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Test de Shadow of the Colossus : La contre-attaque des titans

11 février 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Shadow of the Colossus : La contre-attaque des titans

En résumé

Les années passent et on a beau déjà tout savoir de Shadow of the Colossus, le charme opère chaque fois un peu plus. Et s’il fallait une certaine dose d’imagination à l’époque pour cerner toute la grandeur de la création de Fumito Ueda sur PS2, ce remaster lui confère enfin toute la majesté visuelle et l’impact émotionnel qui lui reviennent de droit.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Le polissage de l'un des titres les plus grandioses de ces dernières années
  • Enfin des clichés dignes de ce nom grâce aux options du mode Photo
  • Une ambiance sonore bouleversante qui donne les frissons
  • Quatre configurations manette distinctes et une fluidité à toute épreuve
  • Un dénouement à la hauteur de l'épopée vécue
  • De tout nouveaux mystères à percer à travers le monde du jeu
  • Trois modes de difficulté différents et des surprises à débloquer en New Game +
Les moins
  • Sensations de jeu inchangées qui peuvent rebuter
  • Il reste quelques soucis de caméra gênants
  • L'envie d'interrompre le jeu toutes les 10 secondes pour prendre une photo…

Notre test détaillé

Bien qu’ayant immédiatement marqué les esprits en 2005 sur PS2 par la véhémence et la singularité de son propos, l’ambitieux Shadow of the Colossus n’est-il pas finalement sorti trop tôt ? Si une première refonte HD lui avait déjà permis de se rapprocher de l’impact visuel souhaité par son créateur, Fumito Ueda, le résultat s’avérait toutefois sans commune mesure avec ce somptueux remaster PS4.
(Ce test a été effectué sur PlayStation 4.)

Dans l’espoir de ressusciter sa bien-aimée dont il transporte avec lui la fragile dépouille, un cavalier s’aventure seul dans une contrée dévastée à l’écart de la civilisation. C’est là, dit-on, que réside celui qui pourrait exaucer son vœu, et le jeune homme est résolu à tous les sacrifices pour obtenir ce qu’il est venu chercher. Mais le dieu n’exaucera son souhait que s’il parvient à mener à bien un affreux rituel d’extermination ayant pour finalité la mise à mort des seize colosses qui hantent ces terres. Les abattre un à un permettrait de renverser les seize idoles du temple dont ils sont les incarnations, et peut-être ressusciter la jeune femme…

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Accomplir l’impensable

Guidés par une épée de lumière seule capable de terrasser ces titans déchaînés, mais aussi de détecter leur présence, notre tâche première consiste à localiser ces colosses par-delà les vastes contrées du jeu. Une épopée faite d’errances et de longues chevauchées à travers d’immenses étendues désolées, à la recherche de ces terribles créatures prêtes à nous écraser d’une pichenette. Une fois la bête en visuel, le rayon lumineux de notre lame nous dévoile ses failles, soit autant de points faibles qu’il convient de frapper du tranchant de notre arme pour faire flancher notre proie.

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Toute la dimension épique de ces affrontements pour le moins inégaux réside dans la complexité à se hisser sur le corps des colosses en agrippant leur fourrure et en s’accrochant là où l’on peut pour éviter de se faire éjecter à la moindre secousse. On passe ainsi de la fragilité absolue d’un être malmené comme un fétu de paille par des titans plus gigantesques que des montagnes à la violence des frappes chargées capables de terrasser ces monstrueux colosses dès lors qu’elles touchent les points sensibles de ces fascinantes créatures.

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Un modèle d’inventivité

Le plus frappant dans Shadow of the Colossus n’est ni la démesure de ces combats d’un autre temps ni l’ambiance tragico-mélancolique qui règne dans le jeu, mais bien l’inventivité des situations auxquelles nous sommes confrontés. La manière dont il faut bien souvent ruser pour parvenir à s’agripper sur ces colosses mobiles doués de raison, en exploitant des astuces qui jamais ne se répètent, témoigne de la créativité remarquable de Fumito Ueda (ICO, The Last Guardian). Voilà pourquoi Shadow of the Colossus est de ces jeux que l’on ne peut s’empêcher de refaire de temps à autre pour se remémorer avec fascination les instants magiques durant lesquels le titre avait su nous éblouir la toute première fois. Et que dire de l’ambiance sonore bouleversante qui s’ajuste avec les compositions fantastiques de Kow Otani pour nous donner les frissons ?

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Beau à couper le souffle

Ayant déjà eu droit à une jolie refonte en 2011 sur PS3 dans la gamme Classics HD aux côtés d’ICO, le titre franchit là un cap autrement plus impressionnant sur le plan visuel. Le travail réalisé au niveau des graphismes se traduit surtout par une bien meilleure lisibilité des décors, ce qui n’est pas du luxe lorsqu’il s’agit de deviner où s’accrocher dans la roche ou sur les poils touffus des colosses. Reconnaissons que, sur PS2, il fallait quand même faire preuve d’une imagination certaine pour se laisser porter par l’ambiance épique du titre en dépit de la pauvreté des textures. Avec ce remaster PS4, l’immersion se voit grandement facilitée tant les panoramas respirent de majesté. Inutile de souligner à quel point ce polissage à grande échelle décuple le panache des affrontements, les colosses se mouvant avec une vigueur sidérante qui nous incite à mettre constamment le jeu en pause pour tenter d’immortaliser l’instant sur la pellicule !

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Des clichés enfin à la hauteur

Ainsi, l’ajout d’un mode Photo extrêmement complet en termes d’options donne à lui seul l’envie d’en découdre à nouveau avec ces créatures au design si insolite et troublant. L’arrêt sur image permet non seulement de recadrer la scène en déplaçant, éloignant ou rapprochant l’angle de vue de manière très libre, mais aussi de tester une batterie non négligeable de filtres qui ajoutent un cachet mystique à nos photos. Certes, l’option n’a rien de révolutionnaire, mais il faut admettre qu’elle apporte à un titre comme celui-ci un énorme plus par rapport aux versions précédentes.

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Ce remaster s’agrémente par ailleurs de trois nouvelles configurations manette bienvenues, même si cela n’altère en rien les sensations de jeu qui peuvent rebuter par leur caractère laborieux, d’autant que la caméra sait toujours se montrer capricieuse. Le temps investi dans l’apprivoisement du gameplay de Shadow of the Colossus garantit cependant une expérience inoubliable, même s’il s’avère parfois ardu de parvenir à faire exactement ce que l’on souhaite sans bavure.

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« Too many secrets »

Enrichi d’une copieuse galerie d’artworks dont le contenu ne se débloque qu’en se frottant à l’ensemble des challenges proposés, le jeu nous invite à ne pas faire l’impasse sur ses trois variantes de difficulté, le dernier mode compliquant considérablement la mise à terre des colosses. N’oublions pas non plus que, au-delà de l’extermination des créatures, le fait d’explorer les environnements en profondeur permet de découvrir par soi-même les innombrables subtilités que renferme cet univers.

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Tous ces à-côtés optionnels décuplent l’intérêt et la durée de vie du titre, déjà généreux en contenu post-game. Il serait dommage de terminer l’aventure en passant à côté de ses secrets, ne serait-ce que l’exécution des folles acrobaties équestres réalisables sur le dos d’Argo ou la quête inédite des pièces scintillantes menant à une mystérieuse récompense. Voilà sans aucun doute le moment idéal pour découvrir ou redécouvrir ce chef-d’œuvre du jeu vidéo !

Conclusion

Les années passent et on a beau déjà tout savoir de Shadow of the Colossus, le charme opère chaque fois un peu plus. Et s’il fallait une certaine dose d’imagination à l’époque pour cerner toute la grandeur de la création de Fumito Ueda sur PS2, ce remaster lui confère enfin toute la majesté visuelle et l’impact émotionnel qui lui reviennent de droit.

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