L’été est synonyme de festivals en tout genre. Parmi les plus importants se déroulant en France se trouve celui des Rencontres de la photographie d’Arles, qui se tiendra cette année jusqu’au 29 septembre. À cette occasion, L’Éclaireur a sélectionné quelques-unes de ses expositions favorites.
1 Rencontres, de Mary Ellen Mark
L’Espace Van Gogh présente en ce moment même la première rétrospective mondiale de l’œuvre de Mary Ellen Mark. Au fil des salles se découvrent cinq de ses projets les plus importants, montrant notamment les femmes placées à l’Oregon State Hospital, les enfants des rues de Seattle, les travailleurs du sexe de Mumbai, les nécessiteux et les mourants des organisations caritatives de Mère Teresa, ou encore les familles de cirques itinérants en Inde. Avec pudeur, chaque portrait porte une histoire et témoigne de l’approche humaniste de l’autrice qui prenait toujours le temps d’apprendre à connaître ses modèles avant de les immortaliser. Des planches-contacts, des notes personnelles, de même que sa correspondance achèvent de nous plonger dans ce hors-champ bouleversant.
2 Le Fermier du futur, de Bruce Eesly
Avec Le Fermier du futur, Bruce Eesly propose à ses visiteurs une expérience singulière. À première vue, cet espace de la Croisière a tout l’air d’accueillir une exposition classique, présentant des documents datant des années 1960. À l’image, des agriculteurs prennent la pose à côté de fruits et légumes à la géométrie parfaite, de plus en plus gros, et soulignent le succès de la révolution verte, une politique de transformation articulée autour de l’intensification des rendements. Seulement, à mesure que les archives défilent, le doute grandit : ces clichés sont-ils réels ? Racontent-ils la vérité ? Avec humour et habileté, le photographe et jardinier utilise l’intelligence artificielle pour susciter des interrogations, tant sur la portée de cette métamorphose agricole que sur la véracité de telles brochures.
3 Wagon-bar
Plus loin, toujours à la Croisière, une autre exposition s’intéresse à une forme d’archive culinaire. Il s’agit de Wagon-bar qui, comme son nom le suggère, retrace l’histoire de la restauration ferroviaire. Pionnière dans ce domaine, la Compagnie internationale des wagons-lits a déployé, au fil des décennies, une imagerie qui habite encore les imaginaires de beaucoup d’entre nous. Issu des fonds de l’ancienne CIWL et du Service Archives Documentation du groupe SNCF (SARDO), le corpus témoigne ainsi de l’évolution et des nombreuses innovations de la « restauration embarquée ». Outre les photographies, des éléments ayant accompagné les voyageurs au cours de leurs repas sont également présentés.
4 Lee Friedlander framed by Joel Coen
LUMA Arles donne à voir une collaboration entre Lee Friedlander et Joel Coen. Pour cette exposition, le célèbre cinéaste a sélectionné 70 tirages et un film qui retracent les 60 ans de carrière du photographe américain. L’ensemble cristallise une maîtrise de la composition que l’on retrouve par ailleurs dans la pratique des deux artistes. Les cadres fragmentés, les agencements trompeurs, les jeux de miroir et les plans disloqués sont, de fait, autant d’éléments caractéristiques que d’intérêts communs. Chaque détail des monochromes présentés participe ainsi à créer une narration inattendue qui éveille les imaginaires quand elle n’invite pas à la projection. Au gré de notre déambulation se dévoile finalement une véritable mise en abyme cinématographique qui plaira aussi bien aux amateurs de 7e art qu’à ceux de photographie.
5 Finir en beauté, de Sophie Calle
Enfin, Sophie Calle se distingue également par une proposition aussi étonnante que cohérente. Nommée à juste titre Finir en beauté, sa dernière exposition en date se situe dans les profondeurs des cryptoportiques d’Arles. En ces lieux humides, propices à la prolifération des champignons, les œuvres montrées sont vouées à disparaître.
En effet, quelque temps auparavant, la série en question, Les Aveugles, a été endommagée à la suite d’un orage. Contaminée par des spores de moisissure, celle-ci n’avait d’autre destinée que la destruction. C’est pour rendre hommage à ce projet si cher à son cœur que l’artiste a donc décidé de lui offrir une telle fin dans cet espace chargé d’histoire. Les images et les témoignages, qui seront amenés à évoluer tout au long de la démonstration, laissent ainsi une empreinte d’autant plus forte.