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Favoris, outsiders et statistiques : qui pourrait gagner le Goncourt 2025 ?

03 novembre 2025
Par Sarah Dupont
Qui remportera le Goncourt ?
Qui remportera le Goncourt ? ©Jure Divich/Shutterstock

L’Académie doit désigner son lauréat le 4 novembre. Face à Emmanuel Carrère, Laurent Mauvignier et Nathacha Appanah, Caroline Lamarche incarne l’outsider d’une sélection serrée. Si la presse dessine un trio de tête, l’histoire du prix rappelle que les certitudes ne tiennent jamais bien longtemps.

La saison littéraire avance vers son moment de vérité : le prix Goncourt sera remis le 4 novembre. L’Académie doit départager les quatre romans de sa sélection finale révélée le 28 octobre : Kolkhoze d’Emmanuel Carrère (P.O.L), La nuit au cœur de Nathacha Appanah (Gallimard), La maison vide de Laurent Mauvignier (Minuit) et Le bel obscur de Caroline Lamarche (Seuil). Qui a le plus de chance de l’emporter ? Retour sur les pronostics du cru 2025.

Trois favoris

L’hebdomadaire Télérama relève que l’Académie « maintient le suspense » en conservant « les ouvrages les plus remarqués de la rentrée littéraire », mais estime qu’« il n’y a pas un livre qui écrase les autres ». Un constat de relatif équilibre que nuance France Info, rappelant que « trois sont considérés depuis des mois comme des favoris par le milieu littéraire et la presse : Nathacha Appanah (…) Emmanuel Carrère (…) et Laurent Mauvignier ».

Autour de Kolkhoze, Emmanuel Carrère bénéficie d’un vif enthousiasme critique pour son récit consacré à sa mère. Télérama parle d’« une admirable fresque familiale (…) un grand récit à la fois singulier et universel ». « Ce livre est à la fois magistral et délicieux, romanesque et intimiste », déclare de son côté Virginie Bloch-Lainé sur France Culture. Quelques voix néanmoins tempèrent cet accueil unanime, rappelant que cette densité narrative pourrait susciter des débats au sein du jury.

Par ailleurs, une analyse statistique réalisée par L’Express rappelle que Carrère « coche de nombreuses cases du portrait-robot du lauréat », notamment âge, profil et maison d’édition, même si « rien n’est jamais joué », concède le média.

Mauvignier, l’ambition maîtrisée

Laurent Mauvignier apparaît tout aussi appuyé. En attendant Nadeau salue « un livre puissant, presque prométhéen (…) une sûreté esthétique fascinante ». La chroniqueuse Tiphaine Samoyault du Monde met de son côté en avant « une écriture dense et lente (…) qui remplit le vide en saisissant les existences de l’intérieur ». La réception converge vers un roman exigeant et magistral, porté par la réputation de rigueur stylistique de son auteur.

Mais il pourrait être pénalisé ailleurs : comme le note L’Express, « généralement un auteur ne peut pas recevoir à la fois le Goncourt et le Femina », et Mauvignier figure aussi dans la sélection de ce dernier [NDLR, La nuit au cœur a remporté le Femina 2025].

Appanah, la thématique engagée

Nathacha Appanah, qui explore les violences conjugales, s’impose comme une outsider crédible. Télérama loue « un texte d’une force rare (…) qui sonde (…) l’impuissance de la littérature ». En attendant Nadeau évoque « une urgence sociale (…) un véritable courage et une grande inventivité formelle ». Une réception qui pourrait séduire un jury sensible aux récits engagés, capables de conjuguer intime et politique.

L’autrice a aussi un atout statistique : « Gallimard a remporté 39 Goncourt, soit un tous les trois ans » rappelle L’Express, qui souligne que la maison « pourrait donc encore triompher avec Nathacha Appanah ».

Entre certitudes et surprises

Quant à Caroline Lamarche, elle apparaît plus en retrait dans les pronostics malgré des éloges sensibles. Son roman explore les bouleversements intimes d’une femme confrontée à la révélation de l’homosexualité de son mari. « L’un des romans les plus fascinants » de l’autrice selon Livres Hebdo. Mais L’Express note qu’elle « coche moins de cases du portrait-robot du lauréat » et rappelle que son statut de romancière belge la place objectivement en situation d’outsider dans la course.

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L’an dernier, le favori Kamel Daoud a remporté le prix pour Houris, validant les attentes médiatiques. Mais 2023 et 2022 avaient rappelé la part irréductible de surprise du Goncourt : ni Jean-Baptiste Andréa ni Brigitte Giraud n’étaient considérés comme favoris absolus au moment de leur victoire. L’Express le résume bien : « Même avec des données, le Goncourt résiste encore aux certitudes. »

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