Critique

Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma : naissance du désir

22 mai 2019
Par Lucie
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma : naissance du désir

Au milieu des cinéastes parfois déjà lauréats de deux Palmes, Céline Sciamma fait son entrée en compétition au Festival de Cannes avec son quatrième film, la poursuite de son travail autour de l’émancipation des jeunes filles et du regard féminin.

Rite initiatique

Première participation à la compétition pour Céline Sciamma, peut-être, mais son œuvre est bien connue des festivaliers. C’est sur la Croisette, dans la section Un Certain Regard, que l’on a découvert son premier film, Naissance des pieuvres, et par la même occasion, Adèle Haenel, alors toute jeune. On a retrouvé ensuite la réalisatrice à la Quinzaine des réalisateurs pour Bande de filles et, comme coscénariste, pour Ma vie de courgette. Chaque fois, il est question dans son cinéma de regarder les jeunes filles se découvrir, s’assumer et s’émanciper. Qu’il s’agisse de leur sexualité naissante ou de leur condition sociale, c’est toujours sur un véritable chemin d’initiation qu’elle conduit ses personnages.

naissance des pieuvres

Dépasser les limites

Avec le Portrait de la jeune fille en feu, les adolescentes font place à des jeunes femmes, et Céline Sciamma se confronte au défi du film en costume. Un autre carcan qu’il s’agit de dépasser pour la cinéaste comme pour ses deux personnages, Marianne – convaincante Noémie Merlant, découverte dans Le Ciel attendra -, et Héloïse – Adèle Haenel, en muse qui se refuse à n’être que cela. La première doit faire le portrait de la seconde, sans que celle-ci s’en aperçoive, le tableau devant conclure un accord de mariage auquel elle se refuse. L’occasion pour Céline Sciamma de se pencher sur la condition des femmes, dans ces quelques jours de liberté, sur leur solidarité, aussi, avant que ces échanges de regards appuyés ne transforment l’exercice en séduction mutuelle. Céline Sciamma ne filme non plus seulement la réalisation de soi, mais aussi le trouble incandescent du désir, la complicité d’un amour naissant et la trace qu’il laisse, des années plus tard. Une œuvre plus ambitieuse pour la réalisatrice, qui s’inscrit dans les pas de Jane Campion et de sa Leçon de Piano. On lui souhaite de suivre la cinéaste néo-zélandaise, seule femme lauréate du titre suprême, jusqu’au palmarès.

portrait de la jeune fille en feu

Photo : © Haut et Court / © Pyramide Distribution

Article rédigé par
Lucie
Lucie
rédactrice cinéma sur Fnac.com
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