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L’Atlas en mouvement de Mathieu Pernot fait escale cet été au Mucem

27 juillet 2022
Par Apolline Coëffet
Planches d’astronomie légendées et traduites en arabe par Muhammad Ali Sammuneh, 2018.
Planches d’astronomie légendées et traduites en arabe par Muhammad Ali Sammuneh, 2018. ©Mathieu Pernot

Jusqu’au 9 octobre 2022, l’Atlas en mouvement de Mathieu Pernot fait une escale au Mucem. L’exposition rassemble plus d’une décennie de travaux réalisés aux côtés de personnes immigrées et esquisse de nouveaux contours de cette expérience de l’exil.

« J’ai appris tant de choses à leurs côtés : des écritures dont j’ignorais l’existence, des noms de constellations jusqu’à celui de certaines plantes, des façons de voir le monde et de s’y déplacer. Ils sont les porteurs d’une culture et d’une histoire dont nous avons beaucoup à apprendre », déclare Mathieu Pernot. Il y a plus de dix ans, le photographe a entamé L’Atlas en mouvement, une série d’envergure élaborée avec des migrants venus des quatre coins du globe. Jusqu’au 9 octobre prochain, il présente ce projet au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) de Marseille, également consigné dans un ouvrage du même nom.

Une manière moins factuelle de représenter l’immigration

Au total, quelques centaines de clichés, vidéos, manuscrits, cartes et autres objets trouvés sont rassemblés et donnent à voir un nouveau récit de la migration, porté par plusieurs voix. Astronomie, botanique, anatomie, cartographie, histoire de l’écriture ou question de l’habitat… Dans sa démarche, les origines s’entremêlent aux disciplines, tant elles révèlent notre rapport à l’environnement qui est le nôtre. L’exposition fait alors fi des frontières pour réinventer un espace qui s’enrichit du partage et des connaissances. Les êtres anonymes et noyés dans la masse se substituent aux parcours de vie assumés de personnes nommées et reconnues pour ce qu’elles sont.

Pris dans un mouvement perpétuel propre à la nature, les humains ne jouissent pas de cette même liberté en raison des lois de la circulation. Pourtant, certaines et certains n’ont d’autre choix que de quitter la terre qui les a vus naître pour se perdre dans l’oubli d’une nouvelle vie. Mossoul, Alep, Lesbos, Calais ou Paris… Mathieu Pernot a sillonné les régions éphémères de l’exil à la découverte de ces existences aussi fragiles que singulières qui participent à l’écriture d’une histoire commune. 

« Les photographies montrant des migrants sont généralement faites par des personnes qui n’ont pas vécu la situation de ces derniers, explique Mathieu Pernot. Elles documentent et montrent ce que le photographe voit d’un point de vue extérieur. Pour ma part, j’ai eu l’envie de construire une iconographie qui se ferait avec eux, de faire en sorte qu’ils ne subissent pas l’image faite par d’autres. » En onze thématiques, L’Atlas en mouvement propose ainsi une nouvelle approche de l’immigration, mais surtout une manière moins factuelle de la représenter.

L’Atlas en mouvement, de Mathieu Pernot. Au Mucem, à Marseille, jusqu’au 09/10/2022.

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste
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