Sylvain Tesson voyage en France, Alice Zeniter part en Algérie, Ken Follett prolonge sa saga alors qu’Elena Ferrante y met un point final, Isabelle Carré écrit sur son enfance enchantée, David Lopez parle d’une adolescence désœuvrée et Liane Moriarty dégaine un thriller plein de secrets inavouables… Quand on a raté le coche, rien de mieux qu’un poche pour (re)découvrir dix excellents romans qu’il ne fallait pas manquer.
Aujourd’hui, en France
Prendre le pouls d’un pays en empruntant ses chemins de traverses, c’est exactement ce qu’a réussi Sylvain Tesson en traversant l’hexagone hors des sentiers battus. Fruit littéraire de ce voyage en terre inconnue, Sur les chemins noirs révèle une France surprenante, sévèrement atteinte par un défaitisme pathologique qui la fait sans cesse douter de ses indéniables qualités. Plus près des grandes villes, Fief de David Lopez est une chronique choc mais subtile de la vie ordinaire d’une bande d’ados banlieusards. Entre ennui mortellement existentiel et éclats de rire salutaires, ce premier roman distingué par le Prix Inter 2018 adopte la langue des 16-18 ans pour mieux saisir les affres d’une jeunesse sans boussole.
Histoires de femmes
Dans la catégorie des fresques historiques, féminines et féministes portées par un puissant souffle romanesque, le dernier volet de L’Amie Prodigieuse d’Elena Ferrante s’impose comme une évidence. Dans L’Enfant Perdue, point final de la saga, les deux héroïnes Elena et Lila se retrouvent enfin à Naples après avoir tracé leur route au gré des soubresauts d’une Italie en constante mutation. Changement de pays et même de continent avec L’Art de perdre d’Alice Zeniter. Primé par un Goncourt des Lycéens en 2017, ce roman incroyablement pudique et sensible retrace la quête d’identité d’une jeune franco-algérienne sur la terre de ses ancêtres. Lors de cette plongée dans l’histoire algérienne, la romancière n’hésite pas à confronter son personnage à la rudesse d’une tradition rétrograde incarnée par deux patriarches familiaux.
La vie est un roman
Récit biographique ou biographie romancée… la vie de certaines femmes est parfois digne d’un roman. C’est le cas de Bakhita où Véronique Olmi revient sur le parcours à la fois tragique, édifiant et admirable d’une jeune esclave africaine devenue nonne au début du XXe siècle. Résiliente par la force de sa foi et de son humanité, Joséphine Bakhita sera canonisée par l’Église pour son engagement auprès des enfants pauvres et des orphelins. Dans un tout autre registre, et bien qu’elle entretienne un certain flou sur le caractère entièrement autobiographique de son récit, Isabelle Carré se raconte dans Les rêveurs. Avec ce premier roman initiatique au style pétillant, l’actrice dévoile des pans de son enfance au sein d’une famille de doux dingues à l’origine de sa vocation d’artiste et de comédienne.
Sagas familiales
Les grandes sagas littéraires sont bien souvent des histoires de famille où le drame est une maladie génétiquement transmissible. Second volet d’une trilogie que Pierre Lemaitre a initié avec Au Revoir là-haut, Couleurs de l’incendie s’intéresse au destin tragique de la fille de la famille Péricourt. Dans un tourbillon romanesque digne d’un grand classique de la littérature populaire, la pauvre Madeleine y vit une terrible et injuste descente aux enfers. Quatre siècles plus tôt, les descendants des bâtisseurs de cathédrales ne sont pas plus chanceux en se retrouvant mêlés aux guerres de religion qui secouent l’Europe. Avec Une colonne de feu, Ken Follett fait rentrer tout son petit monde à Kingsbridge, en passant par Séville et Paris, pour une nouvelle suite haletante des Piliers de la terre.
Secrets de famille
Au rayon thriller, la tendance est aux secrets destructeurs. Autour de trois familles, un barbecue et un drame, l’australienne Liane Moriarty tisse un puzzle psychologique d’une grande densité où elle poursuit son autopsie obsessionnelle du couple. Plus retors et sombre que Desperate housewives, Un peu, beaucoup, à la folie est le troisième roman d’une auteure qui adore gratter le vernis écaillé des familles modèles. Enfin, la française Monica Sabolo s’intéresse à la quête de vérité d’un homme hanté par la disparition mystérieuse de sa jeune sœur survenue vingt-cinq ans plus tôt. Entre flashbacks et séquences oniriques, Summer est un thriller singulier qui colle au plus près à la psyché d’un garçon meurtri par les non-dits familiaux.
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Aller + loin : S’y retrouver dans la rentrée littéraire d’hiver 2019