Critique

Westworld saison 4 : les machines contre les humains

28 juin 2022
Par Lisa Muratore
Ed Harris est de retour dans la saison 4 de “Westworld”.
Ed Harris est de retour dans la saison 4 de “Westworld”. ©HBO

Westworld a rouvert ses portes sur OCS ce lundi 27 juin. L’occasion de replonger dans le monde unique de la série événement, portée par des thématiques et des personnages passionnants. Critique.

La saison 3 de Westworld nous a fait basculer dans une autre dimension. Adieu les parcs de robots, et bienvenue dans le monde réel. Si machines et humains cohabitent plus ou moins paisiblement au sein de la société, il se joue en coulisse un véritable bras de fer.

D’un côté, Charlotte Hale (Tessa Thompson), une copie de Dolores, s’est donné pour mission d’exterminer les humains afin de rendre le monde plus sûr pour les hôtes. De l’autre, Maeve, campée par l’excellente Thandiwe Newton, est bien décidée à détruire Westworld. Elle aura pour compagnon de route Caleb (incarné par Aaron Paul à l’occasion de cette nouvelle salve).

Des hôtes convaincants

Ce duo inédit représente l’un des principaux atouts de la série. Leur dynamique apporte du rythme à cette quatrième saison, alors que le fait de reprendre le cours de l’histoire peut paraître laborieux, surtout après une saison 3 très dense.

Thandiwe Newton et Aaron Paul font équipe dans la saison 4 de Westworld.©HBO

Le travail sur leur caractérisation, mais aussi l’écriture de leurs échanges offre du mordant à des personnages dont les valeurs et le but s’accordent. Cette relation nous permet aussi de contempler leur évolution, notamment celle de Maeve. Elle est toujours aussi téméraire, mais on sent une affirmation plus prononcée de sa personnalité.

Après avoir été enfermée dans un saloon, elle est désormais prête à s’imposer. La série évolue d’ailleurs principalement autour des personnages féminins. Si l’Homme en noir (Ed Harris) est toujours aussi terrifiant, les premiers épisodes nous donnent à voir une palette de protagonistes féminins aussi variés que glaçants. De Charlotte Hale à Clémentine (Angela Sarafyan), en passant par Dolores – rebaptisée Christina (Evan Rachel Wood) – les femmes sont centrales, chacune préparant sa revanche.

Jeffrey Wright dans la série Westworld.©HBO

L’appréhension des personnages a toujours représenté la force de Westworld, tout comme l’envergure de sa troupe, composée également de Jeffrey Wright, Luke Hemsworth, ainsi que de la tout juste oscarisée Ariana DeBose. La dualité de certains personnages permet à leurs interprètes de laisser éclater toute la maturité de leur jeu. On pense à Aaron Paul, bien loin du Jesse Pinkman de Breaking Bad (2008), ou encore à Tessa Thompson, dans la peau de l’antagoniste qui se désolidarise de son rôle de Valkyrie dans le MCU.

Un monde dans un monde

La série témoigne aussi d’un travail ambitieux en termes de décors et de costumes. Les équipes ont recréé un néo-Los Angeles captivant, les infrastructures sont épurées et l’univers du parc inspiré des années 1920 est tout simplement bluffant.

Tessa Thompson dans Westworld.©HBO

Les plateaux de tournage sont des personnages à part entière de la série et apportent un atout indéniable à la mise en scène. Il se dégage aussi un sentiment de mise en abyme : les personnages ne sont pas les seuls à évoluer dans une époque montée de toute pièce ; les spectateurs se retrouvent eux aussi embarqués dans une société qu’ils ne connaissent pas, grâce aux décors et aux tenues futuristes.

Westworld : l’héritière des créations futuristes

Cela s’accompagne évidemment de la métaphore liée aux machines face aux humains. Une thématique explorée à l’origine dans des blockbusters comme les cultissimes Blade Runner (1982), Terminator (1984), Matrix (1999), ou encore I, Robot porté par Will Smith (2004).

Depuis les années 2010, en revanche, ce thème est récupéré par un cinéma plus intimiste et par les séries. On pense à Ex Machina (2014) d’Alex Garland ou au show DEVS (2020). De son côté, Westworld se situe à mi-chemin entre une création d’auteur et le grand spectacle.

Evan Rachel Wood est de retour dans la saison 4 de Westworld sous le nom de Christina.©HBO

Un constat dû au succès de la série qui jongle entre des thèmes philosophiques liés à la conscience, aux émotions des machines, à la nature humaine, à une époque de plus en plus numérisée, mais aussi à une bonne dose d’action.

C’est l’un des ingrédients qui fait le succès de cette nouvelle salve. La série parvient en effet à bâtir des moments de tension entre ses personnages, tout en jouant sur des thématiques profondes, ainsi que des timelines narratives différentes.

Cet élément peut paraître trop dense, mais il apportera une patte fascinante à cet univers désabusé. Il rappellera aussi que la série diffusée sur HBO aux États-Unis est l’une des créations les plus ambitieuses du petit écran, que ce soit par ses visuels éblouissants, son casting ou sa complexité scénaristique. Une recette qui ne s’essouffle pas et qui nous pousse à replonger avec passion dans la dystopie de Westworld.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste