La narratrice est amoureuse. Hélas, conditionnée et tourmentée par son passé, cette dernière est prisonnière d’attentes qui l’empêchent de lâcher prise. Jacques son nouvel amour ne l’aimerait pas comme il faut. Articulé autour de sa relation avec ce dernier son récit met en lumière ses déceptions et son incapacité à libérer sa conscience de ce profil programmé du « Prince charmant ». Et si aimer c’était simplement accepter l’altérité ?
La narratrice est amoureuse. Hélas, conditionnée et tourmentée par son passé, cette dernière est prisonnière d’attentes qui l’empêchent de lâcher prise. Jacques son nouvel amour ne l’aimerait pas comme il faut. Articulé autour de sa relation avec ce dernier son récit met en lumière ses déceptions et son incapacité à libérer sa conscience de ce profil programmé du « Prince charmant ».
Et si aimer c’était simplement accepter l’altérité ?
Je + l’amour, cette addition nous commençons par la bien connaître. Pas seulement parce que nous en concevons la somme selon l’expérience commune et individuelle mais aussi parce que c’est un objet littéraire très (trop ?) traité. Un livre sur l’amour, un de plus diront certains… Il n’y en a pas assez, alors encore, diront d’autres… Le fait est que ce sujet séculaire, s’il est toujours d’actualité, c’est bien que les points de vue à son endroit sont proportionnels à l’altérité qui caractérisent les individus qui peuplent ce monde. Comment dans ce cas, sans mauvaise foi ni un certain cynisme – lui aussi très (trop ?) contemporain – se dire que c’est assez, qu’il n’y a plus rien à en dire ?
En parlant de cynisme, on ne peut que se réjouir du contrepied pris par Michela Marzano dans son traitement. Chaque page prend à rebours l’humeur ambiante généralisée qui veut qu’on abîme tout, qu’on désacralise pour le simple plaisir de désacraliser. l’auteur ne cherche pas à abîmer, elle cherche même plutôt l’inverse, réparer voire confirmer quelques sains lieux communs. Alors la subversion aujourd’hui serait elle la confirmation des adages ? Si Michela Marzano n’invente pas, elle donne raison, approuve selon sa propre expérience personnelle et en toute sincérité. Elle ne cherche pas à théoriser de nouveau l’amour ou à en proposer un dogme nouveau. L’intérêt de ce livre réside en particulier dans ces intermèdes qui viennent couper le récit sans le trancher, sans fracture, et qui émergent selon la situation racontée. Ces intermèdes qui sont des citations posent le même postulat sur l’amour. Il s’agit d’analyser des phrases et citations de Pascal, Freud, Jung, etc. de les décortiquer, de les enrichir ou de les contredire avec un œil plus contemporain.
Là où ce livre est définitivement à part c’est dans le « je » de la romancière qui, au sein du récit autobiographique, évite habilement tout ce que l’on peut craindre de ce genre, le moi tout à l’ego, le nul intérêt du repli sur soi de la première personne non universelle. Marzano parle de son amour pour Jacques côté sentiment, sans les détails inhérents et matériel. L’expression de cet amour-là ne s’appuie pas tant sur des faits que sur des impressions, sensations, réflexions. Cette approche, qui est aussi une technique d’écriture, participe de nous interroger sur notre propre vision de l’amour. L’auteur nous interpelle et pose autant de questions qu’elle donne de réponses. Réponses comme autant de petites bulles d’air qui, par inertie, font remonter les nôtres en surface.
Voici donc un récit, et même un essai, réussi par la grâce d’un juste dosage entre égocentrisme et humilité. Avec Tout ce que je sais de l’amour on ne pourra pas reprocher à Marzano d’user d’une rhétorique inaccessible ou obscure. Ici son style clair et souvent direct, franc, parlera merveilleusement bien à nous autres lecteurs, à nos souvenirs, nos amours passées comme présentes, direct au coeur en somme…
Tout ce que je sais de l’amour, Michela Marzano (Stock – Bleue) sur fnac.com