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Rencontres d’Arles 2025 : les coups de cœur de la rédaction

28 juillet 2025
Par Apolline Coëffet
“Bell Without a Sound” (Sicily), 2025.
“Bell Without a Sound” (Sicily), 2025. ©Eloise Labarbe-Lafon

Comme chaque été, les Rencontres de la photographie d’Arles célèbrent le 8e art au travers d’une multitude d’accrochages présentant les œuvres de grands noms comme de talents émergents. Portée par le thème « Images indociles », cette nouvelle édition se tiendra jusqu’au 5 octobre 2025. À cette occasion, L’Éclaireur a sélectionné quelques-unes de ses expositions favorites.

1 Père, de Diana Markosian

Dans la pénombre de l’espace Monoprix, Diana Markosian présente Père, qui lui a valu l’obtention du Prix de la photo Madame Figaro. Cette série bouleversante s’inscrit dans le prolongement de Santa Barbara (2020), qui posait les bases d’une histoire si étonnante qu’elle pourrait être tirée d’une fiction.

Une nuit, alors qu’elle n’avait que 7 ans, sa mère l’a réveillée pour lui annoncer qu’elles partaient en voyage aux États-Unis. L’enfant était loin de se douter qu’elle ne reverrait pas son père pendant 15 ans. Ce nouveau chapitre, présenté à Arles, s’intéresse à leurs retrouvailles, à comment deux êtres devenus étrangers l’un à l’autre parviennent à renouer des liens. À la fin du parcours, le public peut prendre part à l’ensemble en écrivant une lettre à un proche disparu ou perdu de vue.

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2 Traversée du fragment manquant, de Raphaëlle Peria et Fanny Robin

Il y a quelques mois, l’artiste Raphaëlle Peria et la curatrice Fanny Robin remportaient l’édition 2025 du programme BMW ART MAKERS. Au cœur du cloître Saint-Trophime, toutes deux ont dévoilé la série qu’elles ont élaborée dans ce cadre et qui s’intitule Traversée du fragment manquant.

Pensée comme une déambulation dans les méandres des souvenirs, l’exposition entremêle des photographies issues des albums de famille de l’autrice, réalisées il y a 30 ans, avec des images actuelles. Retravaillées grâce à une technique de grattage qui creuse la matière autant qu’elle la soulève, les compositions donnent à voir la métamorphose du canal du Midi. De fait, les platanes qui stabilisent les berges sont attaqués par un champignon qui les voue à une disparition certaine. Avec poésie, la mémoire personnelle se confond ainsi à une mémoire collective.

3 Éloge de la photographie anonyme

Également au cloître Saint-Trophime, Éloge de la photographie anonyme propose une relecture d’images archives. Ces dernières composent le vaste fonds que Marion et Philippe Jacquier, fondateurs de la galerie Lumière des roses, ont alimenté pendant deux décennies. Réalisées par des amateurs dont l’identité est souvent méconnue, ces images couvrent différents registres parmi lesquels se comptent les souvenirs de famille, l’histoire, la science, le reportage et même l’érotisme.

S’intéressant notamment aux thématiques de l’intime et de l’obsession, l’exposition propose différents récits singuliers qui, s’ils ne sont pas empreints de mystère, suscitent le trouble. Les visiteurs découvrent ainsi un échantillon des centaines de portraits flous de Lucette, tous pris en vacances. À quelques pas de là est présenté le trombinoscope qu’un pharmacien a réalisé dans les années 1950, à l’insu de sa clientèle, à l’aide d’un appareil-espion.

4 J’ai toujours cherché la vie, de Letizia Battaglia

La chapelle Saint-Martin du Méjan accueille J’ai toujours cherché la vie de Letizia Battaglia. À travers une centaine de tirages monochromes, le parcours créatif de la photographe italienne se dessine et rend compte de son engagement politique. À partir de la fin des années 1960, elle n’a eu de cesse de documenter l’existence. Au fil des cimaises, les visiteurs découvrent le désespoir tout comme les moments de joie qui rythment sa région. Le quotidien dans les hôpitaux psychiatriques et les tragédies de la mafia qui ensanglantent Palerme côtoient ainsi les traditions et les fêtes religieuses. Par la suite, l’artiste s’ouvrira aux autres territoires et témoignera notamment de la réalité en Islande, aux États-Unis, en Union soviétique et en Turquie avec la même attention.

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5 Yves Saint Laurent et la photographie 

Les amateurs de mode et d’histoire de la photographie se réjouiront d’Yves Saint Laurent et la photographie. À la Mécanique générale, à mesure que le passé de la maison parisienne se déploie, celui du 8e art se révèle. De fait, le grand couturier entretenait une relation singulière avec le médium qui, au-delà d’immortaliser ses collections, le fascinait.

Pensée en deux parcours, l’exposition présente 80 œuvres signées de grands noms du milieu, tels qu’Irving Penn, Peter Knapp, Sarah Moon, Guy Bourdin ou encore Annie Leibovitz. Un second, à découvrir dans un espace central, s’apparente à un cabinet de curiosités rempli d’environ 200 objets – parmi lesquels se comptent des planches-contacts, des cahiers de publicité, des catalogues de campagne, des coupures de presse, des magazines et des images personnelles – issus des archives du musée Yves Saint Laurent Paris.

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6 Sous les paupières closes

En marge de la programmation officielle des Rencontres d’Arles, de nombreuses structures proposent des expositions. C’est notamment le cas de la Fisheye Gallery qui présente Sous les paupières closes jusqu’au 5 octobre prochain. Celle-ci réunit les œuvres d’Eloïse Labarbe-Lafon, d’Anna Muller, de Rose Mihman et de Nyo Jinyong Lian, et interroge les frontières entre le réel et la fiction.

Teinté de surréalisme, le regard que chacune d’elles pose sur le monde se révèle dans des approches disparates utilisant parfois le collage, la peinture ou d’autres formes de manipulations sur image. En parallèle, au fond de l’espace, la galerie de photographies anonymes Fringe montre une sélection d’archives gravitant autour du songe, du costume et du burlesque.

7 Musée de la mode et du costume – Fragonard

Si vous souhaitez faire une pause au cours de votre déambulation photographique, le musée de la Mode et du Costume – Fragonard s’impose comme une option de choix. Ouvert depuis le 6 juillet 2025, ce sublime écrin rend hommage à plusieurs siècles d’élégance et d’art de vivre provençal.

Au gré des salles de l’ancien hôtel particulier Bouchaud de Bussy, restauré par les architectes du Studio KO, le public peut contempler toute une déclinaison de costumes locaux, fruit d’un savoir-faire d’excellence et d’un temps long que le monde contemporain semble avoir oublié. 

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste
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