En 15 ans, Marvel Studios est devenu une entité majeure d’Hollywood. Une montée en puissance décryptée dans un livre phénomène, où trois auteurs spécialistes de la pop culture dévoilent les coulisses de la société de production. Petit tour d’horizon des informations révélées dans ce livre « non autorisé » par Kevin Feige et ses équipes.
Marvel Studios a grandi dans la culture du secret, chère à son président Kevin Feige. Les caméos surprises, les scènes post-génériques et les éléments d’intrigue gardés secrets ont grandement participé au succès de ces films auprès du grand public. On imagine donc que la sortie du livre MCU: The Reign of Marvel Studios a fait bondir le patron de Marvel.
Le trio de spécialistes de pop culture Joanna Robinson, Dave Gonzales et Gavin Edwards publie une enquête très renseignée sur l’ascension du studio et son histoire, dévoilant au passage quelques secrets du passé et du futur de la filiale de Disney. De nombreux extraits de l’ouvrage ont par la suite été repris par les médias spécialisés. Mêlant infos exclusives et détails intéressants sur des événements déjà connus, voici une sélection de révélations qui a chagriné Kevin Feige.
Un casting alternatif
Les fans connaissent déjà bien cette histoire : Tom Cruise avait été envisagé avant que le rôle d’Iron Man ne tombe entre les mains de Robert Downey Jr. L’étape du casting avait alors été cruciale pour le studio, et le livre revient sur les auditions des plus grandes figures du MCU.
Il existe un monde dans lequel Daniel Craig aurait pu être Thor et John Krasinski, Captain America. La spécialité du casting à la Marvel Studios est surtout de recaser les acteurs dans d’autres rôles, que ce soit dans l’immédiat ou des années plus tard – et la liste est longue. Tom Hiddleston avait auditionné pour devenir Thor, Sebastian Stan était venu pour Captain America, Chadwick Boseman voulait être Drax, Lupita Nyong’o souhaitait incarner Gamora, et Karen Gillan visait Sharon Carter.
Un reboot du MCU après Secret Wars ?
Aujourd’hui, Marvel Studios est à fond dans la saga du multivers. Le point d’orgue est prévu à l’horizon 2026-2027 avec deux films choraux majeurs : Avengers Kang Dynasty et Avengers Secret Wars – ce dernier pouvant mener à une refonte de l’univers cinéma Marvel. Brièvement évoqués dans le chapitre final du livre, les contours de ce redémarrage ont été précisés par Joanna Robinson, dans une interview donnée en marge de sa sortie : « Nous avons une citation de Kevin Feige qui laisse entendre que Secret Wars pourrait servir de reboot partiel dans lequel ils pourraient effacer tout ce qui ne fonctionne pas et garder ce qui marche, ou ramener des personnages que vous pensiez disparus pour toujours. »
David Maisel, l’homme qui a pitché Marvel Studios chez Donald Trump
Début 2003, le producteur David Maisel avait rendez-vous avec Isaac Perlmutter, alors vice-président de Marvel Entertainment et bon ami de Donald Trump – et futur grand donateur pour sa campagne présidentielle. La rencontre se fait au Mar-a-Lago, club privé dans un hôtel luxueux propriété de Trump.
L’implication du futur Président s’arrête là, mais c’est un moment charnière pour le MCU. L’idée de Maisel est simple : convaincre Perlmutter de produire ses propres films avec les super-héros tirés des comics. À l’époque, Marvel vendait les droits de ses personnages à divers studios, mais Maisel, lui, était persuadé que Marvel Studios devrait se lancer.
Pendant de longs mois, le producteur s’est battu pour convaincre les directeurs et les banques d’obtenir les financements nécessaires pour démarrer des films live-action. Les droits de dix propriétés considérées comme mineures à l’époque ont d’ailleurs été offerts en garantie. Parmi eux : Captain America, Black Panther, Avengers ou Doctor Strange. On connaît la suite, et Maisel mérite donc d’être cité parmi les grandes figures du studio, au même titre que Kevin Feige.
Tout pour les jouets
Isaac Perlmutter est arrivé chez Marvel par Toy Biz (une société de jouets canadienne) avant la fusion des deux entités. Son but principal derrière la vente des droits cinéma des personnages était globalement de profiter des films pour vendre de nombreux produits dérivés, principalement aux plus jeunes.
Quand les premiers longs-métrages X-Men sont sortis, Perlmutter ne semblait pas ravi du ton un peu trop sombre de l’univers, arguant qu’il ne donnerait pas envie d’acheter des jouets. Quand il donne le feu vert aux productions Marvel Studios, le cinéma n’est pas sa priorité. Le livre cite David Maisel qui se rappelle des directeurs lui dire : « Ne reviens pas nous parler de films, sauf si notre argent est en jeu. »
La guerre entre Perlmutter et Feige
Avant 2015, Marvel Studios était une entité de Marvel Entertainment. Par conséquent, Kevin Feige devait présenter ses projets à Perlmutter, président de la maison mère et à son comité créatif, qui faisait ensuite des retours. Cet ensemble aurait retardé l’arrivée de Captain Marvel et Black Panther sur grand écran, pourtant prévus dès la Phase 1 du MCU.
Perlmutter aurait également mis son veto sur l’utilisation d’une super-vilaine féminine dans Iron Man 3. La raison ? Les ventes de produits dérivés n’auraient pas été suffisantes, donc développer le film était sans grand intérêt. Il ne voyait pas non plus la nécessité de produire des jouets Black Widow ou Gamora à l’époque.
Marvel TV vs Marvel ciné
Durant de longues années, les séries tombaient dans le giron de Marvel Television, laissant le cinéma aux équipes de Feige. D’après le livre, l’existence de la division TV était une volonté de l’équipe Perlmutter. À ce moment-là, tout le monde se mettait des bâtons dans les roues. Plusieurs exemples sont d’ailleurs énoncés. Kevin Feige semblait avoir des projets dès le début pour Daredevil ou Ghost Rider, avant que le comité créatif ignore ces idées et confie ces personnages au département TV.
À l’inverse, Marvel Studios refusait de prêter ses personnages et acteurs aux séries, et de reconnaître ce qu’il s’y passait. Quand Feige a appris qu’une série Agents of SHIELD allait voir le jour, il aurait ainsi déclaré : « C’est cool. Mais vous devriez savoir qu’on va détruire le SHIELD dans Winter Soldier. Faites comme bon vous semble. »
Kevin Feige aurait blacklisté deux noms
D’après MCU: The Reign of Marvel Studios, deux noms bien connus des fans auraient été bannis par le big boss du studio. Le premier est Edward Norton, l’acteur qui a joué Hulk dans le film de 2008, avant d’être remplacé par Mark Ruffalo. Son départ pour divergences créatives semble avoir laissé quelques traces, Feige déclarant à l’époque qu’il avait besoin « d’avoir un acteur qui incarne la créativité et l’esprit d’équipe du reste de notre casting ».
Le second a posé des pierres essentielles de l’édifice MCU : Joss Whedon, le cinéaste derrière Avengers 1 et 2. Ce dernier aurait été en désaccord avec le boss du studio au sujet de cette fameuse série Agents of SHIELD.
Ils pensaient qu’Antman 3 cartonnerait
Marvel Studios a récemment réalisé que le public n’était plus aussi présent et qu’il fallait revoir entièrement sa copie (projets en développement, fréquence des sorties…). Un film en particulier aurait été un déclic : Ant-Man and the Wasp: Quantumania. D’après Joanna Robinson, les studios ne s’attendaient pas à ce que ce dernier sous-performe à ce point, ne récoltant que 476 millions au box-office. « Ils savent ce qu’il se passe avec leur marque, explique-t-elle. Avec Quantumania, ils pensaient sortir un banger, mais personne d’autre n’a ressenti cela. Ils se sont dit “notre baromètre interne n’est plus accordé avec ce que les gens veulent”. »
La gestion de la polémique Jonathan Majors
Quantumania a lancé la phase 5 du MCU en introduisant le grand vilain qui doit succéder à Thanos : Kang le conquérant, joué par Jonathan Majors. Cependant, le studio s’est retrouvé dans une situation bien complexe quand l’acteur a été arrêté pour violences conjugales, à peine un mois après la sortie du film.
Clamant son innocence, l’acteur sera bientôt en procès à la cour de New York, laissant les décisionnaires de Marvel face à un sacré dilemme. Que faire du personnage ? Selon Joanna Robinson, les studios attendent de voir comment le procès se déroule, mais l’affaire leur pose un sacré cas de conscience.
Marvel Studios a beaucoup investi dans ce personnage, qui ne devait même pas être le vilain principal du MCU. D’après le livre, « la décision de l’élever à une menace du niveau de Thanos s’est basée sur les réactions positives générées par l’acteur dans le rôle », notamment dans la série Loki. Il est même écrit que « depuis Robert Downey Jr, le studio n’avait pas autant misé sur un acteur ».
Le retour des Avengers d’origine ?
Et si Downey Jr revenait en tant qu’Iron Man, avec toute la première bande des Avengers ? Nous dérogeons à la règle ici, l’idée n’étant pas évoquée par l’ouvrage MCU: The Reign of Marvel Studios, mais par le média Variety quelques après sa sortie, dans un long article révélant les récentes discussions internes du studio. Au cours de leur séminaire annuel, les grands pontes de Marvel auraient évoqué la possibilité farfelue de ramener à l’écran les Vengeurs originels.
Avec la réunion attendue de héros tirés de différents univers dans Secret Wars, les producteurs pourraient trouver une porte d’entrée pour le retour de ces visages si familiers. Toutefois, Kevin Feige a récemment calmé le jeu. Lors de la promotion du film The Marvels, il a répondu à cette rumeur par un simple « non », avant d’ajouter qu’il n’était même pas au courant de ce gossip. Affaire à suivre ?
