En résumé
Sans sa myriade de contenus annexes minutieusement scénarisés, Assassin’s Creed Origins aurait pu louper le coche tant sa trame principale semble terne en comparaison du reste du jeu, si finement ciselé. Il faut dire que jamais encore un épisode de la série n’était parvenu à nous happer à ce point dans son univers, chaque nouvelle région relançant de plus belle notre curiosité et notre envie de ne laisser aucun secret derrière nous. Le soleil de l’Égypte semble avoir porté chance à cet épisode qui redonne à la série cette aura de fascination qu’elle avait à ses débuts.
Note technique
Les plus et les moins
- Un terrain de jeu grandiose, fascinant et imprévisible
- Le folklore, la culture et les paysages de l'Egypte ptolémaïque
- La vision d'aigle de Senu, pertinente et en parfait accord avec l'esprit du jeu
- Les notions de RPG bien intégrées en complément de l'arbre des compétences
- Des affrontements qui gagnent en cohérence et en technicité avec un panel d'armes plus varié
- Enfin une vraie diversité dans les missions secondaires (toutes scénarisées) et les activités annexes
- Le principe des objectifs propres à chaque lieu qui incite à aller au bout des choses
- Des allures de prouesse technique malgré la durée des chargements et les bugs occasionnels
- Un fil rouge pas vraiment à la hauteur des enjeux qu'il soulève sur l'ensemble de la série
- L'obligation dissimulée d'enchaîner les quêtes « annexes » pour rester au niveau
- Des tombeaux qui manquent de profondeur
- N'échappe pas à la mode des micro-transactions
- Le mode Discovery Tour pas disponible avant début 2018...
Notre test détaillé
Comme pour symboliser son désir de prendre un nouveau départ, la série Assassin’s Creed nous emmène cette fois aux origines de la confrérie pour une virée en Égypte à la rencontre de l’une des plus grandes civilisations de l’histoire du monde.
Ce test a été effectué sur une PlayStation 4.
Ubisoft a donc choisi la beauté des paysages de l’Égypte antique pour nous relater la naissance du credo des assassins en 49 av. J.-C. Le scénario d’Assassin’s Creed Origins prend ainsi place durant la dernière dynastie ptolémaïque, deux ans après la nomination de Cléopâtre VII et de son jeune frère Ptolémée XIII à la tête du pays. Entre les luttes de pouvoir et les enjeux personnels, un homme va, sans le savoir, jouer un rôle déterminant dans cette période de troubles. Bayek, « la triste mine de Siwa », le Medjaÿ protecteur des opprimés, a beau n’être motivé au départ que par une irrépressible soif de vengeance, sa quête personnelle le conduira à faire basculer le cours de l’Histoire de l’Égypte en donnant naissance à la confrérie des assassins.
Envie d’évasion
Inutile de souligner à quel point cet épisode revêt une importance toute particulière au sein de la franchise, les joueurs plaçant en lui des attentes d’autant plus justifiées que la franchise était en perte de vitesse ces dernières années. À l’évidence, le choix de la période historique paraît d’emblée tout à fait approprié, la conquête de l’Égypte par Alexandre le Grand ayant entraîné un mélange on ne peut plus intéressant à exploiter dans le cadre du jeu : celui de la culture gréco-romaine et des traditions égyptiennes séculaires.
Le dépaysement est total et le formidable travail de reconstitution historique permet à Origins d’offrir bien plus que de simples dunes de sable à parcourir. La singularité de cette période charnière de l’histoire de l’Égypte qui subit l’influence de l’Empire romain se traduit par une mixité d’environnements tous plus grandioses les uns que les autres. On passe des grandes pyramides à la bibliothèque d’Alexandrie dans l’émerveillement le plus total compte tenu de la prouesse technique réalisée par le soft sur le plan graphique et artistique, en dépit de chargements toujours un peu longuets et de bugs rencontrés çà et là.
Le folklore et les paysages de ces territoires confèrent à notre voyage une dimension exotique qui n’a plus rien à voir avec ce que l’on avait connu dans la série. La grande traversée du désert s’effectue à dos de chameau sous un soleil de plomb propice aux mirages, les marais grouillant d’hippopotames et de crocodiles ne sont navigables que sur de fragiles felouques, et les éléphants de guerre attendent de pied ferme les joueurs qui n’ont pas froid aux yeux.
La question du fil rouge
En plus d’offrir un terrain de jeu réellement grandiose et fascinant, le titre étonne surtout par le caractère imprévisible de ses situations. Parce qu’il s’efforce enfin de s’aligner sur les mondes ouverts les plus « vivants » de ces dernières années, ce nouvel Assassin’s Creed refaçonne l’IA des PNJ (personnages non-joueurs) pour donner davantage de crédibilité à leur quotidien selon la période de la journée. Résultat, il se passe toujours quelque chose d’inattendu dans les villages, comme des attaques de prédateurs ou tout autre événement requérant une intervention salvatrice de notre part, que nous sommes libres de leur octroyer ou non.
Et c’est justement parce qu’on ne se sent obligé à rien que notre curiosité nous pousse constamment à mettre notre grain de sel partout, ce qui nous éloigne constamment du fil rouge proposé par le jeu. Il faut dire que la trame principale d’Origins constitue probablement le plus gros point noir du titre, le scénario n’étant clairement pas à la hauteur du potentiel qui était le sien sur le papier. La faute aussi à des personnages principaux qui manquent d’aspérités, surtout lorsqu’il est question des plus grandes figures du jeu telles Cléopâtre, Ptolémée, César ou même Bayek et sa compagne Aya. On était en droit d’attendre davantage de ce fil rouge qui, paradoxalement, a le mérite de nous inciter à nous éloigner de lui pour nous tourner vers la myriade de contenus facultatifs nettement plus attractifs.
Vers les routines du RPG
Car ce sont bien ces activités optionnelles qui font toute la richesse de cet épisode, les quêtes annexes étant toutes scénarisées et dignes d’intérêt, avec en prime un joli quota d’XP à la clé. Tout est prétexte ici à faire grimper notre jauge d’expérience, le niveau de Bayek augmentant d’autant plus vite que la moindre initiative se voit récompensée.
Propulsé dans un terrain de jeu aussi immense, le joueur n’a de toute façon qu’une envie : celle de se balader librement dans cet incroyable environnement qui grouille de mystérieux points d’interrogation donnant lieu à des quêtes secondaires ou des activités insolites. L’exploration est aussi l’occasion de prendre de la hauteur pour être saisi par le gigantisme et la majesté des panoramas qui se révèlent bien plus diversifiés que les simples dunes de sable attendues. Origins en profite d’ailleurs pour revoir les fondamentaux relatifs à l’infiltration et au système de combat, ce dernier s’avérant nettement plus technique que par le passé. Il repose désormais sur l’acquisition de différents types d’armes qui impliquent chacune des approches différentes, avec une importance inédite accordée aux parades au bouclier. Et cela va de pair avec le comportement des ennemis, beaucoup plus cohérent et opiniâtre que par le passé, ce qui ne nous laisse guère le droit à l’erreur et nous oblige à ruser, par exemple en ouvrant les cages des lions en captivité, en empoisonnant des cadavres ou en domptant différents prédateurs.
Level-up obligatoire
Assumant pleinement sa nouvelle identité d’Action-RPG, le soft articule toute sa progression autour de la montée en puissance du héros, et surtout sur l’expérience accumulée en réalisant un maximum d’activités facultatives. On a beau booster notre équipement autant que possible, c’est bien l’écart de niveau entre Bayek et ses opposants qui fera toute la différence, affronter un simple soldat disposant de trois niveaux de plus que nous conduisant irrémédiablement au suicide.
Un choix qui pourra diviser puisqu’il rend finalement quasi obligatoire l’accomplissement de quêtes prétendument « annexes », mais qui nous incite ainsi à profiter au maximum de tout ce que ce terrain de jeu a à nous offrir. Libre à nous de profiter des incroyables capacités de notre aigle Senu pour chasser en repérant les animaux qui détiennent les matériaux que l’on convoite ou pour localiser les gardes qui protègent un camp ennemi en vue de son infiltration discrète. Voire de s’adonner aux courses de chars sur l’hippodrome et aux combats dans l’arène de gladiateurs entre deux explorations de tombeaux, même si ces derniers se montrent bien en deçà de nos attentes. Et si la grande majorité des objectifs sont balisés à l’excès, ce n’est pas le cas des énigmes de type chasse au trésor relatives à l’acquisition des rouleaux de papyrus ou à la recherche des constellations liées à l’emplacement de cercles des pierres mystérieux.
Les sables du temps
On trouve tellement de choses à entreprendre durant la quarantaine d’heures de jeu passée à découvrir le titre que la lassitude ne survient jamais, là où les précédents volets peinaient justement à nous motiver dans l’accomplissement des objectifs secondaires. Un atout indéniable pour Origins qui autorise d’ailleurs l’abandon temporaire de n’importe quelle quête pour la reprendre plus tard au moment voulu.
Mais le soft n’échappe pas à la mode des micro-transactions puisque le sous-menu donne un accès direct au magasin dans lequel les plus pressés pourront dépenser de l’argent réel afin de gagner du temps en améliorant les chances de survie de leur personnage sans trop se fatiguer. On regrette enfin que les informations concrètes relatives aux éléments historiques de l’Époque ptolémaïque ne soient pas suffisamment détaillées. Il faudra donc attendre l’intégration dans le jeu du mode Discovery Tour pour une immersion pédagogique (et gratuite) dans l’Égypte de Cléopâtre, mais cela ne se fera pas avant 2018…
Conclusion
Sans sa myriade de contenus annexes minutieusement scénarisés, Assassin’s Creed Origins aurait pu louper le coche tant sa trame principale semble terne en comparaison du reste du jeu, si finement ciselé. Il faut dire que jamais encore un épisode de la série n’était parvenu à nous happer à ce point dans son univers, chaque nouvelle région relançant de plus belle notre curiosité et notre envie de ne laisser aucun secret derrière nous. Le soleil de l’Égypte semble avoir porté chance à cet épisode qui redonne à la série cette aura de fascination qu’elle avait à ses débuts.