
L’acteur sort son tout premier roman en librairies aux éditions Flammarion, ce 14 mai 2025, et offre un thriller empli d’humour noir et de cynisme.
On le connaît acteur, producteur, réalisateur (et bientôt chanteur), il est désormais auteur. Raphaël Quenard, lauréat d’un César pour Chien de la casse (2023) et connu pour son rôle dans Yannick (2023), sort son tout premier roman, Clamser à Tataouine (Flammarion), ce 14 mai 2025.
Dans un mélange savoureux de drame, de comédie et de cynisme, il suit la vie macabre d’un psychopathe en quête de vengeance contre la société, qui va de crime en crime.
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À Tataouine, un jeune homme loge chez une expatriée française âgée avec qui il se lie d’amitié. Alors que le temps passe, il décide de lui faire lire son manuscrit, un roman qu’il présente comme fictif, mais qui est en réalité autobiographique.
Commençant par une tentative de suicide avortée, l’histoire développe ensuite le quotidien d’un psychopathe pervers et beau-parleur qui décide de tenir responsable de ses malheurs toute la société. Dans une frénésie obsessionnelle et addictive, il décide de se venger en assassinant différentes femmes issues de la classe dominante.
Une double narration
Clamser à Tataouine est un roman double : une histoire dans l’histoire, une narration à la première personne dans les deux cas et une appréciation différente selon la connaissance personnelle qu’a le lecteur de l’auteur. Car si pour ceux et celles qui ne connaissent pas Raphaël Quenard, Clamser à Tataouine peut passer pour un thriller habile au style éclatant, les connaisseurs de l’acteur et de ses longues envolées lyriques sont assurés de retrouver dans son roman la patte Quenard : un talent certain pour les mots et pour leur association, une critique vive et assumée de la société, un humour et un cynisme nourri par sa personnalité… Lire Clamser à Tataouine, c’est entendre Raphaël Quenard le prononcer.
De ce point de vue, le roman est particulièrement efficace. Le rythme est maitrisé, les phrases font mouche, les dialogues sont percutants. Parfois, l’acteur et auteur en serait presque prévisible ou caricatural, au point que certaines tournures de phrases alambiquées sonnent avec un certain excès. Mais à mesure que l’œil se fait au style de Raphaël Quenard, le plaisir de voir se succéder des paragraphes entiers contenant sa personnalité n’est jamais vain.
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Parler de la société
En suivant, à la première personne, un meurtrier aux nombreuses addictions et au raisonnement singulier, le style de l’écrivain vient enrichir le propos et la caractérisation de son personnage. Le narrateur est hors norme, littéralement. S’estimant en dehors d’une société qui l’aurait rejeté, il va de meurtre en meurtre tout en se complaisant dans la facilité avec laquelle il opère. Tantôt effrayant, tantôt charmeur, le protagoniste est à la fois détestable et intriguant.
Raphaël Quenard, sans jamais porter un quelconque jugement de valeur, pose les pensées de son personnage et ausculte plusieurs franges de la société. Derrière l’atrocité et l’aspect implacable de la chose, un certain cynisme éclot et le lecteur en vient à suivre avec un plaisir totalement coupable les actions immorales, criminelles et profondément malfaisantes de ce protagoniste anonyme. Tel un slasher décomplexé qui invite à soutenir le tueur en série, Clamser à Tataouine est un récit basé sur le voyeurisme et l’ignominie.
Raphaël Quenard va à l’essentiel. Son livre suit les péripéties épisodiques d’un meurtrier, sans dévier. Si l’auteur pose les bases nécessaires pour comprendre l’entourage, ainsi que le contexte social et personnel de son protagoniste, il ne se perd dans aucune intrigue annexe. Il se permet seulement quelques digressions sur des sujets bien précis, quand elles viennent alimenter le fond de l’intrigue.
De ce fait, son roman, court, se lit d’une traite et gagne en efficacité. Clamser à Tataouine ne cherche pas à être ce qu’il n’est pas, mais permet à Raphaël Quenard d’être dans l’exploration d’un style artistique qu’il a souvent mis au service des cinéastes avec lesquels il a tourné. C’est désormais pour ses histoires et pour lui que Raphaël Quenard met son phrasé unique à disposition. Grâce à cela, l’artiste parvient à offrir un premier roman aussi savoureux que macabre.
Clamser à Tataouine, de Raphaël Quenard, Flammarion, 192 pages, le 14 mai 2025 en librairie.