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Test d’inZOI : que vaut l’autoproclamé “Sims-killer” ?

09 avril 2025
Par Sofian Nouira
Test d'inZOI : que vaut l’autoproclamé “Sims-killer” ?
©Krafton

Développé par Krafton, inZOI se présente comme un concurrent direct des Sims, mais se démarque par ses graphismes photoréalistes et une promesse de simulation de vie plus profonde. Même si le jeu n’est disponible qu’en accès anticipé pour le moment, nous avons voulu nous faire un premier avis à son sujet. Voici ce que nous en avons pensé.

En résumé

À date, inZOI est bien le projet ambitieux qui nous a été promis. Ses fondations sont d’ores et déjà solides, mais l’ensemble reste encore largement perfectible. Le titre de Krafton ne peut évidemment pas encore prétendre détrôner Les Sims 4, qui bénéficie de dix années de développement et de nombreuses extensions. Toutefois, l’approche résolument différente d’inZOI, axée sur le réalisme et l’intégration poussée de l’IA, lui permet d’ores et déjà de se démarquer de son redoutable concurrent. Les graphismes et les systèmes de personnalisation du jeu impressionnent d’emblée, mais les mécaniques de gameplay fondamentales et la stabilité technique nécessitent encore du travail de la part des développeurs.
Pour les joueurs disposant d’un PC suffisamment puissant et d’une patience à toute épreuve face aux inévitables problèmes d’une version anticipée, inZOI offre déjà une expérience intéressante. Les autres feraient sans doute mieux d’attendre quelques mises à jour – voire la sortie de la version finale, sans doute dans un an, pour découvrir ce titre dans des conditions plus favorables.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Les superbes graphismes réalistes
  • Le créateur de personnages extrêmement poussé
  • Les outils de personnalisation grâce à l'IA
  • Le système Canvas pour le partage communautaire
  • Le système de planification pratique pour organiser les journées
  • Les deux villes aux atmosphères distinctes et bien travaillées
Les moins
  • Les exigences techniques assez élevées pour faire tourner correctement le jeu
  • Le monde ouvert manquant d'interactivité, avec de nombreux bâtiments inaccessibles
  • Les relations sociales souvent incohérentes et peu naturelles
  • Le système de transport problématique, particulièrement en voiture
  • L’interface de construction, trop complexe

Le studio sud-coréen Krafton s’est fait un nom et une réputation avec PUBG. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas ce jeu vidéo, sachez qu’il s’agit d’un battle royal militariste dans lequel le but est d’occire tous ses concurrents. Un titre aux antipodes des Sims, mais qui n’a pourtant pas empêché Krafton de surprendre tout le monde l’année dernière en annonçant inZOI, un simulateur de vie qui vient se placer en concurrence frontale avec le mastodonte d’Electronic Arts. Pour s’en démarquer, le studio coréen a toutefois misé sur le photoréalisme, loin du style cartoon de ce dernier.

Depuis le 28 mars dernier, inZOI est enfin disponible en accès anticipé sur PC – ce qui signifie que le jeu n’est pas encore fini, mais que l’éditeur met à disposition une version jouable, qui continuera à évoluer au fil des mois. Il s’agit là d’une pratique courante sur PC, et qui n’est pas gratuite pour autant puisque le titre coûte une quarantaine d’euros sur Steam. Des versions PS5 et Xbox Series arriveront plus tard, sans plus de précisions.

Test inZOI
Un adorable chat vous accueille au lancement du jeu.©L'Éclaireur Fnac

Évidemment, le Coréen ne pouvait pas se contenter de nous ressortir une pâle copie des Sims. Son inZOI repose donc sur le surpuissant moteur graphique Unreal Engine 5 et intègre plusieurs technologies d’intelligence artificielle. Son point de départ ? Le jeu nous place dans le rôle d’un employé d’une mystérieuse entreprise chargée de contrôler les vies des habitants virtuels appelés « Zois ». Un début étonnant, qui permet quelques fantaisies.

Des graphismes qui en mettent plein la vue, mais…

La première chose qui saute aux yeux lorsqu’on lance inZOI, c’est son aspect visuel. Le jeu exploite pleinement les capacités de l’Unreal Engine 5 pour offrir des graphismes au réalisme assez saisissant, à mille lieues de l’esthétique cartoon des Sims.

Les Zois, ces personnages que vous allez créer et contrôler, affichent un niveau de détail assez hallucinant, tout comme les environnements qui les entourent. Les deux villes disponibles pour l’accès anticipé, Dowon, inspirée des métropoles coréennes, et Bliss Bay, évoquant la Californie, bénéficient par ailleurs d’une direction artistique soignée et cohérente.

Le jeu est aussi beau que riche en détails. Le revers de la médaille est qu’il n’est pas à la portée de tous les PC.©Krafton

Si cet aspect visuel constitue indéniablement l’un des principaux atouts du jeu, il s’accompagne néanmoins d’exigences techniques qui le mettent hors de portée de beaucoup de PC. En effet, pour profiter pleinement de cette expérience, une configuration musclée sera nécessaire : au minimum une Nvidia RTX 3070 ou une AMD Radeon RX 6800 XT selon les recommandations officielles. Les utilisateurs disposant de machines moins puissantes pourront toujours y jouer en réduisant les paramètres graphiques, mais l’expérience s’en trouvera logiquement altérée, le jeu perdant de son charme en configuration moyenne ou basse.

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©L'Éclaireur Fnac

Toujours côté technique, l’œuvre vidéoludique intègre les technologies DLSS et ray tracing pour maximiser ses performances visuelles, et même sur des configurations moyennes, les performances restent généralement acceptables malgré quelques ralentissements occasionnels. La fluidité n’est toutefois pas toujours au rendez-vous, puisque nous avons été régulièrement confrontés à du clipping (des éléments visuels qui apparaissent ou disparaissent de façon anormale à l’écran).

Nous avons aussi constaté des baisses de framerate, soit une diminution du nombre d’images affichées par seconde, ce qui rend le jeu moins fluide, notamment lors de l’exploration des zones urbaines, bien que nous ayons testé le jeu sur un PC Asus Rog Strix G18 équipé d’une rutilante RTX 4070. Mais rien d’inquiétant à ce stade, puisque cet opus est toujours en chantier.

Un créateur de personnages particulièrement abouti

La création de personnages constitue l’un des grands points forts d’inZOI. Le titre propose en effet plus de 250 options de personnalisation, permettant de modeler chaque aspect physique de votre Zoi avec une précision folle. Des traits du visage à la morphologie, en passant par la couleur de peau, les vêtements ou les accessoires, tout peut être ajusté selon vos goûts et vos envies.

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Le créateur de personnages est particulièrement complet.©L'Éclaireur Fnac

Le jeu propose plusieurs modèles prédéfinis très réussis, mais l’intérêt réside surtout dans les possibilités de personnalisation. Chaque élément peut être modifié grâce à un système de points d’ancrage intuitif, et les options de couleur exploitent l’intégralité du spectre RGB, offrant des possibilités quasiment infinies. L’inclusivité est également au rendez-vous, avec une large palette de types physiques, de couleurs de peau et la possibilité de définir librement le genre de son personnage.

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©L'Éclaireur Fnac

Pour aller encore plus loin, Krafton propose même une application « Live Link Face » (actuellement disponible uniquement sur iOS), permettant de scanner votre propre visage pour l’appliquer à votre Zoi. Bien que cette fonctionnalité soit encore en version bêta et présente certaines limitations, elle montre bien que le studio ne recule devant rien pour pousser toujours plus loin les frontières de la personnalisation. Avouons toutefois que cette fonction ne nous a pas franchement convaincus pour le moment. Mais là encore, Krafton a largement le temps de corriger le tir d’ici le lancement officiel.

Test inZOI
Les différents archétypes.©L'Éclaireur Fnac

Enfin, au-delà de l’apparence physique, le jeu vous demande aussi de choisir un trait de personnalité parmi 18 archétypes prédéfinis, qui influenceront le comportement autonome de votre Zoi. Ce système, bien que fonctionnel, peut sembler limité comparé aux approches plus modulaires d’autres jeux du genre, dans la mesure où cela semble restreindre la diversité des personnalités possibles. Il faudra donc surveiller ce point sur la durée.

Un monde ouvert ambitieux, mais encore incomplet

Les deux villes proposées par inZOI – Dowon et Bliss Bay – constituent les terrains de jeu au sein desquels vos Zois évolueront. Une troisième ville inspirée de l’Indonésie, nommée Cahaya, devrait ouvrir ses portes aux joueurs d’ici le mois d’août, de manière totalement gratuite.

Test inZOI
La troisième ville sera disponible plus tard dans l’année.©L'Éclaireur Fnac

Les environnements urbains de ces villes présentent tous une esthétique ultraléchée, pour des atmosphères malgré tout distinctes. Dowon, avec ses gratte-ciels, ses cybercafés et ses karaokés, évoque parfaitement l’ambiance d’une métropole asiatique moderne. De son côté, Bliss Bay et son atmosphère balnéaire, sa plage et sa fête foraine, capture l’essence des villes côtières américaines.

Malheureusement, cette promesse d’un monde ouvert riche et vivant se heurte à plusieurs limitations. Ainsi, de trop nombreux bâtiments ne sont que des façades non accessibles, ce qui réduit d’autant plus les possibilités d’interaction avec l’environnement. Le système de transport pose également problème, particulièrement la conduite automobile, sujette à divers bugs et interruptions par des écrans de chargement qui brisent l’immersion.

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©L'Éclaireur Fnac

Les transports en commun fonctionnent généralement mieux, mais la densité globale des villes laisse tout de même à désirer. Malgré la présence d’autres Zois contrôlés par l’IA, les rues paraissent souvent désertes, et les lieux accessibles restent trop limités dans cette version d’accès anticipé.

Des relations sociales vraiment en chantier

Passons maintenant aux interactions sociales, qui représentent un aspect fondamental de tout simulateur de vie qui se respecte. Malheureusement, ces dernières constituent pour l’heure l’un des points faibles d’inZOI. Ainsi, bien que le jeu propose des options de dialogue variées, les débuts de relations manquent souvent de cohérence et de naturel.

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©L'Éclaireur Fnac

Pour rappel, les Zois sont régis par huit besoins primaires : la faim, l’hygiène, la propreté, le divertissement, la sociabilité, l’énergie, le sommeil et la reconnaissance sociale. Il faut y ajouter des objectifs personnels liés à leur trait de personnalité. Le développement de compétences (esprit critique, charme, programmation, etc.) est aussi de la partie, ce qui offre la possibilité de débloquer de nouvelles options d’interaction.

Le système de karma introduit de son côté une dimension morale intéressante, les bonnes actions étant récompensées et les mauvaises punies. Petite originalité du jeu : ce karma influencera notamment le destin post-mortem de votre Zoi, puisque ceux avec un karma laissant à désirer se retrouvent condamnés à errer comme spectres, en attendant d’atteindre le seuil requis pour accéder enfin à l’au-delà. Cette mécanique semble très prometteuse, mais nous n’avons pas pu la tester dans le cadre de nos sessions.

©Krafton

Quant aux relations amoureuses, amicales et professionnelles, elles progressent via des jauges d’affinité qui se remplissent au fil des interactions. Mais le système manque toutefois de subtilité. Il est en effet possible de passer de parfait inconnu à âme sœur en seulement quelques minutes. De même, les réactions émotionnelles des Zois apparaissent souvent illogiques ou disproportionnées.

Le système de carrière souffre pour sa part de limitations. Sur la quinzaine d’emplois annoncés, seuls six sont réellement jouables, les autres fonctionnant comme dans d’anciens jeux du genre, où le personnage disparaît simplement durant ses heures de travail. Les métiers accessibles proposent diverses tâches à accomplir, mais celles-ci deviennent rapidement répétitives et peu engageantes.

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©L'Éclaireur Fnac

Dans l’ensemble, malgré les réserves initiales que nous avons soulevées, ces systèmes ressemblent à de bons ingrédients pour proposer une expérience intéressante sur le long terme. Il faudra les affiner, mais c’est justement à ça que sert une sortie en accès anticipé. Le plus gros problème actuel à nos yeux est que le comportement des Zois manque souvent de cohérence, ce qui casse vraiment l’immersion. Nous pourrions décrire pendant des heures les réactions étranges des autres personnages, régulièrement en contradiction avec leur caractère supposé ou leurs actions récentes.

Outre les romances express évoquées plus haut, vous pourrez aussi avoir une grosse dispute avec votre conquête du moment, puis la voir se comporter de manière enjouée avec vous juste après, comme s’il ne s’était rien passé. C’est vraiment le point qu’il va falloir le plus surveiller pour les prochaines mises à jour, car de l’amélioration du comportement des Zois va dépendre le succès du jeu.

L’IA comme pierre angulaire de l’expérience

En 2025, l’IA est partout et Krafton a, lui aussi, cherché à capitaliser sur cette tendance. L’intégration de l’intelligence artificielle constitue donc l’un des arguments marketing majeurs d’inZOI, et cette technologie imprègne différents aspects du jeu. Les Zois utilisent la technologie « Co-Playable Character » de Nvidia, leur permettant de prendre des décisions autonomes en fonction de leur personnalité et d’ajuster leurs routines quotidiennes. Mais, comme dit plus haut, ce n’est pas encore vraiment au point.

Plus intéressant pour le moment : l’IA générative est mise à disposition des joueurs via différents outils créatifs. L’imprimante 3D virtuelle permet par exemple d’importer n’importe quelle image pour créer des objets 3D utilisables dans le jeu. La qualité des résultats est assez variable, mais ce ne sont que les premiers pas de cette fonctionnalité et cela promet des possibilités de personnalisation de l’environnement assez folles à l’avenir.

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©L'Éclaireur Fnac

Le jeu propose également de générer par IA des motifs pour les vêtements, de créer des émotes personnalisées à partir de vidéos, ou encore d’importer votre visage depuis l’application mobile. Nous n’avons malheureusement pas eu le temps de tester ces outils.

Enfin, la plateforme Canvas constitue la clé de voûte de cette dimension communautaire, puisqu’elle permet aux joueurs de partager leurs créations (personnages, objets, bâtiments). S’il est bien implémenté, ce système pourrait enrichir considérablement l’expérience au fil du temps, à mesure que la communauté grandira et que les outils s’amélioreront.

Des fondations solides, mais un édifice encore instable

Dans sa version d’accès anticipé, inZOI souffre de nombreux problèmes techniques qui nuisent à l’expérience globale. Les bugs sont fréquents, allant de simples problèmes d’affichage à des situations plus problématiques empêchant certaines interactions ou provoquant des comportements aberrants.

Les déplacements des Zois peuvent être erratiques, certains quittant subitement une conversation pour aller s’asseoir ailleurs avant de revenir comme si de rien n’était. Le système de construction, bien que puissant, manque d’intuitivité et nécessite un temps d’adaptation considérable.

La gestion du temps pose également problème, avec une vitesse d’écoulement mal calibrée. Même en accélérant au maximum (x10), certaines activités comme le sommeil semblent interminables, et l’absence d’option pour « sauter » directement à la prochaine activité prévue peut rendre l’expérience fastidieuse.

Heureusement, l’éditeur Krafton a présenté une feuille de route rassurante, avec quatre mises à jour majeures prévues en 2025 (mai, août, octobre et décembre). En plus d’éradiquer les bugs, elles devraient introduire de nouvelles fonctionnalités (adoption, piscines, etc.), améliorer les relations entre les personnages et enrichir le contenu disponible.

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Conclusion

À date, inZOI est bien le projet ambitieux qui nous a été promis. Ses fondations sont d’ores et déjà solides, mais l’ensemble reste encore largement perfectible. Le titre de Krafton ne peut évidemment pas encore prétendre détrôner Les Sims 4, qui bénéficie de dix années de développement et de nombreuses extensions. Toutefois, l’approche résolument différente d’inZOI, axée sur le réalisme et l’intégration poussée de l’IA, lui permet d’ores et déjà de se démarquer de son redoutable concurrent. Les graphismes et les systèmes de personnalisation du jeu impressionnent d’emblée, mais les mécaniques de gameplay fondamentales et la stabilité technique nécessitent encore du travail de la part des développeurs.
Pour les joueurs disposant d’un PC suffisamment puissant et d’une patience à toute épreuve face aux inévitables problèmes d’une version anticipée, inZOI offre déjà une expérience intéressante. Les autres feraient sans doute mieux d’attendre quelques mises à jour – voire la sortie de la version finale, sans doute dans un an, pour découvrir ce titre dans des conditions plus favorables.

Article rédigé par
Sofian Nouira
Sofian Nouira
Journaliste