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Le DMA entre en vigueur : ce que ça change pour vous (surtout si vous avez un iPhone)

07 mars 2024
Par Pierre Crochart
Le DMA entre en vigueur : ce que ça change pour vous (surtout si vous avez un iPhone)
©symbiot/Shutterstock

Cette fois-ci, c’est la bonne ! Les nouvelles règles du Digital Markets Act sont officiellement en vigueur et espèrent remettre à plat la libre concurrence de la tech dans l’Union européenne.

Des mois qu’on en parle et le voici entré en application. Le Digital Markets Act, c’est un paquet de nouvelles règles ambitieuses voulues par l’Union européenne afin de prévenir la constitution, ou le renforcement, de monopoles dans le secteur de la technologie. Les grands acteurs de la tech dont les services dépassent un certain seuil d’utilisateurs et d’utilisatrices mensuelles doivent respecter de nouvelles règles sous peine de subir une lourde amende, indexée sur leur chiffre d’affaires mondial.

Un marché divisé en deux

C’est la spécificité du DMA : il ne s’applique qu’aux résidents et résidentes de l’Union européenne. Par conséquent, les changements que nous aborderons plus bas ne concernent pas les pays des autres continents, pas même les États-Unis.

Concrètement, les entreprises majeures de la tech ont été définies par la Commission européenne comme des « contrôleuses d’accès », c’est-à-dire éditrices de « services de plateforme essentiels », parmi lesquels on trouve notamment des réseaux sociaux (Instagram, TikTok…), des navigateurs web (Chrome, Safari), des systèmes d’exploitation (Android, iOS, Windows…) ou des services dits d’intermédiation, comme Google Maps qui a déjà mis en place certains changements.

DMA contrôleurs accès
La liste des entreprises et services concernés par l’application du DMA.©Commission européenne

Tous ces services brassent plus de 45 millions d’utilisateurs et d’utilisatrices par mois en Europe, et sont donc soumis aux nouvelles règles établies par le DMA. Parmi les plus contraignantes pour les acteurs de la tech, on notera en particulier la nécessité pour les applis de messagerie de se rendre interopérables (c’est-à-dire de pouvoir communiquer entre elles), la possibilité de désinstaller facilement les applications préinstallées (par exemple sur Windows) et, de manière générale, l’interdiction de valoriser à tout prix ses propres services en omettant de laisser le choix à l’usager.

Apple fait de la résistance

En matière d’application du DMA, Apple fait figure de cas d’école et ne cache pas son agacement à mettre le règlement en application. Déjà contrainte par l’Union européenne à abandonner son port propriétaire Lightning sur ses iPhone, l’entreprise doit désormais laisser d’autres magasins d’application émerger pour concurrencer le monolithique App Store, jusqu’ici seule façon d’installer des apps sur les produits à la pomme.

Avec la publication d’iOS 17.4, disponible depuis hier, le marché de l’appli est donc ouvert sur iOS. Ou disons plutôt : plus ouvert. Apple s’est en effet assuré de faire en sorte que les développeurs continuent de préférer publier leurs applis sur sa propre boutique (à grand renfort de frais additionnels et de petites conditions particulièrement contraignantes).

Autre changement majeur pour les utilisateurs et utilisatrices : Safari et son moteur WebKit vont devoir faire de la place aux autres. En effet, s’il est possible depuis des années d’opter pour un autre navigateur sur iPhone, tous devaient utiliser le même moteur que Safari – rendant leur intérêt d’autant plus contestable. Désormais, Google pourra publier une véritable version Chromium de son navigateur phare, tout comme Firefox qui, peut-être, permettra donc d’installer des extensions comme c’est le cas sur Android.

Enfin, le DMA force également Apple à ouvrir son protocole NFC, indispensable pour le paiement mobile avec Apple Pay. Ce faisant, plusieurs banques pourraient même quitter le programme Apple Pay afin de proposer leur propre solution de paiement mobile.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste