Entretien

L’Amour au temps des éléphants : au fil d’Ariane Bois

29 janvier 2021
Par Nathalie
L'Amour au temps des éléphants : au fil d'Ariane Bois

Ariane Bois signe avec L’Amour au temps des éléphants un roman émouvant et attachant en cette rentrée littéraire d’hiver. Nous l’avons rencontrée…

L-amour-au-temps-des-elephantsAriane, peut-on considérer ce roman comme un roman engagé pour la cause des animaux de cirque et même au-delà ?

Ariane Bois : « Oui, tout à fait. Enfant, j’ai beaucoup fréquenté les cirques avant de me rendre compte que les animaux sauvages y étaient malheureux. Savez-vous par exemple qu’un éléphant ne peut pas physiologiquement s’asseoir ? Quand on le force, ses vertèbres se tassent et finissent par se briser … J’ai imaginé mon héroïne, Arabella, jeune Américaine rebelle, qui se rend compte de la cruauté envers les animaux dans les cirques en 1920 et va décider de se battre à sa façon, pour les éléphants qu’elle admire. Comme moi !

Pourriez-vous nous en dire plus sur les Harlem Hellfighters ?

Mon héros, Kid, va combattre dans les champs de bataille pendant la Première Guerre mondiale au sein d’un régiment entièrement composé de 2000 soldats noirs. Les Allemands, qui les craignaient, les ont baptisé les Harlem Hellfighters, les combattants de l’enfer de Harlem. Ces soldats ont dû se battre contre l’ennemi mais aussi contre l’administration militaire américaine qui voyait d’un mauvais œil ce régiment noir, qui a refusé de les former, de leur donner des armes, puis des médailles après la guerre. Leur nom n’a jamais été gravé sur les monuments aux Morts ! Les Harlem Hellfighters ont apporté quelque chose de très important dans leurs valises : le jazz. C’est à Nantes qu’eut lieu en 1918 le premier concert de musique jazz en France.

Vous avez été grand reporter dans la presse féminine : avez-vous effectué, tel le Jeremy de votre roman, des reportages de guerre ou bien de zones de combats ? Lesquelles ?

J’ai été grand reporter pour des sujets de société : mon travail consistait surtout à enquêter sur des sujets tels le surendettement, les femmes à la rue, les violences faites aux enfants, bref, des sujets souvent durs … J’ai beaucoup appris et rencontré une foule de personnes, ce qui a nourri mon écriture, m’a appris à poser les bonnes questions et à trouver les sources d’information. Journaliste pendant 25 ans, je le suis encore dans le domaine littéraire, mais les romans aujourd’hui occupent ma vie et mon quotidien. Chaque livre en appelle un autre et j’espère bien que ça ne s’arrêtera pas !

Qui vous a inspiré le personnage d’Arabella ?

Arabella est née de plusieurs personnes que j’ai pu croiser. Quand je suis arrivée à New York où j’ai vécu, je ne connaissais personne. Une américaine, Lilian, m’a accueillie, m’a donné les clés de la ville, et a aiguisé mon regard car elle avait participé à de nombreux combats pour les droits civiques. Je l’ai imaginée plus jeune … et puis j’ai une imagination visuelle et j’ai regardé de nombreuses photos, dont celles de Man Ray. On voit sur l’une d’entre elle une jeune fille au regard pétillant d’intelligence, à la coupe garçonne, au regard clair … c’était Arabella !

Kid a un parcours étonnant dans votre roman. Des champs de coton du Tennessee à la France, de Paris au Kenya. La quête du bonheur passe t-elle par un retour aux sources ?

Oui, au début du roman Kid est un adolescent pourchassé par le Ku Klux Klan qui doit fuir pour sauver sa vie. A New York, il va rencontrer Big Jim, un chef d’orchestre formidable bien réel qui le prend sous son aile. Il prend donc de l’assurance et quand il s’enrôlera comme soldat, il deviendra un homme sur les champs de bataille. A Paris, il est bluffé par l’accueil des Parisiens qui adorent le jazz et les musiciens noirs. C’est le temps du Bal Nègre, rue Blomet, où Blancs et Noirs dansent ensemble, ce qui est impossible dans le Sud à cette époque. Mais c’est en Afrique, sur la terre de ses ancêtres qu’il deviendra vraiment libre. J’ai aimé l’accompagner dans ce voyage initiatique qui fait de lui un personnage attachant.

Vos romans comportent toujours un personnage ignoré tant il est discret alors qu’il tient le premier rôle. L’Histoire. Une idée sur la prochaine époque qui pourrait vous inspirer ?

J’ai commencé à écrire un livre plus personnel, sur mon père. C’est un récit d’amour filial, intime donc et à la fois universel. Sinon, je m’intéresse à la période 1938 – 1939 dans le sud de la France mais chut, il ne s’agit ici que d’un point de départ. A un moment, mes personnages m’emmènent où ils veulent aller. C’est le pouvoir des livres et de la littérature ! »

Aller + loin : Ariane Bois : une romancière qui nous veut du bien

L’amour au temps des éléphants, Ariane Bois (Belfond) sur Fnac.com

(Visuel du post : photographie Ariane Bois (c) Patrice Normand)

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