Après le succès du premier volet en 2018, le thriller déjanté « L’Ombre d’Emily » se dote d’une suite diffusée sur Prime Video. Que donne cette nouvelle confrontation entre le duo improbable Blake Lively et Anna Kendrick ?
Sur le papier, l’intrigue semblait des plus banales : Stephanie, une maman un peu tarte (Anna Kendrick), se lie d’amitié avec une autre mère d’élève, aussi glamour qu’insaisissable (Blake Lively). Mais lorsque cette dernière disparaît soudainement, Stephanie se lance à corps perdu dans une enquête pour retrouver sa nouvelle « meilleure amie ». Et pourtant, contre toute attente, L’Ombre d’Emily s’était imposée comme un parfait guilty pleasure. Cette adaptation du roman Disparue de Darcey Bell, sortie en salle en 2018, délivrait un cocktail réussi de thriller et de comédie noire, portée notamment par l’alchimie délicieusement toxique de son binôme d’actrices. Avec son ton décalé- à la lisière du trash-, l’abattage des deux comédiennes et son intrigue à rebondissements, le long-métrage de Paul Feig (Mes meilleures amies) avait trouvé une recette gagnante.
En 2025, L’Ombre d’Emily ressurgit, cette fois-ci sur Prime Video- disponible depuis le 1er mai. Cinq ans se sont écoulés depuis qu’Emily a été envoyée derrière les barreaux. Entre temps, la vlogueuse Stephanie s’est reconvertie en détective amatrice spécialisée dans les affaires non résolues et autrices de polars. Mais alors qu’elle savoure sa nouvelle notoriété, la sulfureuse Emily va faire un retour fracassant dans sa vie. Et ô surprise, elle va l’inviter à son somptueux mariage en Italie. Mais que cache-t-elle ? Essaie-t-elle de se venger de Stephanie ?
Kitsch et surenchère
Fallait-il faire une suite à L’Ombre d’Emily ? La réponse est- comme souvent- non. Car si la première mouture se démarquait par sa fraîcheur et son mélange audacieux de polar et de burlesque, ce sequel se débarrasse de tout suspense pour embrasser pleinement la farce. Tous les curseurs sont ainsi poussés au maximum. Et cette suite s’affranchit de toute logique pour offrir un spectacle décomplexé, résolument en roue libre. Même son esthétique à la colorimétrie ultra-saturée semble emprunter à l’univers kitsch des telenovelas, transposé ici dans le cadre idyllique de Capri.
Mais en se délestant de ses quelques pans de mystère au profit de la surenchère, L’Ombre d’Emily perd de ce piquant légèrement vénéneux qui faisait son charme. Si la relation ambiguë entre Stephanie et Emily reste l’une des forces du récit, elle se dilue au milieu d’une invraisemblable galerie de personnages secondaires et d’une histoire ubuesque de mafia locale. Restent l’allure folle d’Emily (Blake Lively, toujours aussi magnétique) et la naïveté décalée de Stephanie, qui participent à faire de ces nouvelles aventures un divertissement certes bancal, mais à l’extravagance volontiers assumée.
Alors qu’un troisième volet n’a toujours pas été officiellement annoncé, on peut (malheureusement) s’attendre à un prochain épisode. Au risque d’épuiser définitivement la formule ?
