Finaliste du prix BD Fnac France Inter 2025, Bobigny 1972 retrace dans une œuvre historique la lutte des femmes portée par le courage de Gisèle Halimi dans la reconnaissance du droit à l’avortement.
Le 8 janvier 2025, le prix BD Fnac France Inter sera remis à l’un des cinq albums encore en lice. Parmi eux, on retrouve La route (Dargaud), adaptation noire par Manu Larcenet du chef-d’œuvre de Cormac McCarthy, Au-Dedans (404 éditions), le premier roman graphique de Will McPhail, dessinateur pour The New Yorker, Impénétrable (Le Lombard) d’Alix Garin, récit touchant sur le vaginisme et ses conséquences, Ulysse et Cyrano (Casterman), une histoire culinaire imaginée par Antoine Cristau, et enfin Bobigny 1972 (Glénat), qui retrace le procès historique autour du droit à l’avortement.
Écrite par Marie Bardiaux-Vaïente, aux côtés de Carole Maurel au dessin, cette bande-dessinée historique plonge plus précisément ses lecteurs et lectrices au début des années 1970 alors que le droit à l’avortement est encore un délit. Gisèle Halimi va s’emparer de l’affaire, celle de Marie-Claire Chevalier, enceinte à la suite d’un viol, et dénoncée pour avortement clandestin par son propre agresseur. Cette affaire va avoir un retentissement inédit : la justice et les pouvoirs publics vont s’en saisir tout comme le monde médiatique. Une véritable onde de choc qui va préparer le terrain pour la promulgation de la loi Veil en 1975.
Une BD historique et importante
Paru le 10 janvier 2024, la bande-dessinée met en lumière les prémices de la loi et les difficultés pour faire reconnaître ce droit aujourd’hui inscrit dans la Constitution. Plus particulièrement,« le roman graphique donne à voir les entraides, les luttes souterraines, les actions d’associations ou encore l’apport précieux des médias. Bobigny 1972 partage les souffrances et les joies militantes » note France Info.
Ce récit nécessaire, important, et féministe ne fait, par ailleurs, aucune concession sur les maux de l’époque, la force des paroles énoncées durant le procès, la culture du viol, mais aussi le combat de celles qu’on appelait « les faiseuses d’anges », ainsi que les personnalités publiques qui ont pris part à ce mouvement (Delphine Seyrig, Simone de Beauvoir…)
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Bobigny 1972 disséqué et analyse dans une fusion narrative passionnante la vigueur de ces femmes ainsi que l’élan de sororité et d’égalité qui ont fondé nos droits actuels. Malgré le caractère sombre de cette BD, Bobigny 1972 apparaît comme une œuvre inspirante et lumineuse qui résonne encore aujourd’hui, et alors que le combat continue dans plusieurs régions du monde.
C’est la raison pour laquelle les mots de Simone de Beauvoir ont été inscrits en exergue de la BD comme un rappel fondamental : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant »