À l’occasion de la sortie ce 29 novembre du nouveau film des Walt Disney Animation Studios, L’Éclaireur a rencontré les réalisateurs Chris Buck et Fawn Veerasunthorn, ainsi que le producteur Peter Del Vecho pour décrypter ce nouveau long-métrage d’animation célébrant les 100 ans du studio.
Que représente l’idée de célébrer les 100 ans de Disney ? Comment vous êtes-vous penchés sur le sujet concernant Wish : Asha et la bonne étoile ?
Peter Del Vecho : Travailler au studio, à cet instant, est un honneur. Créer un film qui célèbre ces 100 ans a d’abord semblé être une tâche gigantesque, qui s’est rapidement transformée en joie, car on a pu célébrer notre propre identité et ce qui fait qu’un film Disney est un film Disney.
Chris Buck : C’est aussi un film original. Il fallait avant toute chose déterminer le concept. Nous avons pris un grand tableau et une image de tous les films Walt Disney Animation Studios, pour voir l’intégralité des 100 ans devant nos yeux. Il y a tellement d’éléments différents, de styles et d’époques, mais l’une des constantes est le souhait fait à l’étoile. Ce concept nous plaisait et nous l’avons gardé.
Wish : Asha et la bonne étoile est un film Disney traditionnel. C’est aussi un film différent, avec un style visuel inédit et une approche moderne. Comment avez-vous trouvé le bon équilibre entre ces aspects ?
P. D. V. : Nous avons eu de la chance, car cet équilibre est apparu organiquement, à la fois concernant l’histoire et l’apparence du film, ou même la musique ! Julia Michaels [la compositrice, ndlr] en est le bon exemple.
« On a célébré notre propre identité, ce qui fait qu’un film Disney est un film Disney. »
Peter Del VechoProducteur
Elle est probablement la plus jeune compositrice à avoir écrit les chansons d’un long-métrage d’animation Disney, mais elle a grandi en aimant tous les films Disney classiques et leurs chansons, tout en ayant une approche très contemporaine. On a donc pu célébrer ce que l’on aime à propos de la musique et ajouter cet aspect moderne. L’intégralité du film s’est construite comme ça.
Est-ce que l’animation de Wish : Asha et la bonne étoile peut laisser présager ou espérer d’autres films avec cette technique ou ce style visuel ?
P.D.V. : Nous avons beaucoup aimé créer ce nouveau rendu et nous espérons que dans 100 ans, un artiste regardera en arrière et verra en Wish une inspiration pour créer quelque chose de nouveau et de différent à son tour.
Que représente Asha pour vous ?
P. D. V. : Je pense qu’Asha représente avant tout l’espoir. Son souhait est dépourvu d’égoïsme, elle ne souhaite rien pour elle, seulement pour sa famille et sa communauté, et elle veut par-dessus tout redonner de l’espoir au monde.
Fawn Veerasunthorn : Asha est déterminée, intelligente et a un bon sens de l’humour. Elle grandit dans le royaume avec l’idée que c’est fabuleux d’avoir quelqu’un en mesure d’exaucer les vœux grâce à la magie. Mais un jour, elle découvre une réalité difficile à propos de Rosas et décide de se lancer dans une grande aventure pour réparer les torts.
Dans le film, nous revenons à un méchant traditionnel de Disney, le roi Magnifico, mais disposant d’une modernité dans ses enjeux et son objectif. Comment l’avez-vous conçu ?
P. D. V. : L’idée d’un méchant classique est quelque chose que Chris et Fawn voulaient dès le départ. Mais nous avions également créé un monde dans lequel les gens viennent de partout pour confier volontairement leurs vœux au roi. Il devait donc être charismatique et charmant.
« Asha est déterminée, intelligente […] et décide de se lancer dans une grande aventure pour réparer les torts. »
Fawn VeerasunthornCo-réalisatrice
Il fallait croire en lui. Nous commençons le film avec le méchant et on pourrait croire, au tout début, qu’il va être le héros. Puis, nous le voyons tomber du mauvais côté à mesure que la pression s’accumule.
Est-ce que les personnages d’Asha et de Magnifico ont évolué avec le casting et l’animation, entre le début de la conception et le résultat final ?
C. B. : Nous avons commencé avec un script et une idée assez complète de ces personnages. Ensuite, les acteurs sont arrivés [Ariana DeBose et Chris Pine pour la version originale, ndlr], et ils ont tant donné pour ces rôles ! C’est ce que nous recherchons dans ces collaborations. Nous aimons travailler avec eux. Au début de la production, nous nous sommes vus tous les deux mois environ. Puis, le film a évolué à leurs côtés.
Nous écrivons aussi en fonction de leur personnalité. Puis, arrive l’animation. Les animateurs ont regardé les vidéos enregistrées des sessions de doublages et ont vu les petites subtilités, les expressions, les mouvements. Il y a tant de ces acteurs dans les personnages.
L’une des traditions des films Disney concerne l’acolyte animal du héros. Dans Wish, bien que l’histoire soit focalisée sur des humains, Valentino parle.
C. B. : Oui, Valentino, notre chèvre en pyjama adorée ! Nous savions que nous voulions un animal accompagnant Asha et plusieurs membres de l’équipe nous ont envoyé des vidéos de petites chèvres pour nous aider à trouver le style.
« Nous écrivons aussi en fonction de la personnalité des acteurs. »
Chris BuckCo-réalisateur
Puis, Alan Tudyk, la voix de Valentino, est arrivé sur le projet et a fait de merveilleuses improvisations. Le personnage s’est véritablement envolé à ce moment-là, avec cette voix bien plus grave, élégante et mature que ce que nous envisagions à l’origine. C’était inattendu et nous en sommes tombés amoureux.
Vous avez tous travaillé sur La Reine des neiges et La Reine des neiges 2. Le documentaire Into the Unknow: Making Frozen 2 permet de constater à quel point faire un film d’animation est chaotique. Lors de la production de Wish, il y a eu une pandémie. Comment faire face à ces aléas tout en continuant la production ?
P. D. V. : Effectivement, ces films ne sont jamais simples et toujours exigeants à faire. Rien que trouver l’histoire est difficile. Cela semble toujours facile rétrospectivement, mais lorsque l’on est plongé dedans, c’est dur.
Nous avons fait Wish : Asha et la bonne étoile durant la pandémie et, pour de nombreuses sessions d’enregistrement, nous étions séparés des acteurs. Au fur et à mesure que le temps passait, nous sommes progressivement revenus dans les studios et la collaboration, au sein d’une même pièce, a vraiment été bénéfique pour le film.
Chris et Fawn, comment se passait le travail entre vous ? Qui apporte quoi, à quel moment ?
F. V. : Sur La Reine des neiges, quand j’ai commencé à travailler avec Chris et Jennifer Lee [coréalisatrice, ndlr], je posais beaucoup de questions sur l’histoire ou les personnages et maintenant, en tant que réalisatrice, je me pose toujours les mêmes questions [rires] !
C. B. : Et maintenant, tu dois y répondre [rires] ! Nous venons tous deux de différents domaines artistiques, moi de l’animation et Fawn de l’écriture, et nous amenons ces éléments en nous complétant l’un l’autre.
Wish s’inspire à la fois des premiers films Disney (Blanche Neige et les Sept Nains, Pinocchio), mais également de Cendrillon, La Belle au bois dormant, La Petite Sirène ou, plus récemment, Raiponce et La Reine des neiges. Comment concilier ces différentes inspirations tout en créant quelque chose de nouveau ?
P. D. V. : Nous avons commencé en nous focalisant sur les émotions. Que représentent, émotionnellement, tous les films que vous avez mentionnés pour nous ou pour le public ? En partant de là, nous essayons de prendre la même émotion pour en faire une histoire originale, avec des chansons originales et des personnages originaux. Finalement, l’équilibre était facile à trouver étant donné le bagage émotionnel que tous les films Disney portent en eux depuis des années.
Wish : Asha et la bonne étoile, de Chris Buck et Fawn Veerasunthorn, 1h35, au cinéma le 29 novembre 2023.