Le cinéma so pulp de Quentin Tarantino

Reservoir Dogs (1992)

D’abord scénariste, Quentin Tarantino est arrivé comme un chien dans un jeu de quilles dans le monde de la réalisation, bouleversant tous les codes pour imposer dès son premier long, un style inimitable et pourtant si souvent (et mal) imité. Ici, les mafieux dissertent sur la vie, la musique et la mort et une bande originale façon juke box, avant que la violence ne reprenne le dessus. Reservoir Dogs, devenu culte depuis, conte les mésaventures de huit malfrats aux pseudonymes empruntés à des couleurs. On y retrouve Harvey Keitel, Tim Roth, Michael Madsen ou Steve Buscemi, premières muses masculines de Tarantino et premières victimes de règlements de comptes ensanglantés.

Pulp Fiction (1994)

Deuxième film et coup de maître, Pulp Fiction relate les destins croisés de plusieurs malfrats (un leitmotiv). Ici on tue en citant la Bible et en mangeant des Big Mac, là on donne un match de boxe truqué, là encore, on jerke et on fait des overdoses… John Travolta, ressuscité de l’oubli où il était cantonné, Uma Thurman, future égérie tarantinienne, Samuel L. Jackson, (de tous les projets du réalisateur ou presque) et Bruce Willis en héros fatigué, sont de la partie. Pulp Fiction est un film total, une expérience de cinéma par un cinéphile qui case nombre de références entre deux scènes de meurtres. Le film obtient la Palme d’or, l’Oscar du meilleur scénario et rapporte plus de 100 millions de dollars rien qu’aux États-Unis. Un succès qui ne quittera plus Tarantino, dont la morgue irrévérencieuse dynamite alors le monde cloisonné d’Hollywood.

Jackie Brown (1997)

Après Pulp Fiction, Quentin Tarantino se lance dans un nouveau film-fleuve qui rend hommage à la Blacksploitation des seventies. Jackie Brown place pour la première fois une héroïne au centre de son histoire, ici une hôtesse de l’air également passeuse pour le compte d’un trafiquant d’armes. Évidemment, cela va très mal tourner… Autour de Pam Grier, ex-star de films afro-américains, une pléiade de stars, dont Robert De Niro, Michael Keaton et Bridget Fonda. Et encore une fois, des dialogues élevés au rang d’art. La formule Tarantino bat son plein.

Kill Bill : Volume 1 et 2 (2003 et 2004)

Depuis le début, Quentin Tarantino martèle qu’il ne tournera que dix films, pas un de plus, avant de partir à la retraite. Il truque ses comptes en considérant les deux volumes de Kill Bill, sortis avec un an d’écart, comme un seul et même film. Un diptyque qui rend hommage à Bruce Lee, dans lequel La Mariée, alias Uma Thurman, cherche à se venger de celles et ceux qui l’ont laissée pour morte le jour de son mariage. Elle ne va pas faire les choses à moitié. Si le premier volet est sanglant à souhait avec un nombre incalculable de membres coupés au sabre, le second est plus introspectif, mais avec toujours son lot d’hémoglobine. Ouf !

Boulevard de la mort (2007)

Avec son acolyte Robert Rodriguez, Quentin Tarantino conçoit le programme Grindhouse, soit la sortie quasi-simultanée de deux films de série faussement B (voire Z) tournés vers l’horreur. Ce sera Planète Terreur pour Rodriguez et Boulevard de la mort pour Tarantino. Un nouvel hommage au cinéma bis, avec cascades automobiles et un casting féminin qui cherche à se venger (encore une fois) de Kurt Russell, implacable tueur machiste dont la Chevrolet est une machine de mort. Le film est ainsi coupé en deux (comme les principales protagonistes de la première partie), entre longues scènes de dialogues et courses-poursuites endiablées.

Inglourious Basterds (2009)

Tarantino poursuit sa passion pour la vengeance féminine à travers le personnage de Shosanna, jeune juive interprétée par notre Mélanie Laurent nationale. Son but : éliminer Hitler, ni plus ni moins. En parallèle, d’autres ont la même idée, tel le commando porté par Brad Pitt. Inglourious Basterds est un film de bruit et de Führer dans lequel le réalisateur se permet de distordre l’Histoire à sa guise, entre scènes humoristiques et d’autres bien plus retorses et violentes. Il révèle surtout le talent de Christoph Waltz, oscarisé pour sa prestation de nazi sadique.

Django Unchained (2012)

La vengeance se mange cette fois-ci au masculin dans Django Unchained, plus gros succès au box-office à ce jour pour Tarantino avec plus de 425 millions de dollars engrangés. Un pamphlet contre le racisme et les années esclavagistes des États-Unis à travers le portrait d’un esclave libéré (Jamie Foxx) par un chasseur de primes (Christoph Waltz, une nouvelle fois oscarisé) et qui va tenter d’éliminer un propriétaire d’une plantation, violent envers ses esclaves afro-américains. Leonardo DiCaprio campe un premier méchant d’exception méritant le feu qui va s’abattre sur lui.

Les 8 Salopards (2015)

Comme le titre l’indique, il n’y en a pas un pour racheter l’autre. Nouveau western situé peu après la guerre de Sécession comme Django Unchained, Les 8 Salopards est un huis clos diabolique qui devait initialement être une pièce de théâtre. Sur une musique d’Ennio Morricone, huit truands de la pire espèce (même ceux qui sont censés être du côté du bien) se retrouvent enfermés dans une auberge pendant une tempête de neige. Pas certain qu’ils survivent tous, surtout avec des as de la gâchette ou du poison comme Samuel L. Jackson, Tim Roth, Kurt Russell et Jennifer Jason Leigh, caution féminine qui leur réserve plus d’un tour (pendable).

Once Upon a Time… in Hollywood (2019)

Quentin Tarantino joue une nouvelle fois avec l’Histoire, en transformant l’un des faits divers qui a le plus défrayé la chronique aux États-Unis (le meurtre de Sharon Tate par la secte de Charles Manson). Il en fait une déclaration d’amour au cinéma de son enfance, par le biais de deux antihéros magnifiques, un acteur dont la période de gloire est passée, Leonardo DiCaprio, et sa doublure aux cascades, Brad Pitt. Once Upon a Time… in Hollywood est une douce chronique sur une période bénie et révolue, corrompue par la violence et un déclin inévitable.