Chaque mois, L’Éclaireur vous propose une sélection de livres permettant de comprendre un sujet lié au numérique. Au menu de ce quatrième article : l’impact du numérique sur l’environnement.
Smartphones, objets connectés, réseaux sociaux, moteurs de recherche… Le numérique fait partie intégrante de nos vies aujourd’hui. Il est devenu une ressource essentielle, nous permettant de communiquer, de travailler ou encore de nous divertir. Si son nom peut laisser croire qu’il existe uniquement de manière virtuelle, c’est loin d’être le cas.
Le numérique a un impact bien réel sur l’environnement. Le fait de regarder une vidéo ou d’effectuer une recherche sur Google a un coût énergétique. À cela s’ajoutent les appareils utilisés pour ces actions, qui sont les premiers responsables de l’impact environnemental du numérique. Selon un rapport de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) et de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), le numérique représente 3 à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Alors que le monde est de plus en plus connecté, voici cinq livres pour aider enfants et adultes à prendre conscience de l’impact environnemental du numérique.
1 Raz de données. L’impact du numérique sur l’environnement, d’Alice Durand
Ingénieure de formation, Alice Durand souhaite rendre le sujet sérieux qu’est l’impact environnemental des nouvelles technologies sur la planète « agréablement accessible » avec cet ouvrage. Elle invite les lecteurs à éteindre leurs téléphones pour être embarqués dans « la découverte des dessous du numérique », qui « n’est sans doute pas aussi dématérialisé qu’on le prétend ».
Dans ce livre illustré par le graphiste Robbert, Alice Durand parle des dispositifs numériques, mais aussi de « la partie immergée de l’iceberg » que sont les réseaux et les centres de données, qui consomment également de l’énergie. Elle rappelle aussi qu’outre son impact environnemental, le numérique nuit gravement à la santé avec des troubles de la vision, des problèmes de sommeil ou encore des troubles de l’attention chez les enfants. Enfin, l’ingénieure propose des « gestes éconumériques » pour diminuer son empreinte numérique comme garder ses appareils le plus longtemps possible, éteindre la box et le boîtier de télévision le soir ou télécharger la musique au lieu de l’écouter en streaming. « En tant que consommateurs, nous jouons un rôle essentiel, qui peut faire pencher la balance vers la sobriété numérique, ou au contraire, vers une industrie numérique débridée », souligne-t-elle.
2 L’enfer numérique, de Guillaume Pitron
Ce livre est le fruit d’une enquête approfondie menée par le journaliste Guillaume Pitron sur l’impact catastrophique du numérique sur l’environnement. « Pendant deux ans, nous avons suivi, sur quatre continents, la route de nos e-mails, de nos Like et de nos photos de vacances (…) Une dizaine de pays visités plus tard, voici la réalité : la pollution digitale est colossale, et même celle qui croît le plus rapidement », alerte-t-il.
Alors que de nombreuses pratiques se sont dématérialisées avec le numérique, Guillaume Pitron s’interroge sur le coût matériel du virtuel (quelles infrastructures rendent nos actions numériques quotidiennes désormais possibles ? Comment les données impalpables pèsent-elles sur l’environnement ?, etc.). À une époque où « tout ce que nous entreprenons aujourd’hui recèle une dimension digitale », le journaliste affirme que « cette virtualisation générale du monde sensible n’en est qu’à ses bégaiements ». Malgré cela, « la majorité d’entre nous se montre bien incapable d’expliquer quelles installations ont été déployées pour relier nos ordinateurs à nos tablettes ou nos smartphones », s’inquiète-t-il. Avec cet ouvrage, il cherche à répondre aux questions que les utilisateurs d’outils connectés ne se posent pas encore.
3 Tendre vers la sobriété numérique, de Frédéric Bordage
Fondateur de GreenIT.fr, un collectif d’experts de la sobriété numérique (démarche visant à réduire l’impact environnemental du numérique en limitant ses usages), Frédéric Bordage a publié ce livre pour aider les gens à passer à l’acte. Pourquoi ? « Car, malgré son image immatérielle, le numérique est fabriqué à partir de minerais et d’énergie dont les réserves s’épuisent à grande vitesse (…) Alors, il va falloir l’économiser si nous souhaitons pouvoir le léguer aux générations à venir », prévient-il.
C’est là qu’intervient la sobriété numérique, qui revient à changer ses habitudes, en privilégiant le reconditionné ou encore en maîtrisant ses usages. Le livre de Frédéric Bordage est ainsi rédigé comme un guide avec de petits gestes faciles à mettre en place (donner une seconde vie aux appareils dont on se défait via le reconditionnement, aménager des plages sans numérique le soir ou le week-end…). Avec cet ouvrage, Frédéric Bordage souhaite aider les lecteurs à prendre conscience de l’importance d’adopter une posture de sobriété numérique tout en assurant qu’ils ne se trompent pas de combat. Pour cela, il y déconstruit l’instrumentalisation du greenwashing (discours écologiste à des fins commerciales) « qui constitue 90 % des informations qui circulent à propos du numérique ».
4 L’âge des low tech , de Philippe Bihouix
Petite définition si ce terme ne vous dit rien : la low-tech n’est pas une démarche technophobe, mais plutôt un courant demandant de changer complètement de perspectives sur la manière d’utiliser les technologies. Se traduisant littéralement par « basses technologies », ce terme est utilisé pour désigner celles étant simples, durables et accessibles. Elles sont au cœur de l’ouvrage de l’ingénieur Philippe Bihouix.
« Ce livre démonte un à un les mirages des innovations high tech, et propose de prendre le contre-pied de la course en avant technologique en se tournant vers les low tech, les “basses technologies” », indique-t-il. Cela, dans un contexte de crise globale avec le changement climatique, des « tensions sur l’énergie et les matières premières » ou encore l’effondrement de la biodiversité, et où l’on cherche à nous rassurer avec des technologies vertes qui pourraient sauver la planète.
Pour Philippe Bihouix, il ne faut pas « chercher une sortie “par le haut” aux impasses environnementales et sociétales actuelles avec toujours plus d’innovation », mais plutôt se tourner vers « une société essentiellement basée sur des basses technologies, sans doute plus rudes et basiques, peut-être un peu moins performantes, mais nettement plus économes en ressources et maîtrisables localement ». En mettant à bas les dernières illusions, il vise à « mieux explorer les voies possibles vers un système économique et industriel soutenable dans une planète finie ».
5 Mission déconnexion, de Laurence Bril
Destiné aux enfants, ce livre se présente sous la forme d’un guide avec des jeux, quiz et tests à faire en famille. Rédigé par Laurence Bril, journaliste spécialisée dans les usages numériques et illustré par Léo Louis-Honoré, il aborde plusieurs facettes du problème numérique, dont la pollution qu’il engendre et ce, sans que enfants en aient souvent conscience. Elle y invite ces derniers à se poser les bonnes questions à ce sujet : « Qu’en est-il de l’empreinte carbone du numérique et des e-déchets ? » ou « Comment mieux naviguer pour moins polluer ? »…
Proposant des solutions, ce livre traite aussi du problème des écrans qui « sont partout, envahissent, brident l’imagination et influent sur les relations amicales et familiales, mais aussi sur le temps consacré au sport et aux loisirs ». Incitant les enfants à interroger leur rapport aux écrans, Laurence Bril souhaite, à travers ce guide, les aider à « mieux comprendre, se retrouver et devenir maître de [leur] vie numérique ».