Critique

Ariane Bois : une romancière qui nous veut du bien

28 janvier 2021
Par Nathalie
Ariane Bois : une romancière qui nous veut du bien

Avec L’Amour au temps des éléphants, Ariane Bois nous offre en ce début d’année d’ores et déjà compliqué, un roman d’amour et d’amitié sans jamais tomber dans la mièvrerie. Un livre que l’on referme une fois la dernière page tournée, tant les personnages sont attachants et leurs périples entre États-Unis, France et Afrique sont palpitants ! Un livre pour s’échapper en temps de couvre-feu et autres confinements…

L-amour-au-temps-des-elephantsL’histoire

13 septembre 1916, Erwin, Tennessee. Trois inconnus vont vivre la même scène cruelle : une éléphante de cirque, Mary, va être pendue sous les yeux d’une foule de voyeurs hystériques. Son crime ? Avoir tué un homme qui très probablement la maltraitait.

Il y a Arabella Cox, la fille rebelle d’un adventiste strict et cruel, qui est passionnée par les animaux. Puis Jeremy Parkman, jeune journaliste, fils d’une riche famille. Et enfin, Kid, le gamin noir qui travaille dans les champs de coton mais qui est surtout féru de musique.

Puis vient le temps de l’engagement des États-Unis dans le premier conflit mondial en 1917 : ces trois protagonistes se retrouvent alors en France, sur les champs de bataille et dans les tranchées ou dans des hôpitaux de campagnes. Marqués dans leurs âmes et dans leur chair, c’est à Paris, après l’armistice que la rencontre a lieu entre eux et qu’une amitié indéfectible va les lier. Dans ces années folles, aucun des trois ne souhaite retourner aux États-Unis : chacun a enfin trouvé sa place, Arabella et Jeremy se sont déclarés tout leur amour, et Kid est enfin libre de jouer dans des clubs de jazz.

Mais Jeremy, fragilisé psychologiquement et physiquement après avoir été blessé pendant la guerre sombre peu à peu dans la mélancolie. C’est alors que naît un projet fou : kidnapper une éléphante et la ramener sur ses terres d’origine, le Kenya. Les trois acolytes réussissent cette échappée mais ce nouveau voyage apportera son lot de déconvenues, de souffrances et même de désespoir…

Un roman d’émancipation

Outre l’amitié et l’amour qui unissent les personnages, ces derniers sont en quête de liberté et d’émancipation. Arabella cherche à fuir son père violent et injuste. Elle a pour ambition de soigner les gens et souhaite vivre pleinement sa vie, loin de l’enfermement familial.

« D’après lui, la médecine ne convenait pas aux femmes, trop sensibles, incapables d’affronter la souffrance, l’agonie, la mort – sans parler des tentations qui les guettaient devant la nudité des corps. En vérité, Joseph Cox n’envisageait aucun métier pour sa fille et projetait de la marier au plus vite. »

Chassée de la maison familiale par ce père, elle trouvera cependant une aide insoupçonnée auprès de sa mère, femme pourtant soumise à la loi patriarcale.

Jeremy est lui un fils de bonne famille : des ancêtres venus d’Angleterre sur le Mayflower, un père armateur qui profite du conflit mondial pour asseoir sa fortune, des études de droit à Harvard. Mais ces affaires n’intéressent pas Jeremy : il veut devenir journaliste et sillonner le monde, « un métier de crève la faim ! » comme lui signifie son père.

Quant à Kid, il est orphelin de père, « écrasé par la voiture d’un riche commerçant de la ville. Blanc, évidemment. ». Il vit avec sa mère et ses frères et sœurs dans un ghetto. Après avoir été agressé gratuitement par une bande d’individus proches du Ku Klux Klan, il n’a pas d’autre choix que celui de fuir. Engagé dans les Harlem Hellfighters, il reçoit à la fin de la guerre la Distinguished Service Cross mais préfère rester à Paris tant la ségrégation raciale est toujours d’actualité aux États-Unis.

« Ici, un homme est jugé sur son mérite, pas sur la couleur de sa peau. »

« Kid ressentait ici une forme de liberté grisante. La France n’était-elle pas le pays de la Révolution, des droits de l’homme ? Par expérience, la misère ne l’effrayait pas. »

Le voyage vers le Kenya sera une ultime étape dans ce besoin d’émancipation : ce retour aux racines africaines de Kid lui permettra de se sentir enfin chez lui.

L’Amour au temps des éléphants d’Ariane Bois est une des pépites de cette rentrée littéraire de l’hiver : un livre qui fait du bien aux lecteurs passionnés d’aventures, de nature et de personnages attachants. 

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Parution le 14 javier 2021 – 252 pages

L’Amour au temps des éléphants, Ariane Bois (Belfond) sur Fnac.com

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Nathalie
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