En résumé
Toujours aussi irrévérencieuse, la série Danganronpa se dote d’un nouvel opus décapant qui se joue de ses fans jusqu’à la dernière minute. À moins d’être totalement réfractaire à la lecture ou allergique aux débordements propres à l’esprit manga, cette aventure narrative branchée sur du 12000 volts laissera un souvenir impérissable.
Note technique
Les plus et les moins
- Six affaires extrêmement bien ficelées
- L'ambiance à la fois drôle, cynique et glaçante
- Une promo de lycéens qui fait des étincelles
- De nouvelles variantes durant les procès
- La traduction soignée en français
- La qualité du doublage original japonais
- Une durée de vie de plus de 30 heures
- Un dénouement qui retourne le cerveau !
- Longues sessions de jeu obligatoires
- Connaissance des premiers volets conseillée pour apprécier la fin
- En attente du patch pour corriger le bug du chapitre 2
Notre test détaillé
Autrefois considéré comme un jeu de niche, Danganronpa a su, en un laps de temps très bref, s’octroyer la réputation de visual novel incontournable. Bien que ce nouvel opus intégralement traduit en français s’adresse essentiellement aux connaisseurs, sa sortie a le mérite de remettre en lumière l’une des franchises les plus hallucinantes que le Japon ait portées !
(Test effectué sur une PlayStation 4
Aventure textuelle à la croisée des genres entre un Phoenix Wright, pour ses enquêtes et procès, et un Zero Escape, pour son atmosphère de huis clos mortel, Danganronpa doit son excellente réputation à l’incongruité de son propos. Coincée avec quinze autres élèves dans un bâtiment contrôlé par un ours en peluche psychopathe du nom de Monokuma, une lycéenne douée pour le piano va tenter de comprendre dans quel enfer elle vient subitement de basculer…
Les prodiges condamnés
Le seul « tort » de la jeune fille est d’être considérée par l’instigateur de ce jeu sordide comme un prodige dans son domaine de prédilection, méritant ainsi le titre de « lycéenne ultime » aux côtés de quinze autres infortunés surdoués. Inutile de chercher du sens dans le choix des profils sélectionnés pour cette promotion « V3 », le don propre à chaque individu n’est qu’un prétexte à une tuerie générale dans la veine d’un Battle Royale. Quiconque défierait l’autorité de Monokuma serait immédiatement exécuté et seul le fait de suivre scrupuleusement les règles du jeu peut laisser entrevoir un mince espoir de salut… mais pour seulement deux d’entre eux.
Car à chaque meurtre commis par un lycéen (et le contexte les y pousse forcément), un procès a lieu pour déterminer l’identité du meurtrier. Si le jury parvient à s’entendre pour désigner le vrai coupable, seul ce dernier est condamné à une exécution hautement spectaculaire témoignant de l’esprit malade de Monokuma. Et la tuerie se poursuit. En revanche, en cas d’erreur, c’est l’assassin qui survit, le reste de la promotion étant froidement exécuté. Le maître des lieux s’accordant en plus le droit de modifier les règles à sa guise en ajoutant des ultimatums, l’espoir de voir deux lycéens sortir vivants de l’Académie des Prodiges Condamnés semble relativement ténu. D’autant que Monokuma est désormais épaulé par cinq rejetons complètement aliénés qui n’ont rien de gentils ours en peluche, surtout lorsqu’ils sèment la terreur à bord de leurs robots de combat blindés.
Bonj-ours l’anarchie !
En plus d’être contraints de participer à un jeu de la mort ayant pour finalité de les voir s’entretuer, les seize prodiges doivent aussi garder la tête froide pour tenter d’élucider les assassinats savamment imaginés par leurs camarades les moins scrupuleux. Si les phases d’enquête ne suffisent généralement pas à deviner les tenants et aboutissants des meurtres, tant ces derniers se révèlent bien ficelés, leur résolution durant les procès constitue le point d’orgue de ce titre qui nous mène en bateau du début à la fin.
Conformément aux précédents volets, avec tout de même de nouvelles variantes dans les phases de jeu, ces procès ont cela de particulier qu’ils se déroulent dans une atmosphère chaotique qui ne facilite pas la réflexion. En réalité, tout est justement mis en œuvre pour nous distraire et nous empêcher d’argumenter correctement, et seule la mise en pause nous permet de consulter les preuves à tête reposée. Le reste du temps, les élèves n’ont de cesse de se couper la parole, voire de se crier dessus, dans l’anarchie la plus totale. Le simple fait de réfuter ou de soutenir un argument nécessite en effet de se débarrasser (à l’aide d’un viseur) de tous les sarcasmes parasites qui masquent l’écran pour cibler avec précision le mot-clef d’un témoignage bien précis avec la preuve appropriée.
Rien que la vérité
Exigeant autant de logique et de déduction que de réflexes et de précision, les procès de Danganronpa V3 nous poussent même parfois à mentir délibérément pour faire basculer la discussion dans la direction qui nous arrange. Au sens propre comme au figuré, le jeu nous oblige à couper la parole en tranchant les hypothèses adverses avec un katana imaginaire pour faire admettre notre point de vue par la force autant que par la logique.
En mode Panique, on se retrouve carrément avec trois interlocuteurs à gérer simultanément dans une cacophonie générale. Les confrontations d’opinions scindent même parfois le jury en deux dans ce que Monokuma appelle le « tribunal disloqué », chacun devant s’efforcer de contrer rapidement un opposant pour faire triompher son camp. Le summum du chaos est atteint lors des phases de neutralisation théorique où l’on doit désarmer de force un adversaire qui se braque en appuyant en rythme sur les touches qui se déversent à l’écran. En somme, les phases de jeu les plus inattendues se côtoient pour nous inviter à pousser notre raisonnement jusqu’à l’improbable résolution des affaires où l’on n’a souvent rien vu venir. Mais quelle délectation de faire enfin toute la lumière sur ces meurtres absurdes lors des phases de Climax qui en retracent chacune des étapes à la manière d’un manga à trous qu’il convient de compléter !
Folie assumée
Par la force de ses intrigues, le titre crée en nous l’envie permanente de savoir ce que nous réserve la suite et comment tout cela va bien pouvoir se terminer. Durant plus d’une trentaine d’heures de jeu, le titre fait réellement preuve d’une ingéniosité malsaine qui force le respect, pour s’achever en apothéose dans un dénouement qui ne peut toutefois être apprécié qu’à la lumière des précédents volets. Enfin, pour une fois qu’un épisode de Danganronpa bénéficie d’une traduction intégrale en français, on ne cachera pas notre joie, même si quelques coquilles mineures viennent entacher la qualité manifeste de cette adaptation.
Notez cependant qu’à l’heure de la rédaction de ce test, un bug bloquant empêche la résolution du deuxième procès, à moins de passer la langue de la console en anglais. On espère donc que cela sera rapidement corrigé car d’autres bugs ont été relevés sur les différentes versions du jeu, même si cela n’enlève rien à l’efficacité du soft dans son ensemble.
Conclusion
Toujours aussi irrévérencieuse, la série Danganronpa se dote d’un nouvel opus décapant qui se joue de ses fans jusqu’à la dernière minute. À moins d’être totalement réfractaire à la lecture ou allergique aux débordements propres à l’esprit manga, cette aventure narrative branchée sur du 12000 volts laissera un souvenir impérissable.