Diffusé en 2022 sur la plateforme au grand N, ce concours musical a surpris les mastodontes du genre. Deux ans plus tard, Nouvelle École fait son grand retour pour une saison 3 tout aussi explosive.
Effets 3D déments et casting trois étoiles avec SCH, SDM et surtout la reine Aya Nakamura : le teaser de la saison 3 de Nouvelle École est un petit clip en lui-même et promet de nouveaux épisodes survoltés. Loin de l’esthétique familiale et quelque peu désuète des programmes diffusés sur les grandes chaînes, cette émission a révolutionné, en seulement deux saisons, le genre du télécrochet.
Adaptée de l’émission Rythm and Flow, diffusée en 2019 aux États-Unis, le programme reprend les codes habituels de ce genre : jury composé de personnalités à la carrière bien installée, flopée de candidats en compétition éliminés un à un, somme d’argent à la clé pour le vainqueur… Le concept a été éprouvé depuis bien des années.
Un concept bien connu des Français
De fait, le principe de la compétition vocale remonte aux années 1930, avec, d’abord, des concours radiophoniques. Plébiscité par des candidats heureux de faire un passage éphémère à la radio, il a donné sa chance à de futurs cadors de la chanson française, comme Mireille Mathieu ou Georges Moustaki. Les années 1960 ont vu la fin de l’âge d’or de la radio et l’avènement de la télévision, avec, notamment, le concours de l’Eurovision créé en 1956.
Ce n’est que dans les années 2000 que ces télécrochets ont connu un nouvel essor, avec l’arrivée en France d’une multiplication de compétitions, de Star Academy à Nouvelle Star, en passant par XFactor, Popstar ou encore The Voice. C’est aussi à cette époque que le concept de téléréalité a vu le jour et que la mise en scène des candidats dans la préparation des épreuves a commencé à rythmer les productions.
Donner au rap la place qu’il mérite
Pourtant, parmi ces compétitions, rien ne distingue musicalement les candidats, dont le répertoire se situe toujours dans la pop ou la variété et met de côté les musiques hip-hop et rap. Ces genres dits « urbains », développés en France à la fin des années 1980, souffraient encore de certaines étiquettes. Ils étaient associés aux jeunes de banlieues, perçus comme incitant à la violence ou accusés de déformer la langue française.
Pourtant, les statistiques sont impressionnantes. En 2023, 65 % des écoutes comptabilisées sur les plateformes de streaming françaises étaient des musiques classées rap, selon une étude de la Snep (institut qui délivre les certifications comme les disques d’or).
Ce manque de considération a récemment été dénoncé avec la création des Flammes l’année dernière, cérémonie qui récompense les musiques urbaines. Consécration ultime de l’immense puissance du rap et RnB français, les Victoires de la musique ont pour la première fois récompensé Aya Nakamura et Gazo en tant qu’artistes de l’année, en 2024.
Le succès de Nouvelle École s’inscrit donc dans cette lente, mais incontournable reconnaissance de l’importance des artistes urbains dans le champ musical français et attire de ce fait un tout nouveau public. Néanmoins, comme le précisait Dolores Emile (directrice des programmes de non-fiction chez Netflix) au micro d’Europe 1 le 21 juin dernier, faire des émissions en streaming n’est pas la même chose que produire des concepts pour la télévision linéaire.
Renouveler les publics
Libérés des contraintes du direct et du rythme imposé d’une diffusion hebdomadaire, le format de la série dirigée par SCH, Aya Nakamura et SDM séduit un public très différent de celui des chaînes télévisées. Pas de quoi non plus acter la fin de ces télécrochets, rassure Dolorès Emile : « Nos émissions sont très complémentaires, elles répondent à des besoins très différents. »
Des formats comme The Voice ou Star Academy, de retour depuis deux saisons, séduisent un public dit familial, dont beaucoup d’enfants, mettant en avant des jurés très populaires et cherchant à amasser la plus large audience possible.
Le concept de Nouvelle École assume de son côté une émission pointue, conçue pour séduire les aficionados du rap, en peaufinant une esthétique léchée de clips, des tenues vestimentaires aux décors, en passant par les manières de filmer. Malgré cette volonté de renouveler le genre, les candidats des deux premières saisons restent tout de même associés pour certains à l’étiquette « vu dans une émission », à l’instar de nombreux homologues passés sur les concours télévisés.
Alors que les quatre premiers épisodes de la production Netflix sont diffusés aujourd’hui sur la plateforme, cette nouvelle saison est attendue au tournant pour savoir si le pari de renouveler de fond en comble le télécrochet avec le rap est encore une fois relevé.