La nouvelle série de Disney+ s’attaque à une toute nouvelle ère de la franchise créée par George Lucas. Une époque aux aventures totalement inédites qui pourrait bien redynamiser la saga.
Avec Le Réveil de la Force, en 2015, les Jedi ont fait un retour fracassant dans nos imaginaires. Cinq films en quatre ans : les fans ont largement eu leur dose de Star Wars, parfois même jusqu’à l’écœurement, à en croire les critiques mitigées sur ces différentes productions. Il faut dire que la sempiternelle histoire des gentils rebelles menés par Luke, Han et Leia contre le méchant Empereur qui ne meurt jamais vraiment devenait un peu lassante, à la fin.
Les scénaristes et réalisateurs œuvrant pour Disney en ont sans doute pris note, puisqu’ils se sont attelés à inventer de nouvelles histoires dans les spin-offs et les séries dérivées. Ils continuent de faire un peu de « fan service », mais ils explorent néanmoins de nouvelles voies, de nouvelles histoires, comme avec Andor ou The Mandalorian. Mais la véritable révolution de la licence pourrait bien commencer avec The Acolyte, qui sort ce 5 juin sur Disney+ et qui s’apprête à plonger les spectateurs dans l’ère de la Haute République.
A long, long, long time ago…
Oubliez l’Empire, oubliez les rebelles, oubliez même la famille Skywalker. La Haute République nous ramène plusieurs siècles avant les événements des trois trilogies, à une époque où… tout allait bien dans la galaxie très lointaine. La République comme l’Ordre Jedi vivaient alors un véritable âge d’or et la paix régnait sur une fédération de planètes en pleine expansion.
Mais si tout se passe bien, qu’y a-t-il d’intéressant à raconter ? Énormément de choses ! Kathleen Kennedy, la présidente de LucasFilm, y a veillé en réunissant un comité de cinq auteurs au Skywalker Ranch pour concocter un des projets Star Wars les plus ambitieux de ces dernières années : le renouveau de la franchise.
Cette stratégie découpée en plusieurs phases a déjà donné de nombreux fruits depuis 2021 sous la forme de romans et de comic books destinés à différents publics (adulte, young adult et jeunesse), mais interconnectés autour d’événements chamboulant la sérénité de la Haute République et constituant autant de portes d’entrée dans cette nouvelle période. Désormais, Disney passe à une nouvelle étape en s’attaquant aux écrans, avec The Acolyte, mais également avec le futur jeu Eclipse, annoncé dès 2021 par Quantic Dream dans une magnifique bande-annonce.
Et si ces productions sont aussi réussies que leurs pendants littéraires, alors les fans ont de quoi se réjouir. Car, pour l’instant, la Haute République ravit les amateurs, à commencer par Aurélien Vivès, community manager de Panini Comics – l’éditeur des BD Star Wars en France – et grand fan de la saga. « Pour moi, c’est une vraie réussite dans le sens où on s’éloigne d’une période explorée à foison grâce à une histoire qui n’a jamais été racontée avant, donc cela donne un frisson d’excitation et un sentiment qui est de l’ordre de l’aventure et de la découverte, qui font partie de l’ADN de Star Wars. De plus, le fait d’avoir commencé par la littérature, sans avoir les mêmes contraintes de budget qu’un film, a permis d’étoffer l’univers et d’ajouter plein d’idées. »
Des apports d’autant plus passionnants que l’équipe d’auteurs à la tête du projet connaît son sujet sur le bout des doigts, à l’image de Charles Soule. Ce scénariste bien connu des lecteurs de comics a écrit La Lumière des Jedi (le roman qui a lancé cette nouvelle aventure), et il en écrira également la conclusion. « Sa présence a envoyé un message rassurant aux fans, car c’est quelqu’un qui maîtrise très bien l’univers Star Wars, qui l’aime et dont on sait qu’il a pu raconter avec autant d’aisance les aventures de Lando, de Kylo Ren ou de Dark Vador. Et le fait qu’il travaille au sein d’une équipe réduite d’auteurs permet d’avoir un résultat très cohérent, ce qui compte beaucoup pour les fans de la saga. » Mais cette cohérence et toutes ces bonnes idées qui font la richesse des livres et des comics se retrouvent-elles aussi dans The Acolyte ?
La République, c’était mieux avant
Le visionnage de la première moitié de la série semble en tout cas confirmer que le travail d’équipe mené par les auteurs et les scénaristes de Lucasfilm porte ses fruits. The Acolyte nous renvoie plus d’un siècle avant les aventures de la dynastie Skywalker, une époque où l’on croisait des Jedi à tous les coins de rue, où de nombreuses planètes étaient encore inexplorées et où tout paraissait plus beau et coloré, à l’image d’une Coruscant plus lumineuse que jamais.
Loin de l’atmosphère oppressante et militaire de l’Empire, à cette époque, la galaxie respirait un peu et c’est très plaisant à voir. Cela n’empêche pas quelques ombres de poindre à l’horizon, notamment au sein de l’Ordre, bien moins infaillible qu’il n’y paraît, et dont les méthodes lui attirent de nombreux ennemis. Il faut dire que les paladins de l’espace jouant les super policiers ont certes fière allure, mais leur suffisance agace quelque peu.
Les lecteurs de La Haute République retrouveront donc là l’ambiance qui fait le charme de cette période et les simples curieux pourront s’immerger dans cette nouvelle production Star Wars en se laissant émerveiller, sans avoir à se soucier des intrigues menées dans les neuf films majeurs et leurs spin-offs. Ici, tout est nouveau, à commencer par les personnages, et The Acolyte invite à la découverte.
C’est d’ailleurs l’atout majeur du show, dont l’intrigue met un peu de temps à véritablement emporter le spectateur, auquel elle n’épargne pas quelques facilités narratives. La quête du maître Sol (Lee Jung-jae, tête d’affiche de Squid Game), lancé à la poursuite d’une tueuse de Jedi (incarnée par Amandla Stenberg, vue dans Hunger Games) est surtout l’occasion d’arpenter de nouvelles planètes et d’en apprendre plus sur l’organisation de l’Ordre, mais aussi des autres sociétés maniant la Force.
Tout cela vient enrichir la mythologie Star Wars, tout en permettant à The Acolyte de se démarquer des autres séries liées à l’univers en développant une identité propre, s’inscrivant dans la lignée des œuvres de space opera – très orientées fantasy, qui invitent à l’évasion dans un monde enchanteur soudain perturbé par un sorcier maléfique.
On n’y retrouve pas l’intensité dramatique d’Andor, mais l’on s’émerveille à voir tous ces chevaliers Jedi en uniforme dégainer leurs sabres lasers de concert et rencontrer de nouvelles races aliens. Et au final, ça change un peu la dynamique de l’œuvre culte imaginée par George Lucas, toujours tiraillée entre tyrannie et rébellion. The Acolyte ravira donc tous les amateurs de science-fiction qui préfèrent avoir la tête dans les étoiles que plongée dans les drames de futurs déprimants et incertains.