Entretien

Adèle Castillon, notre talent du mois : “J’ai un rapport à la musique qui reste intime”

03 août 2023
Par Lisa Muratore
Adèle Castillon démarre une carrière en solo après Videoclub.
Adèle Castillon démarre une carrière en solo après Videoclub. ©John Karno

Après Videoclub, Adèle Castillon s’apprête à voler de ses propres ailes. La chanteuse a dévoilé plusieurs singles avant la parution prochaine de son premier album solo. À cette occasion, L’Éclaireur a rencontré l’étoile montante de la pop française pour évoquer son processus créatif, son univers et ses références.

L’été est là, vous avez sorti plusieurs singles, comment vous sentez-vous ? 

Ça va bien, l’été est là. Je suis contente, car mes single sont sortis. Surtout, je me rapproche de la sortie de l’album, c’est très excitant. J’ai déjà eu quelques retours, et je suis très contente. J’attends la suite avec impatience. Ce qui me marque, c’est les gens qui me disent qu’ils aiment autant les trois singles que j’ai sorti, que c’est dansant et que ça va les accompagner tout l’été. 

Vous êtes passée par la vidéo et le cinéma, mais pourquoi la musique reste votre premier amour ? 

Depuis toute petite, je sais que j’ai envie d’être artiste et je sais que j’ai des choses à dire. J’ai exploré plusieurs formes pour les exprimer. La musique, c’est la première chose qui m’a attirée quand j’étais plus jeune. Le moment où je me dis vraiment que j’ai envie d’être chanteuse, et que j’ai envie d’être sur scène, c’est quand je découvre Hannah Montana [rires]. À ce moment-là, je veux la même vie. Je sais, à l’époque, que je m’identifie à cette vie scolaire et à la vie de popstar.

« On me demande souvent ce qui est le plus difficile, mais j’ai l’impression que c’est presque plus simple d’être en solo, parce que dans un groupe, on doit faire des concessions pour que ça plaise à l’autre aussi. »

Adèle Castillon
Chanteuse

Ça a grandi en moi. Je chante beaucoup, mais je reste toute seule, parce que pour moi, c’est plus facile de faire rigoler les gens et d’écrire que de se mettre à chanter devant un public. C’est terrorisant, j’ai l’impression de me mettre à poil direct, donc je ne le fais pas. 

C’est ma rencontre avec Matthieu (autre moitié de Videoclub) qui va déterminer vraiment le début de ma carrière dans la musique. C’est une fois séparés que je me suis dit que je ne voulais pas perdre ce que j’avais construit, la sensation du studio, celle de la scène. En plus, moi qui adore le cinéma et l’écriture, la musique me permet de tout rassembler avec les clips, de jouer dedans, de réaliser. Je me suis posée les bonnes questions, je me suis lancée dans ce projet solo, qui est le mien aujourd’hui. 

Quel genre de défi ça représente de passer d’un groupe à une carrière solo ? 

Le challenge, surtout après avoir été dans un groupe qui a eu autant de succès en si peu de temps, c’est de montrer qu’on a d’autres choses à raconter, sous d’autres formes aussi. On me demande souvent ce qui est le plus difficile, mais j’ai l’impression que c’est presque plus simple d’être en solo, parce que dans un groupe, on doit faire des concessions pour que ça plaise à l’autre aussi. Aujourd’hui, je travaille en équipe et j’essaie d’avoir l’intelligence d’écouter les conseils qu’on me donne, mais c’est moi qui dispose du dernier mot. C’est très plaisant, parce que je veux plus. Je n’ai pas envie de me censurer, et je n’en ai pas besoin, donc je peux aller vraiment au bout de mes idées.

Comment s’est déroulé votre processus créatif pour votre prochain album ? 

Je suis beaucoup dans l’impulsion, j’ai besoin d’écrire sur ce que je ressens, sur le moment. Si je reprends la façon dont on a composé cet album, je crois qu’on part d’abord de mon mood et de mon ressenti, puis des accords. J’écris en même temps que je compose. Souvent, les mélodies me viennent avec un gimmic et, à partir de là, j’écris.

Ça m’aide beaucoup d’avoir la mélodie pour ensuite écrire. Il y a quand même quelques textes que j’avais déjà écrits avant, dans des moments d’urgence émotionnelle. Par exemple, il y a une chanson qui s’appelle Promis, et je me souviens très bien d’être en studio et de trouver la mélodie directement avec le premier “Promis” que j’ai chanté. Je me suis dit qu’il fallait que je garde ce truc.

Quels ont été vos modèles et vos sources d’inspiration durant l’écriture de cet album ? 

Je suis une grande fan de Billie Eilish, plusieurs sonorités de sa discographie m’ont inspirée. On a écouté beaucoup de sons des années 1980 et 1990. Je pense à Mylène Farmer ou à Taxi Girl. J’ai aussi écouté The Weeknd, Angèle, Tame Impala. Je suis une grande fan du groupe. Parfois, peut-être que ça ne s’entend pas, mais j’aime me rapprocher des mélodies de voix, des mood mélancoliques et nostalgiques. 

Vous avez notamment travaillé avec Surkin sur cet album, quel genre de collaborateur est-il ?

J’ai beaucoup aimé travailler avec Surkin, parce que c’est quelqu’un qui va vite. Je trouve que dans sa manière de créer, il était comme moi finalement. On ne s’est pas arrêté sur des détails, car le plus important, c’était l’échange et la création, le texte, la mélodie. On a partagé de la musique ensemble. On a une playlist que l’on continue de nourrir d’ailleurs. 

En plus, on est devenus amis, donc c’était une belle naissance d’amitié qui s’est créée à travers la création. Après Videoclub, j’avais vraiment besoin de me sentir dans un climat de confiance en studio, et dans un endroit qui ne soit pas le salon de mon ex-copain. 

J’ai quand même ce rapport à la musique qui reste quelque chose de très intime pour moi. Il y a encore de la timidité, j’ai encore du mal à me lâcher dans un studio quand il y a 15 personnes qui me regardent. Grâce à Surkin, j’étais hyper à l’aise et on s’est créé un petit monde.

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Est-ce qu’il y a un titre que vous préférez dans votre album ? 

Ça change en fonction des périodes, mais je dirais que le titre Gabrielle est important pour moi. Quand je l’ai écrit, il m’a libérée de quelque chose, et j’en suis hyper fière. Il a beaucoup plu autour de moi et m’a aidée à prendre confiance. 

Cet album aborde l’amour, la séparation, mais aussi les questions que la jeunesse se pose aujourd’hui. Pourquoi c’est important de parler de ces sujets-là ?

J’aimerais bien dire que je me suis posé tout un tas de questions avant d’écrire ces chansons, mais, justement, je les aie écrites sans me poser de questions, et ce n’est qu’après coup que je me rends compte qu’il y a des thématiques qui ressortent. Je pense que la thématique générationnelle, c’est parce que tout simplement je fais partie de cette génération et que cet album représente vraiment un moment clé de ma vie où je sors d’une rupture, où je deviens une jeune femme et où je me mange plein de choses ; que je découvre la vie, finalement.

« La musique me permet de comprendre ce que je traverse, qui je suis, peut-être pas sur le moment, mais après coup. Ça me permet aussi de figer des beaux moments, de les marquer dans le temps. »

Adéle Castillon
Chanteuse

J’ai découvert le grand amour et cette émotion qui est incroyable. J’ai découvert la sensation d’une rupture d’un premier amour, donc une ultraviolence. Et puis, je déboule à Paris, je prends mon indépendance dans plusieurs domaines comme le couple et le travail. Cette période de ma vie, c’est un moment qui me bouscule et qui me fait vivre plein de choses.

L’écriture vient me sauver de cet ouragan. Ça me permet de mettre des mots sur ce que je ressens. Je suis très sensible, même hypersensible, et c’est vrai que parfois c’est trop pour moi, tout ce que je vis. La musique vient m’aider à soulager tout cela.  

Quel effet la scène vous procure-t-elle ?

La scène, c’est comme une espèce de drogue. Je pense à We Love Green que j’ai fait en juin. Ça faisait très longtemps que je n’étais pas remontée sur scène. La dernière fois, c’était pour les premières parties d’Angèle. Pendant We Love Green, je m’en souviendrai toujours, je me suis dit : « Mais pourquoi je m’inflige ça ? »

Au final, au bout de dix minutes, je me sentais vivre sur scène. J’ai vraiment ce shoot d’adrénaline qui est immense. C’est presque addictif et, en sortie de scène, j’ai vraiment ce truc de redescente. Je parle de drogues, et c’est vrai que ça pourrait ressembler à une espèce de trip. Je prends mon pied, j’adore partager ce moment avec les gens. C’est un moment dans lequel mon métier prend tout son sens. 

Est-ce qu’il y a une scène, une salle, ou un festival que vous rêvez de faire un jour ?

J’aimerais faire l’Olympia. Cette salle a quelque chose de mythique. J’ai l’impression que c’est quand même un accomplissement dans la carrière d’un ou d’une artiste. Côté festivals, je dois avouer que j’aimerais faire Coachella, un jour. Quand on voit Angèle sur la scène de Coachella, ça fait rêver. 

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Comment appréhendez-vous le studio ? 

Être en studio et ne pas réussir à faire ce qu’on a envie de faire, c’est hyper frustrant, et on ne passe pas forcément le meilleur moment. En revanche, être en studio et sortir une chanson qui devait être là, c’est une sensation extraordinaire. Ça permet d’être fier de soi. C’est un processus hyper intéressant, mais la scène reste quand même une sacrée sensation. 

Comment pourriez-vous décrire votre univers musical ? 

Je dirais que c’est de la pop électro dansante. Dans mon univers, il y a des sonorités fleuves, tout en rondeur. C’est aussi un univers coloré et assez mélancolique. 

En parlant d’univers, quels ont été vos sources d’inspiration pour l’univers visuel de l’album ?

Je suis une grande fan du travail de Sofia Coppola. J’adore son travail. J’adore Lost in Translation (2003). Pour moi, c’était important que l’album soit effectivement accompagné de belles images, que ce soit beau. C’est important que le visuel représente qui je suis. Il fallait avoir un rendu un peu similaire. Je dirais quelque chose plutôt proche de la réalité. L’authenticité, c’est vraiment important pour moi dans mon album étant donné que j’aborde des thèmes qui sont intimes. 

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Qui dit été, dit aussi recos culturelle. Quelle est l’œuvre qu’il faut absolument rattraper pendant les vacances ?

C’est un film qui est sorti il y a quelques mois et qui était présenté au Festival de Cannes. Peut-être qu’il est encore en salles – je l’espère. C’est Omar la Fraise avec Reda Kateb et Benoît Magimel.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste