Dans Penser avec le punk, la philosophe et musicienne Catherine Guesde envisage une nouvelle manière d’appréhender le mouvement des années 1970. L’objectif ? Étendre son champ d’action dans le domaine de la pensée pour renouveler l’histoire de la discipline.
Relire l’histoire de la philosophie au prisme du mouvement punk. Voilà une idée étonnante que Catherine Guesde a décidé d’explorer dans Penser avec le punk. Dans cet essai polyphonique publié aux éditions Presses universitaires de France, la philosophe revient ainsi sur cette « manière d’être au monde », singulière et imparfaite, qui mise avant tout sur l’anticonformisme. « Ce mouvement revendique le fait qu’il est à la portée de tous de faire, et pas forcément bien. Faire bien est même presque suspect. Et cette anti-technicité, qui s’oppose à l’idée de performance, permet de faire ressortir les spécificités individuelles et l’authenticité. Le punk reste une invitation à sortir de la passivité pour faire », y explique-t-elle.
Esquisser une nouvelle voie
À une époque où le culte de la perfection semble avoir atteint son paroxysme, notamment sur les réseaux sociaux, Catherine Guesde défend l’idée selon laquelle le mouvement punk regorgerait de « ressources pour vivre et penser de manière vertueuse ». Désormais ancré dans un esprit libertaire, écologique et égalitaire, il incarnerait « une puissance d’agir et de faire, une puissance pour transformer et se transformer ». En changeant de paradigme, le nihilisme subversif renverrait dès lors à une forme de lucidité critique, nécessaire pour mieux envisager le monde de demain.
En bien des aspects, cette « expérience sensorielle qui implique tout le corps et enjoint à vivre au présent » esquisserait alors une voie alternative, beaucoup plus à même d’interroger le futur. Au contraire de nombreux ouvrages qui, par le passé, ont cherché à convertir la subculture en un système philosophique, Catherine Guesde préfère étendre le champ d’action du mouvement instigué dans les années 1970. Appliqué à d’autres domaines, il en offrirait une nouvelle grille de lecture qui, par essence, mettrait en évidence certaines injonctions et permettrait, finalement, de mieux les appréhender.