Les adeptes des coïncidences numériques y verront un signe, tout juste 27 ans après la sortie du téléfilm Ça, il est revenu, une nouvelle adaptation du roman culte de Stephen King a vu le jour en septembre 2017.
Un scénario de maître
Vingt-sept ans, c’est aussi le temps qui sépare les deux apparitions de ÇA, dans la ville imaginaire de Derry au fin fond du Maine. Terrorisée par cette chose innommable, qui sous l’apparence d’un clown tua George Denbrough en 1958, la « bande des ratés » avait juré de l’affronter à nouveau, si elle revenait. Un quart de siècle plus tard, les adultes que sont devenus cette poignée de gamins ont eu beau enfouir cet épisode au plus profond de leur mémoire, quand ÇA refait surface, ils ne manquent pas à leur parole. La complexité et la longueur du récit (le tome 1 paru aux éditions Le Livre de poche en 2002 totalise 799 pages, le tome 2 en compte 638 !) n’empêchent pas Stephen King de naviguer entre ces deux périodes avec une agilité remarquable. La richesse de ses scénarios lui valent régulièrement d’attirer l’attention de réalisateurs. En 1990, quatre ans après sa parution, ÇA est adapté pour la télévision par Tommy Lee Wallace, sous le titre Il est revenu et traumatise une génération entière ! Avec Shining, La Ligne verte et Misery, morceaux d’anthologie réunis dans un coffret, ce film reste l’une des adaptations les plus connues des romans de Stephen King.
Le pouvoir de l’enfance
Si le roman au clown répugnant – l’un des plus vendus de l’année 1986 aux États-Unis – a rencontré un tel succès, c’est certainement parce qu’aucun enfant au monde n’a été épargné par la peur des monstres et des méchants. Dans ÇA, Stephen King, s’adresse avec justesse au gamin apeuré qui a survécu en chacun. Chez lui, très loin des stéréotypes, l’enfant est plutôt un peu hors norme, particulier, comme les sept membres de la bande des ratés à laquelle, finalement, chaque lecteur peut s’identifier. Du rituel de Chüd qui permet à Bill Denbrough d’affronter ÇA, au don de télékinésie de Carrie ou au pouvoir de Charlie d’enflammer les objets et les êtres, les jeunes héros des romans de Stephen King détiennent les pouvoirs surnaturels les plus inattendus. Une manière pour l’auteur, en les mettant en scène, de pousser plus loin dans le fantastique et la créativité.
Un monstre de littérature
Mais Stephen King n’est pas seulement un scénariste d’exception à l’imagination sans bornes, il est également un grand écrivain. Pour ÇA, il obtient en 1987 le prix British Fantasy du meilleur roman. Un prix qu’il recevra à nouveau pour l’ensemble de son œuvre en 2003. Dans Écriture, Mémoires d’un métier, il livre quelques-unes des techniques qui ont fait son succès : supprimer les adverbes, la voie passive, écrire chaque jour… Autant de bons conseils qui ne suffisent pas à lever le mystère sur le génie du maître de l’horreur. Tout le monde n’a pas le pouvoir de faire contourner les bouches d’égout à des millions de lecteurs.
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