Décryptage

The Boys avant The Boys : ces œuvres qui ont démystifié la figure du super-héros

12 juin 2024
Par Samuel Leveque
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The Boys avant The Boys : ces œuvres qui ont démystifié la figure du super-héros
©DC Comics

Longtemps avant la série The Boys, dont la saison 4 sera diffusée à partir du 13 juin sur Prime Video, de nombreux auteurs de comics, romanciers et même de cinéastes se sont attaqués à la déconstruction de la figure du super-héros.

Entre 2006 et 2012, la série de comics The Boys, publiée par le Britannique Garth Ennis chez Dynamite Entertainment, a proposé une déconstruction très brutale de la figure du justicier en costume. Adaptée depuis quelques années à l’écran sur Prime Video, elle n’a jamais hésité à aborder avec cruauté et cynisme les questions de publicité, d’image, de politique ou encore de racisme qui ont émaillé l’histoire de l’industrie du divertissement. Dans The Boys, les super-héros sont arrogants, veules, brutaux, obsédés par leur image et manipulés par une mégacorporation particulièrement abjecte.

Bien avant la publication de la série d’Ennis, cependant, et bien avant des films comme Kick-Ass, Defendor et Super, d’autres auteurs s’étaient attaqués au genre de manière plus ou moins frontale.

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Dans les années 1980, une génération d’auteurs cherche à déconstruire les mythes

Dès le début de l’industrie des comics, des figures subversives ont émergé, sans pour autant remettre en cause la nature même du mythe. Des œuvres à l’image de Wonder Woman et de sa vision avant-gardiste du couple et de la sexualité, ou encore des nouvelles de Fletcher Hanks, dont l’auteur maîtrisait si peu les codes du genre qu’il les dynamitait sans le savoir.

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Mais c’est véritablement dans les années 1980 qu’émergent des auteurs souhaitant explicitement renverser la table et détruire le mythe américain du super-héros sans peur et sans reproche. L’industrie du comics est alors en grande perte de vitesse et cherche de toute urgence à renouveler son lectorat. DC, Marvel et leurs concurrents misent ainsi sur des récits plus adultes, plus subversifs et plus politiques. C’est à cette époque qu’émergera le Watchmen d’Alan Moore, publié entre 1986 et 1987. Un récit extrêmement sombre et désespéré, aux héros vieillissants sur fond d’apocalypse nucléaire imminente.

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Une charge politique féroce qui sera réitérée en 2019 dans une suite télévisée s’attaquant frontalement aux brutalités policières et à l’héritage de la ségrégation aux États-Unis. Une fois de plus, les héros en costume y voient leur image plus qu’écornée.

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Si peu d’œuvres du genre ont eu le même impact que Watchmen, le récit amer de Moore a ouvert une brèche à d’autres histoires, qui s’attaquent alors à la popularité de figures parfois très connues du monde des comics. Souvent en versant dans une outrance extrême où la subversion se pose surtout dans un empilement de violence démesurée, comme dans le Marshal Law de Pat Mills et Kevin O’Neill en 1987 ou dans le Brat Pack de Rick Veicht en 1990… Ou encore dans le cinéma d’exploitation, qui multiplie alors les Toxic Avenger et autres Darkman.

D’autres, cependant, continuent de creuser le sillon éminemment politique de Moore. C’est le cas de Frank Miller et son Dark Knight Returns en 1987. Un récit dans lequel Superman et Batman s’affrontent dans un monde au bord de l’anéantissement après la dégradation de l’affrontement entre l’URSS et les États-Unis, et dans lequel les héros ne sont plus que des jouets aux mains de puissances politiques cyniques.

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Les super-héros, des gens comme les autres ?

Dans les décennies suivantes, la critique politique des justiciers de papier s’estompe quelque peu, malgré quelques tentatives remarquées comme le Planetary de Warren Ellis, où les super-héros sont de redoutables antagonistes.

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Des auteurs vont alors davantage s’attacher à montrer des héros plus imparfaits, faillibles (voire faibles) et en proie à des problématiques absolument triviales. Fini Superman et sa forteresse de solitude, place aux Indestructibles en proie à des problèmes familiaux, à l’Astro City de Ross et Busiek où l’on suit le quotidien de simples civils dans un monde peuplé de super-héros, à l’Empowered d’Adam Warren qui cherche à avoir la vie la plus normale possible… Ou encore aux héros qui ne savent même pas qu’ils en sont, à l’image de Bruce Willis dans l’Incassable de M. Night Shyamalan en 2000.

Empowered (2004).©Dark Horse

C’est aussi à cette époque qu’émergent de nombreuses figures d’anti-héros, marginaux et n’hésitant pas à s’inscrire dans des valeurs très éloignées de celles des X-Men ou de Peter Parker. C’est le cas du Goon d’Eric Powell (créé en 1999), une brute dont le sidekick est obsédé à l’idée de poignarder des gens ou encore de Hellboy de Mike Mignola, figure monstrueuse et démoniaque évoluant dans un monde extrêmement sombre.

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Des figures en quête de popularité

La satire politique du genre super-héroïque revient néanmoins rapidement par un biais inattendu : la montée en puissance de la société du spectacle et des émissions de téléréalité qui envahissent les écrans à la fin des années 1990. Si les justiciers masqués existaient, qu’est-ce qui les empêcherait de devenir d’épouvantables vedettes de télévision obsédées par leur cote d’écoute ? Avant The Boys et sa Vought Corporation régnant sur les médias, d’autres œuvres avaient déjà déblayé ce terrain précis.

X-Statix (2001).©Marvel

On trouve des exemples de récits de ce type dès certains numéros du Youngblood de Rob Liefield en 1987, et davantage encore dans X-Statix de Milligan et Allred en 2001. Un récit dans lequel il est acté que si les super-héros existaient, ils seraient considérés comme des starlettes de téléréalité et seraient probablement des personnes absolument détestables.

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Le foisonnement de ces œuvres ainsi qu’une nouvelle vague de comics très politiques à partir du milieu des années 2000, alors que les États-Unis sont empêtrés dans la guerre en Irak, expliquent sans doute le bouillonnement que l’on constate dès lors. En quelques années, la figure du justicier antipathique, médiocre, pusillanime et mesquin s’impose avec des œuvres comme Invincible, Irrecupérable, Push ou encore Chronicle. Un genre à part entière est né, qui permettra aux Boys de Garth Ennis de connaître le succès fulgurant que l’on sait.

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