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Test Labo du Canon EOS-1D X Mark III : que vaut le reflex le plus haut de gamme de la marque ?

11 mars 2020
Par Marielle Masounave, Laure Renouard
Test Labo du Canon EOS-1D X Mark III : que vaut le reflex le plus haut de gamme de la marque ?

En résumé

Modèle le plus perfectionné du catalogue de Canon, l’EOS-1D X Mark III adresse une cible de professionnels travaillant dans des conditions particulières : dans l’univers du sport d’abord, le reflex comptant sur la rapidité de son autofocus pour séduire, mais aussi dans celui de la photo en environnements difficiles, qu’il s’agisse de clichés animaliers ou de reportages. C’est donc un public de niche que le fabricant japonais entend convaincre, et plus encore des usagers venant de l’univers D X. C’est à eux qu’une ergonomie conservatrice, agrémentée de touches de modernité (son bouton sensitif, son rétroéclairage), devrait plaire en priorité, tandis que la qualité d’image est au rendez-vous. Est-ce à dire qu’elle est à la hauteur des plein-format hybrides, ou même des reflex premium des marques concurrentes ? Nos tests en situation montrent des faiblesses quant à la restitution de certains détails, et on relève une ergonomie un peu moins versatile. Néanmoins, la qualité globale de ce 1D X III, sa conception tropicalisée, son autonomie en nette hausse et la rapidité de son autofocus sont à même de séduire les photographes en quête d’un appareil pensé pour des conditions extrêmes.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Conception robuste
  • Autonomie en nette hausse
  • Autofocus rapide
  • Mode RAW en vidéo
Les moins
  • Une ergonomie discrètement retouchée
  • Une restitution des détails en retrait sur certains éléments

Notre test détaillé

Il était attendu de pied ferme, selon un calendrier précis : comme le D6 de Nikon, le Canon EOS-1D X Mark III constitue la proposition la plus haut de gamme du fabricant japonais, et sa sortie coïncide avec l’un des grands événements de l’année. Ce modèle, tourné vers les professionnels et en particulier vers les spécialistes de la photo sportive, devait être prêt à temps pour les Jeux olympiques de Tokyo, prévus l’été prochain. Le boîtier, officialisé en tout début d’année, commence à être disponible, et permet à ceux qui investissent de l’appréhender en amont des rencontres internationales – mais aussi à notre Laboratoire d’essais de le mettre à l’épreuve.

Le produit utilisé lors de ce test, réalisé en avant-première, nous a été prêté par le fabricant. Nous le mettrons à jour ultérieurement avec les données récoltées lors d’un test réalisé à partir d’un appareil issu du stock de la Fnac.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, rappelons que l’EOS-1D X III est le dernier-né d’une série lancée en 1989 avec le Canon EOS-1, devenue en 2012 EOS-1D X. Le boîtier Mark II sortait en 2016, et quatre années plus tard voyait le jour l’appareil qui nous intéresse ici, estampillé Mark III. L’objectif de la famille 1D reste identique : ces boîtiers sont conçus pour incarner le meilleur du savoir-faire de Canon, et sont à ce titre les plus onéreux. Ils se destinent à un public de professionnels.

Canon EOS-1D X Mark III

© LaboFnac

C’est donc à ce titre que l’appareil propose une fiche technique de haute volée. L’EOS-1D X III dispose d’un capteur CMOS, plein format bien sûr, de 20,1 mégapixels. Celui-ci est associé à un processeur d’images Digic X conçu pour améliorer la vitesse de prise de vue – jusqu’à 20 images par seconde en liveview, et 16 ips avec le viseur. Les améliorations par rapport au 1D X II touchent aussi bien l’autofocus, qui profite désormais de 191 collimateurs et associe la détection de visage à des algorithmes améliorés, que la plage ISO (de 100 à 102 400 ISO, ou jusqu’à 819 200 ISO en mode étendu) ou encore la vidéo. Celle-ci est désormais enregistrée en DCI 4K à 60p, mais aussi de RAW vidéo 5,5k (60p), ce que n’autorisait pas le Mark II. La connectique a évidemment gagné en modernité, avec l’apparition de l’USB-C, des WiFi et Bluetooth intégrés, mais aussi d’un double port CFexpress. La connectique Ethernet est également maintenue pour le transfert filaire des clichés et vidéos.

Canon EOS-1D X Mark III

© LaboFnac

Nous avons de notre côté testé l’EOS-1D X III avec une optique digne de son positionnement haut de gamme, l’EF 24-70mm f/2,8 L II USM.

Le design et l’ergonomie

D’un point de vue strictement physique, Canon ne change en rien ou presque à son 1D X II. Le boîtier conserve des dimensions de 15,8 × 16,76 × 8,26 mm, pour un poids légèrement revu à la baisse. Si, batterie incluse, le 1D X II pesait 1,53 kg, le Mark III pèse 1,44 kg. Une différence minime certes, mais tout de même appréciable pour l’utilisateur, qui profite néanmoins d’une conception toujours aussi robuste. Le boîtier est ainsi tropicalisé – il est capable de résister à des taux d’humidité de 85 % et est conçu pour fonctionner de 0 à 45°C. Si nous n’avons pas pu l’évaluer dans des conditions aussi extrêmes, force est de constater que les loquets qui permettent d’assurer la bonne fermeture du logement pour cartes mémoire et le maintien de la batterie inspirent confiance. De même, les connecteurs physiques, situés sur le flanc gauche du boîtier, sont protégés par des capuchons caoutchoutés évitant les risques d’oxydation.

Canon EOS-1D X Mark III

© LaboFnac

L’EOS-1D X III ne surprend pas en termes d’ergonomie. Rien n’a changé, ou presque : la poignée principale est bien creusée et assure une confortable prise en main, tandis que la partie inférieure, qui se transforme elle aussi en poignée lorsque l’appareil est tenu en mode portrait, est un peu moins adaptée aux grandes mains. La disposition des boutons et molettes permet toutefois un usage dans les deux configurations sans difficulté, d’autant que tout, sur ce boîtier professionnel, est conçu pour simplifier l’accès aux réglages. Pas besoin de naviguer dans des sous-menus complexes, donc : pour accéder aux ISO, à la balance des blancs ou à l’exposition, des boutons dédiés sont là. Pour les menus toutefois, le choix est offert à l’utilisateur, qui peut naviguer avec la molette “signature” de Canon ou bien profiter de son écran tactile. Conception robuste oblige, celui-ci n’est pas orientable. Il conserve sa diagonale de 3,2 pouces et gagne en finesse d’affichage : il propose 2,1 millions de points contre 1,62 million sur le 1D X II.

Canon EOS-1D X Mark III

© LaboFnac

On constate que la disposition des boutons n’a pas changé, à l’exception de l’arrivée bienvenue d’un système de rétroéclairage associé à un capteur de luminosité : il s’active donc automatiquement. Une touche a tout de même été modernisée : le bouton AF-ON est désormais sensitif. Il est réellement sensible et permet notamment de choisir les collimateurs lors de la mise au point avec une finesse appréciable. Ce bouton fait un peu doublon avec le joystick, mais, conservateur, Canon l’a maintenu : les habitués de ses produits ne seront donc pas déroutés. Toujours au rayon de l’autofocus, on apprécie la rapidité du mode rafale, en visée optique ou en liveview, d’autant que le suivi des visages est très efficace.

Canon EOS-1D X Mark III

© LaboFnac

Remarquons pour clore ce tour d’horizon que l’EOS-1D X III accueille comme le modèle Mark II une batterie LP-E19 ou LP-E4N. Canon a nettement travaillé sur l’autonomie de son nouveau boîtier, estimée à 2850 clichés au lieu de 1210 avec son prédécesseur. Lors de nos essais, nous avons pu constater sa bonne tenue, malgré nos sollicitations.

La résolution

Rappelons que le Canon EOS-1D X III propose un capteur plein-format de 20,1 mégapixels – comme son prédécesseur – mais associé à un processeur d’images désormais baptisé Digic X. Il est associé pour ce test à l’objectif Canon EF 24-70mm f/2,8 L II USM, un zoom transtandard à grande ouverture.

Canon EOS-1D X Mark III

© LaboFnac

Le duo propose de bonnes capacités de recadrage, du moins au 28 et au 70 mm où les résultats sont convaincants. C’est un peu moins probant au 50 mm, où les capacités de recadrage sont légèrement moins importantes. Sur la plus courte focale, il est possible de rogner jusqu’à 68,6 % de l’image selon nos critères (un tirage 20 x 30 cm) et sans dégradation perceptible de la qualité. Cette capacité de recadrage atteint 67,5 % au 70 mm. Les utilisateurs pourront donc ne conserver qu’un tiers de l’image environ si un besoin de recadrage se présente.

On remarque également que le centrage est excellent, c’est-à-dire que la résolution est plus grande au centre de l’image, et que l’homogénéité de celle-ci est bonne également avec très peu d’écarts de résolution mesurés entre le centre et les bords. Au 50 mm, cette homogénéité est bonne également, mais légèrement inférieure.

La restitution des détails

Pour évaluer la sensibilité, nous soumettons notre scène test aux appareils photo afin d’évaluer leur niveau de restitution des détails en situation. Cette scène test se compose de modules avec différentes matières, textures et couleurs, tandis que nous avons choisi deux situations : un niveau d’éclairement moyen (500 Lux), équivalent à celui d’un salon en lumière tamisée, et un niveau d’éclairement bas (250 Lux), correspondant à une lumière du crépuscule. L’appareil est quant à lui réglé sur le mode automatique.

Dans cette première situation, notre Canon 1D X III associé à l’optique EF 24-70mm f/2,8 L II USM parvient efficacement à restituer les détails de notre scène test, même si certaines situations semblent moins simples que d’autres, comme la carte Ethernet ou le réglet. Il nous faut remarquer que les détails y sont restitués moins finement que sur d’autres boîtiers sortis récemment, puisqu’il est par exemple impossible de distinguer les fines inscriptions sur les Lego. Plus parlant peut-être, le cas des tissus blancs intégrés à notre mire met en lumière une nette différence avec les autres boîtiers haut de gamme : l’EOS-1D X III reste loin des autres modèles premium, qui restituent davantage de nuances. Sur les patchs centraux de notre mire, on peut ainsi distinguer la matière, mais pas avec la précision attendue… À la décharge du modèle de Canon, on peut certes noter que certains capteurs des boîtiers haut de gamme concurrents, sont plus musclés en nombre de pixels, comme c’est le cas des hybrides Nikon Z7, Sony A7R IV ou Panasonic Lumix S1 et S1R pour ne citer qu’eux. Même si tous ces boîtiers ne sont pas destinés aux mêmes usages, le 1D X III donne le sentiment de proposer le service minimum en matière de qualité d’image, dans cette catégorie d’appareils experts. C’est d’autant plus étonnant que Canon utilise un capteur mieux défini sur son EOS R, dont les images nous avaient franchement convaincus.

À 250 Lux, les résultats obtenus sont sensiblement les mêmes, comme on le constate régulièrement avec des appareils d’un tel calibre où la gestion d’une luminosité plus faible est très maîtrisée. Le Canon EOS-1D X III est satisfaisant dans toutes les situations, et on remarque des “faiblesses” similaires à celles rencontrées à 500 Lux, à savoir des détails un peu moins visibles sur la carte Ethernet ou sur le réglet.

Retrouvez ci-dessous quelques images capturées à l’aide de l’EOS-1D X Mark III associé à son optique 24-70 mm. Elles ont été redimensionnées pour s’adapter à une consultation en ligne.

Les qualités optiques

Le Canon EOS-1D X associé à l’optique EF 24-70mm f/2,8 L II USM propose d’excellentes qualités optiques. Le système ne présente pas de défaut majeur, que ce soit en matière d’astigmatisme, de distorsion géométrique, ou d’aberrations chromatiques. Il n’y a rien à redire.

La vidéo

Présenté comme un boîtier professionnel polyvalent, l’EOS-1D X III se veut aussi vidéaste que photographe. Il propose à ce titre de nouvelles options, à commencer par la possibilité de filmer en 5,5K à 60 images par seconde et en RAW. La compatibilité avec le format Canon LOG (4.2.2 10 bits) est lui aussi assuré, de même qu’un usage avec des optiques cinéma au format Super 35 mm. En vidéo, l’autofocus Dual-Pixel (détection des visages et suivi AF inclus) reste de mise, ce qui était déjà proposé sur le 1D X II. Si l’on apprécie les améliorations apportées au boîtier, on regrette que l’ergonomie n’ait pas réellement évolué : pour basculer du mode photo au mode vidéo, la manipulation demande de pousser un commutateur physique puis de cliquer sur le bouton déclencheur, situé très près du viseur. Dans des conditions difficiles (avec des gants, par exemple) et compte tenu de son emplacement très proche du viseur, on a vu plus pratique, et surtout plus rapide : pour saisir le moment, mieux vaut donc avoir de bons réflexes.

Conclusion

Modèle le plus perfectionné du catalogue de Canon, l’EOS-1D X Mark III adresse une cible de professionnels travaillant dans des conditions particulières : dans l’univers du sport d’abord, le reflex comptant sur la rapidité de son autofocus pour séduire, mais aussi dans celui de la photo en environnements difficiles, qu’il s’agisse de clichés animaliers ou de reportages. C’est donc un public de niche que le fabricant japonais entend convaincre, et plus encore des usagers venant de l’univers D X. C’est à eux qu’une ergonomie conservatrice, agrémentée de touches de modernité (son bouton sensitif, son rétroéclairage), devrait plaire en priorité, tandis que la qualité d’image est au rendez-vous. Est-ce à dire qu’elle est à la hauteur des plein-format hybrides, ou même des reflex premium des marques concurrentes ? Nos tests en situation montrent des faiblesses quant à la restitution de certains détails, et on relève une ergonomie un peu moins versatile. Néanmoins, la qualité globale de ce 1D X III, sa conception tropicalisée, son autonomie en nette hausse et la rapidité de son autofocus sont à même de séduire les photographes en quête d’un appareil pensé pour des conditions extrêmes.

Article rédigé par
Marielle Masounave
Marielle Masounave
Responsable des tests photo
Laure Renouard
Laure Renouard
Journaliste