Avec La femme la plus riche du monde, Thierry Klifa donne à voir une galerie de personnages passionnante dans un film qui piétine en termes de rythme et de mise en scène.
C’est la femme la plus riche du monde : Marianne Farrère (Isabelle Huppert) est à la tête d’une multinationale de cosmétiques. Un jour, alors que sa fille Frédérique (Marina Foïs) commande un portrait dans la presse, la PDG française va faire la connaissance de Pierre-Alain Fantin (Laurent Lafitte) un photographe fantasque avec qui Marianne va se lier d’amitié. Grâce à ses fantaisies, la cheffe d’entreprise voit enfin une chance de tout décloisonner, de sortir d’une vie d’ennuis et d’obligations ; de s’amuser.
En contre-partie, la matriarche va financer les projets artistiques de son ami perçu comme un véritable pic assiette par l’entourage de cette dernière. Va alors s’ensuivre une guerre d’argent entre l’héritière en titre qui ne demande qu’à être aimée et le photographe plein de folie aussi pervers que charmeur.

La femme la plus riche du monde embarque le public dans l’intimité d’une des familles les plus fortunées de France en imaginant la guerre d’héritage qui, dans la réalité, a mené au procès Bettencourt-Banier, opposant la fille de Liliane Bettencourt, Françoise, à son ami photographe, François-Marie Banier.
Huppert face à Lafitte
Pour raconter cette sombre histoire, Thierry Klifa, le réalisateur, a choisi de changer les noms de ses protagonistes et d’offrir une galerie de personnages passionnante avec en tête, celui de Marianne Farrère. Isabelle Huppert prête ici ses traits à cette cheffe d’entreprise aussi puissante que délurée. Grâce à son charme naturel, l’actrice insuffle beaucoup d’humanité et d’humour à son interprétation. Surtout, elle donne à voir un personnage féminin en manque de liberté aussi inspirant qu’attachant.

Face à elle, un Laurent Lafitte aussi charmant que sournois, prêt à tout pour profiter de la solitude de son amie. Pour l’occasion, le comédien retrouve un rôle « puant », quelques semaines après Classe moyenne dans lequel il incarnait un avocat parisien égocentrique face à Ramzy Bedia et Laure Calamy. Ici, l’ancien pensionnaire de la Comédie-Française s’emploie à nouveau à questionner la différence des classes mais prouve surtout que l’on est pas forcément toujours riche de ses amis.
Après Elle (2016) de Paul Verhoeven, la paire se retrouve devant la caméra de Thierry Klifa pour incarner un drôle de duo entre profonde amitié et trahison monétaire. Autour d’eux gravitent aussi Marina Foïs en fille mal-aimée ainsi qu’un Raphael Personnaz, blond peroxydé, dans le rôle du majordome dévoué.
La femme la plus riche du monde repose avant tout sur l’interprétation de son équipe. Chacun semble y trouver sa partition afin d’analyser les guerres de pouvoir et les conditions de vie des ultra-riches. Un argument qui permet de sauver le film présenté hors compétition durant le Festival de Cannes 2025. Au-delà de son casting, organisé comme un petit théâtre des mœurs, le long-métrage manque, en effet, de moyens et souffre surtout d’une mise en scène cabotinante, presque kitsch. Dommage, quand on voit la richesse de son histoire !