Selon une étude menée sur plus de 18 000 enfants avant la pandémie de Covid-19, le temps total d’écran augmente régulièrement jusqu’à leurs 5 ans et demi.
L’Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas exposer du tout les enfants de moins de 2 ans aux écrans, puis de limiter le temps à une heure par jour entre 2 et 5 ans. Une vaste étude française révèle que le temps passé par les tout-petits devant les écrans excède ces recommandations sanitaires. Publiée par Santé publique France ce mercredi, cette enquête, baptisée Elfe (Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance), a été menée sur plus de 18 000 enfants nés en 2011, qui ont été suivis de 2013 à 2017, soit de leurs 2 à 6 ans.
Si plusieurs études ont montré le comportement des tout-petits face aux écrans, celle-ci « décrit pour la première fois à l’échelle nationale et de façon longitudinale le temps passé par les jeunes enfants devant les écrans » pour permettre de « mieux cibler les familles et les contextes où ce temps excède les recommandations ».
Des disparités selon l’origine et le niveau d’études
L’étude Elfe révèle que les enfants de 2 ans passent en moyenne 56 minutes par jour devant les écrans. Un temps qui passe à 1h20 à 3 ans et demi et 1h34 à 5 ans et demi. Dans l’ensemble, les temps d’écran étaient plus élevés chez les familles ayant des origines immigrées ou un faible niveau d’études de la mère. Les enfants dont la mère est née au Maghreb, en Turquie ou en Afrique subsaharienne passent par exemple, en moyenne, 30 à 50 minutes (selon l’âge) de plus devant des écrans que ceux dont la mère est née en France. De même, les tout-petits dont la mère a un niveau collège passent 45 minutes (à 2 ans) et 1h15 (à 5 ans et demi) de plus devant les écrans que ceux dont la mère a un niveau d’études supérieur ou égal à bac+5.
L’enquête montre en outre que le sexe a moins d’impact sur le temps d’écran des enfants, les différences entre garçons et filles étant faibles : 10 minutes à 5 ans et demi, voire nulles avant cet âge.
Les auteurs reconnaissent tout de même quelques limites à leur étude, dont le fait que les mesures de temps d’écran sont des données déclaratives. « Elles peuvent être affectées par un biais de mémoire et de désirabilité sociale. Les recommandations nationales incitant à ne pas exposer les enfants aux écrans ou à limiter leur exposition, les parents enquêtés peuvent être amenés à sous-estimer ou sous-déclarer le temps d’écran de leur enfant », indiquent-ils. Autre limite : ces données ont été collectées avant la pandémie de Covid-19 donc elles ne reflètent pas nécessairement la situation la plus récente, notamment à l’ère post Covid-19.