements, entre mai et septembre 2021, sur les lieux de vie (à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments, dans les transports). L’autorité de régulation des télécoms rappelle que les tests sont réalisés « de manière strictement comparable et dans des conditions d’usages diversifiées », afin d’évaluer la performance des réseaux des opérateurs.

Après une année 2020 marquée par la crise sanitaire, l’Arcep tire un bilan positif et évoque une nette progression de la qualité de service en 2021. « La qualité des services de l’internet mobile (« mesures data ») s’améliore nettement pour tous les opérateurs, et ce dans toutes les zones : rurales, intermédiaires et denses », précise le gendarme des télécoms. La progression est notable en matière de navigation web ou de visionnage de vidéo (streaming) chez tous les opérateurs.

Dans les zones denses et intermédiaires, Orange est capable d’afficher les pages web en moins de 5 secondes dans 98 % des cas, suivi de Bouygues Télécom (96 %), SFR (95 %) et Free Mobile (93%). En zones rurales, l’opérateur historique (90 %) est suivi de Free Mobile (83%), Bouygues Télécom et SFR (81%). « Cet indicateur, en moyenne sur tous les opérateurs, gagne plus de 8 points en zone rurale par rapport à 2020 », souligne le rapport. Concernant le streaming vidéo, c’est Bouygues Télécom qui tire son épingle du jeu dans les zones denses (94 % des vidéos visionnées en qualité parfaite), suivi par Orange (91%), Free Mobile et SFR (90%).

En zones intermédiaires et rurales, Orange est en tête, avec une avance de 4 points sur ses concurrents. « Tous opérateurs confondus, il s’agit d’une progression de 9 points par rapport à l’année dernière », nous dit l’Arcep et mentionne également les bons résultats de Free. L’opérateur de Xavier Niel figure encore à la seconde place concernant le streaming en zones rurales.

Du côté des débits descendants en 2G/3G/4G, ils atteignent en moyenne 71 Mbit/s, contre 49 Mbit/s l’année dernière. Il est toutefois important de noter que la baisse de régime constatée en 2020 était en partie liée au contexte sanitaire à la très forte sollicitation des connexions (confinements, télétravail…).

Progression des débits moyens en téléchargement par zone, tous opérateurs confondus (en Mbit/s)©Arcep

Toutes zones confondues, l’Arcep explique que le débit moyen mesuré pour Orange est de 110 Mbit/s, 69 Mbit/s pour SFR, suivi par Bouygues Télécom (55 Mbit/s) et Free Mobile (50 Mbit/s). En zones rurales, Free Mobile se distingue une nouvelle fois en proposant le deuxième meilleur débit moyen, juste derrière Orange.

Concernant la voix et les SMS, la situation est comparable à celle de l’année dernière et c’est encore Orange qui arrive en tête du classement. Au vu de ces résultats, on constate une belle progression chez tous les opérateurs avec une mention pour Free qui se montre performant concernant Internet en zones rurales. Toutefois, l’arrivée de la 5G dans l’Hexagone bouscule fortement le trublion de la téléphonie mobile.

La 5G ne tient pas encore ses promesses et c’est normal

Grande nouveauté de l’année, les mesures de la qualité de service 5G permettent de faire un premier bilan un an après le lancement du réseau sur le territoire. Comme on pouvait s’y attendre, les écarts ne sont pas spectaculaires et la 5G ne change pas vraiment le quotidien des utilisateurs. Avant de profiter pleinement de cette nouvelle génération de télécommunication, il est surtout question de désengorger les réseaux 4G afin d’éviter la saturation et donc une chute des débits.

Pour l’heure, Orange est en avance et propose les meilleurs débits descendants, avec une moyenne de 142 Mbit/s sur l’ensemble de la France. Sans surprise, les utilisateurs 5G d’Orange en zone dense sont les mieux lotis et disposent en moyenne de 227 Mbit/s, contre 148 Mbit/s en 4G. Cela s’explique par le fait que la plupart des sites 5G de l’opérateur sont déployés dans ces zones. Orange est suivi de SFR avec 84 Mbit/s en moyenne sur toute la France et 145 Mbit/s sur les seules zones denses, puis Bouygues Télécom (71 Mbit/s en moyenne, 130 Mbit/s en zone dense). Dernier, Free se démarque en étant le seul à ne pas s’offrir une hausse des débits moyens.

La 5G entraîne une hausse des débits moyens, sauf chez Free Mobile.©Arcep

Le gendarme avance le chiffre de 31 Mbit/s en moyenne « avec peu de différences entre les zones denses et les zones intermédiaires ou rurales ». À la lecture de ce graphique (ci-dessous), on note même que Free Mobile a enregistré des résultats en baisse par rapport à la 4G (31 Mbit/s en moyenne contre 50 Mbit/s en 4G). Avant de revenir sur le cas Free, on retiendra également que « les performances en débit montant sont quant à elles équivalentes entre 4G et 5G ». Les réseaux 5G sont même parfois moins performants.

Les performances en débit montant sont quant à elles équivalentes entre 4G et 5G, note l’Arcep.©Arcep

Enfin, Bouygues Télécom propose le meilleur « taux d’accroche » de la 5G en zone dense (60 %) et devance Free (49%), Orange (46%) et SFR (36%). En zones intermédiaires et rurales, l’Arcep indique que le taux d’accroche 5G pour Free Mobile est nettement supérieur aux autres opérateurs (50 % en zones intermédiaires, 27 % en zones rurales). Ce résultat peut s’expliquer par la stratégie de Free qui est premier sur le déploiement de la 5G en France, misant fortement sur les 700 MHz. À l’inverse, Orange préfère se concentrer sur la bande cœur des 3,5 GHz.

Free conteste la méthodologie employée

Mauvaise élève en matière de 5G selon l’Arcep, Free Mobile n’a pas vraiment apprécié les résultats du gendarme des télécoms. Via son compte Free 1337, l’opérateur a souhaité se défendre en expliquant que « ces disparités résultent du protocole de mesure » et qu’« en usage réels, les abonnés Free Mobile disposent de débits élevés en 4G, et encore plus en 5G ».

Dans le détail, Free Mobile fustige la décision de l’Arcep de baser son analyse sur un protocole utilisant « une seule connexion (monothread) TCP Cubic ». Celui-ci mesure « le temps de download [téléchargement] d’un fichier et en déduit le débit », poursuit l’opérateur. Or, ce protocole datant de 2008 ne s’imposerait pas comme le meilleur choix pour Free Mobile qui explique que son réseau « a été optimisé pour un usage à plusieurs connexions (multithread), cas d’usage des abonnés mobiles ».

Pour étayer son raisonnement, Free ajoute que des « services comme Wetransfer, iCloud, Netflix ou Youtube et quasiment tous les sites web dont celui de http://arcep.fr utilisent entre 2 et 200 connexions TCP associées à 1 à 10 connexions UDP QUIC pour le contenu vidéo ». Enfin, l’opérateur présente des mesures de débits réalisés « par une société indépendante, prestataire aussi de l’Arcep ».

Free conclut en indiquant que « le protocole de mesure de l’ARCEP ne reflète pas les usages réels des abonnés mobile et les débits des abonnés Free Mobile ». Et d’ajouter : « Les prochaines campagnes de test devront évoluer pour être plus proches des réalités terrain ».

L’Arcep répond à Free et se défend

Face à la polémique, l’Arcep s’est fendue d’une déclaration pour justifier son approche. Voici la déclaration du gendarme des télécoms dans son intégralité : « L’Arcep a fait le choix, depuis plusieurs années, de réaliser des tests de débits en « mono-connexions », c’est-à-dire consistant à ouvrir et à utiliser un seul flux de connexion entre le mobile et le serveur où est hébergé le fichier à télécharger. Il s’agit aujourd’hui de l’usage majoritaire sur internet. Même lorsque plusieurs applications sont ouvertes sur un mobile, en pratique, la plupart du temps, un seul des flux est utilisé à un instant donné. Ce protocole semble donc à ce stade plus proche de l’usage client et permet de révéler les efforts d’optimisation des réseaux des opérateurs en ce sens.

Il est également possible de réaliser des tests en « multi-connexions », qui mettent plus en avant la « capacité maximale » du réseau en termes de débits. C’est ce qui est fait sur de nombreuses applications de crowdsourcing, et cela peut expliquer les différences entre les débits mesurés par l’Arcep et ceux issus de telles applications ».

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Article rédigé par
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste