Le Château des étoiles : aventures spatiales et picturales

Alex Alice, auteur et dessinateur

Diplômé d’une grande école de commerce, Alex Alice n’était pas vraiment destiné à devenir dessinateur. Pourtant, sans avoir fait d’école d’art ni avoir suivi le moindre cursus artistique, il parvient à embrasser une vocation qui remonte à l’enfance. Grâce à son talent, beaucoup de travail, une volonté de fer et les conseils de quelques amis auteurs il commence à dessiner ses propres histoires. Après une expérience peu concluante dans l’industrie du jeu vidéo, il co-réalise Le troisième testament, une première série ambitieuse où il pose les bases de ce que sera son style graphique et narratif conjuguant références historiques et merveilleux. Il enchaîne avec la trilogie Siegfried, adaptation de l’opéra de Wagner qui marque son premier arrêt du côté de la culture germanique. Fasciné par cette mythologie et inspiré par le souvenir d’une visite avec son père du château du roi Ludwig en Bavière, Alex Alice se lance dans une nouvelle saga d’aventures fantastiques ancrée dans l’Allemagne de Bismarck sur le thème de la conquête de l’espace. Les premiers épisodes du Château des étoiles paraissent en 2014 et lui apportent une reconnaissance définitive. Graphiquement sublime, richement documentée et destinée à tous les publics, la série collectionne les prix et connaît les honneurs d’une exposition au musée de la BD d’Angoulême en 2017.

Une histoire d’éther

Récit d’aventures fantastiques où l’on entre par le regard d’un adolescent, Le château des étoiles est l’histoire d’une famille de savants qui invente le voyage dans l’espace au XIX^e siècle. À cette époque, parmi les hypothèses scientifiques sur le système solaire, la croyance en l’éther, une sorte de fluide remplissant le vide spatial, était on ne peut plus sérieuse. C’est à partir de cette théorie qui avait cours à l’époque de Jules Verne et de la machine à vapeur, qu’Alex Alice construit son intrigue. De Paris jusqu’en Bavière, l’aventure débute dans le contexte réaliste de l’avant-guerre de 1870 avant de se poursuivre dans un espace intersidéral fantastique et fabuleux. On y découvre Séraphin, dont la mère a mystérieusement disparu, qui met au point avec l’aide de son père un engin capable de voyager dans l’éther. La découverte est telle qu’elle attise la convoitise d’Otto Von Bismarck prêt à tout pour s’en emparer. Pourchassés par les sbires du chancelier allemand, le jeune scientifique entouré d’une poignée d’amis fidèles trouve alors refuge chez un Guillaume de Bavière bienveillant, idéaliste et illuminé. Mais, repérés par l’armée prussienne, tous vont embarquer dans « l’éthernef » pour fuir jusqu’aux confins de l’univers. Dans ce tome 4 qui vient de paraître, toute la bande des « Chevaliers de l’éther » se pose sur Mars avant de reprendre la route des étoiles pour des aventures qui restent à imaginer.

Le sens du détail

Picturalement travaillé, Le Château des étoiles se distingue d’un manga ou d’un comics par son découpage faisant la part belle aux grandes cases. Toujours signifiantes, jamais gratuites, ces somptueuses planches encrées à l’aquarelle permettent de dévoiler toute l’immensité et le merveilleux des décors. Par exemple, une page du tome 4 épouse la structure en spirale des constructions martiennes pour mieux en souligner l’architecture. Ne laissant rien au hasard, Alex Alice a également poussé le détail jusqu’au format de parution de sa saga. Inspirée par les feuilletons d’aventure du XIX^e siècle, chaque chapitre paraît en un premier temps dans un journal (une gazette) accompagné d’articles. Décliné aujourd’hui en album grand format dont chaque tome regroupe trois numéros de gazette, Le château des étoiles et le monde de l’éther n’a pas fini de nous surprendre. Alex Alice travaille déjà sur la suite des aventures spatiales de Séraphin.

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Paru le 19 septembre 2018 – 64 pages