Nikon venant de dévoiler son premier hybride à capteur plein-format, l’heure est aux explications. À quoi correspond-il vraiment et quel est l’intérêt de ce capteur pour le photographe ? Plus de détails ci-dessous.
Avant que le monde de la photo ne devienne quasiment exclusivement numérique, les capteurs n’existaient pas. Les informations étaient recueillies par les pellicules, de format 135 (plein-format, c’est-à-dire 24×36) ou 220 (moyen-format), pour ne citer que les deux plus utilisés. Ainsi, les constructeurs adaptaient les appareils au format qu’ils souhaitaient couvrir. Mais avec l’avènement du numérique, des capteurs de taille et de résolution différentes ont fait leur apparition dans les appareils.
Quels sont les différents formats de capteurs photo ?
Selon les types d’appareils et les gammes, il existe de nombreux formats de capteurs. Et même entre les différentes sous-catégories (CCD, CMOS), on trouve des variations dans leur taille réelle. Celui qui nous intéresse tout particulièrement ici, et qui s’adresse aux boîtiers professionnels, c’est le plein-format ou full-frame, dont les dimensions sont de 24 x 36 mm. On retrouve ce format de capteur chez des produits tels que le Nikon D850, le Canon EOS 1DX côté reflex, ou les Sony Alpha 7 et Alpha 9 côté hybrides. Le Nippon est pour l’instant le seul à produire des hybrides full frame pour le moment, et ses appareils lui permettent d’ailleurs d’être le premier vendeur d’appareils plein format (hybrides et reflex confondus) aux USA en 2018.
Le capteur APS-C est celui qui est le plus souvent cité lorsqu’on évoque de légères différences de taille et les fameux crop factor de Nikon (1,5x) et Canon (1,6x). L’APS-C de Nikon fait par exemple 23,5 x 15,6 mm (D500, D7500…) tandis que celui de Canon mesure environ 22,5 x 15 mm (6D II, 77D…). Pour explication, le crop factor ou coefficient multiplicateur est le cadre de l’image (ici APS-C) par rapport au format de référence, le plein-format. Nous reviendrons un peu plus bas sur cette notion.
On retrouve également de l’APS-C chez Fujifilm, avec le récent X-H1. Très populaire également, le format micro 4:3 (17,3 x 13 mm) est particulièrement utilisé par Panasonic sur ses G9 ou GH5, mais aussi par Olympus avec ses E-M1, E-M5, E-M10 ou certains PEN.
Enfin, de plus petits capteurs sont présents sur les appareils compacts – et les smartphones – où la recherche de compacité a permis leur émergence. On trouve ainsi différents formats de capteur : 1 pouce, 1/1,7 pouce, 1/2 pouce, 1/2,3 pouce, ou 1/2,5 pouce.
Les avantages d’un capteur plein-format
Nous voilà aujourd’hui arrivés à l’âge où les constructeurs parviennent à intégrer une foule de composants professionnels dans des boîtiers moins imposants que les reflex standard. Les hybrides plein-format de Sony ont lancé le mouvement en 2013 avec la sortie de l’Alpha 7, en supprimant le miroir et en optant pour des viseur électronique OLED de bonne facture. La stabilisation mécanique est venue avec les générations, jusqu’à l’Alpha 9, qui s’est immédiatement positionné comme un sérieux rival aux reflex professionnels des deux géants que sont Canon et Nikon.
Directement hérité de l’argentique et du format des pellicules 135 (35 mm), le plein-format est devenu la norme. Il est donc plus simple de s’y retrouver, sans avoir besoin de passer par les conversions qu’imposent les autres formats. Expliquons-nous : à focale identique, un capteur plus petit que notre full-frame couvre un champ plus restreint et donnera l’impression d’avoir recadré l’image. Ainsi, un objectif 50 mm sur un capteur plein-format est bien un 50 mm, tandis qu’une optique 50 mm sur un APS-C correspond à un 75 mm en équivalent 24×36. Ce rapport entre des focales de 50 mm et 75 mm sur boîtiers à capteurs APS-C correspond à ce que l’on nomme le coefficient multiplicateur. Pour les capteurs APS-C de Nikon ou Sony, par exemple, il est donc de 1,5x, comme nous l’indiquions plus haut. Directement lié au point précédent, le plein-format permet donc d’obtenir des objectifs de plus grand-angle, et d’éviter les défauts optiques qui y sont associés.
Mais les autres avantages qui sont directement liés à la taille de ce capteur sont ceux qui séduisent tout particulièrement les professionnels. Les grands capteurs permettent en effet de capturer plus de lumière grâce à des photosites plus gros. En effet, si l’on prend des capteurs de tailles différentes, mais de résolutions identiques, par exemple 20 mégapixels, les photosites du plus grand capteur seront plus importants. Cela permet de réduire la durée d’exposition pour une même quantité de lumière reçue, ce qui favorise aussi une image plus nette et une aisance dans des conditions où la lumière se fait rare. Certains constructeurs en profitent aussi pour offrir de grandes résolutions (45 mégapixels, par exemple) pour une taille de photosites qui reste sensiblement la même que sur un APS-C.
Le plein-format favorise également la montée en sensibilité. En effet, si les photosites capturent plus de photons, ils peuvent en quelque sorte se permettre de générer plus de bruit avant que celui ne devienne visible ou gênant.
Le plein-format convient-il à tous les usages ?
Si le plein-format favorise le grand-angle, les capteurs de petite taille favorisent les longues focales, ce qui peut intéresser les photographes animaliers ou sportifs. Le coefficient multiplicateur est ici à l’avantage des APS-C et autres capteurs de plus petite taille.
Les téléobjectifs pour plein-format sont justement donc plus difficiles à obtenir, et à focale et ouverture équivalente, un objectif plein-cadre coûte beaucoup plus cher que les autres. Les systèmes sont en outre beaucoup plus lourds et plus encombrants. En cela, l’hybride plein-format constitue un compromis idéal et on comprend aisément pourquoi les professionnels et les marques s’y intéressent de plus en plus.
Un dernier inconvénient – ou avantage, c’est selon – à mettre au crédit du plein-format, tient à ce qu’il offre une plus faible profondeur de champ que les autres capteurs à focale et ouverture équivalente. Les photographes de rue pourraient alors préférer de plus petits capteurs, qui en plus de les rendre plus discrets, permettent de rendre nette une plus grande portion de l’image.