Depuis Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, Raphaëlle Giordano enchaîne les succès. Avec Le Bazar du zèbre à pois, elle persiste ! Une histoire de boutique du « troisième type » dans laquelle il est beaucoup question d’émotions et de sensations. Rencontre.
Le bazar du zèbre à pois… qu’est-ce donc que ce lieu ?
Raphaëlle Giordano : C’est un lieu à vivre et à rêver, en un mot, une boutique non essentielle, mais qui a peut-être précisément l’ambition secrète de nous ramener à un essentiel. C’est en tous cas ce que souhaite mon héros, Basile : venir titiller en nous cette part sensible, libre, curieuse, audacieuse, qui ne demande qu’à se réveiller… La philosophie de mon zèbre, c’est de donner envie de rêver plus grand !
Une ode à la créativité ?
Une ode aux esprits libres, à l’audace et à la créativité ! La philosophie du zèbre, c’est une invitation à penser et rêver plus grand. J’ai toujours été fascinée par l’univers des inventeurs et ce sont souvent ces doux rêveurs au talent fou qui, à leur façon, contribuent à changer le monde ! Mais le message de fond du livre, c’est de dire à chacun qu’il est possible d’être encore plus inventeur de sa vie. Mon roman est truffé de personnages inspirants qui montrent la voie pour oser s’affirmer dans sa singularité et trouver le bon endroit pour laisser parler ses talents.
« Bois de Gepetto ou bois meuble Ikea », de quel bois sont faits les personnes de votre nouveau roman ?
Basile, mon personnage d’inventeur, est sans doute un grand et beau roseau. Roseau pensant. Roseau qui plie mais ne rompt pas. Basile a une incroyable faculté d’adaptation. En cela, c’est un inspirateur. Il s’adapte à tout avec une étonnante flexibilité. Sa force, c’est cette confiance tranquille ; quoi qu’il advienne, il trouvera un chemin pour s’en sortir.
Arthur, lui, est un bois vert, avec plein de jeunes pousses, qui ne demandent qu’à s’accroître. Il ressemble un peu à un talus touffu, tout fou, un peu confus encore. Il essaie de mieux implanter ses racines pour ne pas se laisser balayer par le vent, et de pousser comme il peut. C’est Basile qui va lui servir de tuteur (au sens botanique du terme) pour l’aider à grandir et à se trouver. Entre eux, c’est une véritable rencontre-silex.
Giulia est un joli bois fruitier, de ces arbres pleins de charme, qui embaument. Un bois très sensoriel, au parfum qui ne laisse pas indifférent. Un beau bois précieux, mais qui a manqué de soleil et a été coupé dans l’élan de sa croissance… Alors quand Basile rencontre Giulia, c’est encore une autre rencontre-silex ! A son contact, elle va trouver son essence et exhaler le meilleur d’elle-même.
Comment sculptez-vous vos personnages ?
C’est joli votre question ! En effet, je procède exactement comme en sculpture pour construire mes personnages : je commence par bâtir une solide armature avec du fil de fer. Ça c’est pour donner du corps au personnage. Le squelette invisible, c’est la psychologie du personnage, son histoire, sa problématique. Ensuite je recouvre l’armature de plâtre. Là, il s’agit pour moi d’imaginer le cheminement de chaque caractère, son évolution et bien sûr le plus amusant, c’est d’entremêler les fils et d’imaginer les interactions et incidences entre les différents protagonistes…
Quel regard portez-vous sur la période que nous traversons ?
La période que nous traversons est assez terrible et inédite. Je suis bien sûr catastrophée quand je pense à toutes les personnes touchées, les souffrances diverses, pour les malades, mais aussi pour les personnes en grande difficulté économique, et parfois aussi psychologique… Après, mon naturel optimiste me laisse à penser que parfois, l’adversité peut nous rendre plus créatifs, plus audacieux… Il me semble qu’on retrouve la saveur des choses essentielles, qu’on avait mais qu’on ne voyait plus. Tout ce qu’on tenait pour acquis. La nature sait donner ce genre de leçon ! La plupart du temps, on est comme sur un tapis roulant, on ne prend pas le temps de s’arrêter pour réfléchir et s’améliorer. J’espère que cette crise terrible sera l’occasion individuellement et collectivement de le faire.
Une recette pour conserver son optimisme ?
Continuer à sourire dans le noir. Parce que s’il n’y a plus de lumière, comment va t’on faire pour trouver la sortie ? L’optimisme, c’est un art de vivre. On a deux solutions : soit se lamenter et se laisser aller, ou faire le choix de relever le défi, de retrousser ses manches et d’offrir au monde, malgré le chaos et les difficultés, le meilleur de ce qu’on porte en soi.
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Parution le 14 janvier 2021 – 288 pages
Le Bazar du zèbre à pois, Raphaëlle Giordano (Plon) sur Fnac.com