Décryptage

Comment les jeux vidéo ont influencé les technologies de nos télévisions

10 octobre 2022
Par Nicolas Aguila
Les consoles de jeu, meilleures alliées des téléviseurs haut de gamme ?
Les consoles de jeu, meilleures alliées des téléviseurs haut de gamme ? ©Vladimir Sukhachev/Shutterstock

Créées à l’origine pour être des machines de jeu plus accessibles qu’une imposante borne d’arcade ou un ordinateur onéreux, les consoles de jeu avaient d’abord pour objectif d’être compatibles avec un appareil présent dans un grand nombre de foyers : le poste de télévision.

Avec le temps, elles se sont même adaptées aux dernières technologies issues du monde de l’informatique, jusqu’à modifier durablement la manière dont les constructeurs pensent leurs téléviseurs afin de les adapter à nos consoles, plutôt que l’inverse. Aujourd’hui, certains modèles mettent en avant des fonctions spécifiquement dédiées aux dernières machines de jeu.

L’augmentation de la définition

En 2005, avec la sortie de la Xbox 360, et surtout en 2006 avec l’arrivée de la PlayStation 3, de nouvelles manières d’afficher l’image sur nos TV font leur apparition. En France, la plus qu’obsolète prise Péritel cède progressivement sa place à un standard beaucoup plus simple d’utilisation et permettant d’afficher une bien meilleure image : le HDMI.

La prise est plus petite, mais son principal intérêt est de transporter un signal numérique dans une définition bien plus importante à l’époque, avec des images d’une taille de 1 920×1 080 (1080p) pixels au maximum. Le cinéma en profite évidemment, mais c’est bien la PS3 (la platine Blu-Ray la moins chère à l’époque de sa sortie) qui a accéléré cette transition. 

Rapidement, les téléviseurs se sont adapté à cette norme, notamment en standardisant la définition de leurs dalles. Plusieurs macarons font leur apparition dans le coin des modèles présentés en magasin, censés déterminer la qualité d’image que vous pouvez espérer sur un modèle, les plus courants étant le HD Ready (1 280×720 pixels) et le Full HD (1 920×1 080).

Sony PS5
La PS5 de Sony promet du jeu en 8K, mais vous n’en verrez pas de sitôt sur cette machine.©Sony Interactive Entertainment

Aujourd’hui, le Full HD a presque totalement disparu au profit de la 4K (3 840×2 160). Attention toutefois : Sony et Microsoft vous feront la promesse de jeu en 8K (7 680×4 320 pixels) sur PS5 et Xbox Series, mais ne vous y trompez pas, il ne s’agit que de marketing et rien d’autre. Ces consoles ne sont pas assez puissantes pour assurer une expérience de jeu agréable dans cette définition.

De 60 à 120 Hz en jeu

La fréquence de nos TV a quelque peu évolué en Europe ces dernières années. Du 50 Hz de nos vieux tubes cathodiques, calé sur la fréquence de nos prises électriques, les modèles numériques sont progressivement passés à 60 images par seconde (un standard dans le monde du jeu vidéo sur PC) et se permettent aujourd’hui de grimper à des valeurs bien plus élevées.

Il existe depuis longtemps des téléviseurs proposant leur propre fréquence à la discrétion du constructeur, certains montant jusqu’à 100 ou 200 Hz. Mais la sortie des PlayStation 5 et Xbox Series X et S en 2020 a contribué à l’arrivée d’un nouveau standard sur nos écrans : le 120 Hz. Les avantages d’une telle augmentation de la fréquence d’image sont multiples : la fluidité des mouvements est améliorée, offrant une expérience visuellement plus plaisante, et la latence est souvent réduite (l’échantillonnage des commandes sur la manette pouvant être doublé en 120 Hz par rapport à 60).

Assassin's Creed Valhalla
La prise en charge du 120 Hz sur console dépend des jeux, certains, comme Assassin’s Creed Valhalla, le proposent directement.©Ubisoft

Le VRR et le FreeSync pour améliorer la fluidité

Une autre technologie héritée directement du monde du jeu vidéo sur PC par nos TV est la fréquence de rafraîchissement variable. Depuis l’arrivée de la norme HDMI 2.1, adoptée par la PS5 et les Xbox Series, il est possible de transporter un signal comprenant une fréquence d’image variable, pour peu que le récepteur (ici, votre téléviseur) soit capable de le décoder et que sa dalle soit adaptée.

Le Forum HDMI (qui regroupe plusieurs constructeurs comme Panasonic, Philips ou Sony) appelle cette norme VRR (Variable Refresh Rate), mais beaucoup de fabricants (Samsung, LG, Panasonic ou Toshiba, par exemple) ont également adopté une norme plus ancienne mais tout à fait compatible : FreeSync.

Samsung Freesync
Samsung propose plusieurs modèles compatibles FreeSync, qui profitent des avancées des PS5 et Xbox Series.©Samsung

Développé par AMD en 2015 pour améliorer l’expérience de jeu sur PC, le FreeSync est capable d’adapter la fréquence d’affichage de l’écran aux capacités de la carte graphique (ou, dans notre cas, de la console) connectée. En effet, il est difficile dans un jeu vidéo d’obtenir une fréquence d’affichage fixe pendant toute la partie, et les constructeurs et développeurs ont longtemps dû user de divers contournements techniques, par exemple en limitant la fréquence d’affichage directement dans le jeu, pour assurer une expérience uniforme.

Avec une technologie de rafraîchissement variable, combinée à une dalle à haute fréquence (les consoles modernes gérant jusqu’à 120 Hz), ces limitations techniques peuvent désormais être ignorées sans gêner l’expérience. Aussi, lorsqu’une scène chargée en action arrive et que la fréquence d’affichage de la console baisse sensiblement, le FreeSync permet de conserver une certaine fluidité d’image afin que vous ne remarquiez rien sur votre téléviseur. 

Faites toutefois attention à la fiche technique de votre télévision lors de l’achat : le FreeSync fonctionne sur une plage de fréquence définie par le constructeur. En dehors de cette zone, les algorithmes de traitement de l’image ne s’appliqueront plus, et vous risquez de constater des baisses de fluidité notables. Aussi, vous voudrez que votre modèle dispose d’une plage comprise entre 48 et 120 Hz, qui devrait garantir la meilleure expérience sur une console.

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