Sur un marché du petit électroménager qui cartonne un peu plus chaque année, l’entretien des sols draine un tiers du chiffre d’affaires total. Mais pourquoi les appareils servant à faire le ménage ont-ils tant de succès ?
En 2024, le chiffre d’affaires généré par le petit électroménager (4 milliards d’euros) a progressé de 8 % (source : données de NielsenIQ GfK communiquées par le Gifam). Le secteur de l’entretien des sols y a largement contribué, représentant 32 % du total (+11 %). Que ce soit l’aspirateur robot, le balai laveur ou, plus surprenant, l’aspirateur à main, tous ces équipements se vendent de mieux en mieux chaque année. On est d’autant plus surpris quand les constructeurs nous expliquent que la hausse des ventes de robots ou d’aspirateurs laveurs ne cannibalise pas les résultats des aspirateurs balais, par exemple. Étonnant également : alors qu’on pourrait imaginer l’aspirateur traîneau délaissé au profit du balai, il s’en vend encore beaucoup. Selon les données de GfK, si l’aspirateur balai est le plus prisé des aspirateurs, le traîneau représente plus d’un tiers des ventes, tout de même.

Des équipements multiples dans les logements
Mais alors, les Français auraient-ils donc plusieurs aspirateurs chez eux ? Absolument, si l’on en croit les chiffres et les fabricants. Ceux qui commercialisent à la fois des aspirateurs balais et des traîneaux (voire des robots) l’affirment : l’usage de ces appareils est complémentaire. Rowenta ou Miele, par exemple, indiquent que leurs clients possèdent souvent un balai et un traîneau. Ils privilégient le premier au quotidien pour garder la maison propre, appréciant sa praticité et sa facilité d’accès. Ils préfèrent le second pour un nettoyage en profondeur une à deux fois par semaine, ainsi que pour dépoussiérer les tapis ou moquettes.
Quant à Dyson, qui fait partie des leaders du marché des aspirateurs balais, malgré son annonce d’arrêter de développer des traîneaux en 2018, il en propose toujours dans son catalogue – preuve que la demande est présente. Et les foyers ont beau être équipés en aspirateurs manuels – balai, traîneau ou les deux –, cela ne les empêche pas de craquer aussi pour un robot.

Un appareil pour répondre à chaque besoin, mais multifonction de préférence
Qu’on se penche sur les enquêtes ou les données de marché, il apparaît clairement que les consommateurs plébiscitent les appareils polyvalents : aspirateurs balais multifonction, wet and dry qui aspirent et lavent simultanément, robots avec fonction de lavage… Malgré tout, ils sont également à la recherche d’équipements réservés à des usages bien précis. Par exemple, les ventes d’aspirateurs à main explosent même si les aspirateurs balais sont nombreux à faire office d’aspirette. Les appareils dont l’usage est très spécifique séduisent également, à l’instar des shampouineuses, destinées à décrasser les textiles (tapis, moquettes, canapés, coussins, sièges de voiture, matelas, poussettes…).

Des allergies à foison… Et aussi des boules de poils
On sait que le Covid a eu des impacts sur les habitudes en matière d’hygiène, un domaine dans lequel les Français sont devenus plus méticuleux et plus exigeants. En 2021, après la pandémie, dans l’étude Trajectoires du Gifam, ils étaient 15 % à déclarer faire plus le ménage et un sur cinq à affirmer entretenir les sols plus fréquemment. En 2024, encore, ils disent consacrer plus de deux heures par semaine aux tâches ménagères.

La multiplication des allergies joue également un rôle dans le soin accru accordé au nettoyage. Bissell, par exemple, cite des chiffres de l’OMS selon lesquels, en 2050, une personne sur deux dans le monde souffrira d’allergies respiratoires. Pour lutter efficacement contre la poussière, les pollens et les allergènes en tout genre, le fabricant met en avant les atouts du nettoyage humide. « Pendant la saison des pollens, un nettoyage régulier, avec aspiration et lavage humide deux fois par semaine, permet de réduire efficacement les allergènes et d’apporter un vrai soulagement aux personnes sensibles », peut-on lire dans son communiqué de presse.
Sans surprise, Bissell cible aussi les possesseurs d’animaux domestiques – comme tous les autres fabricants d’équipements d’entretien des sols. Le nettoyage humide proposé par les aspirateurs laveurs les séduit particulièrement. Il est vrai que la promesse d’éliminer en un seul passage la poussière, les poils et les traces de pattes pleines de boue est alléchante. Dans une étude réalisée dans 28 pays, Dyson révèle que 56 % des foyers partagent leur vie avec au moins un animal de compagnie. Ceux-ci optent principalement pour un nettoyage humide de leurs sols durs : serpillère en premier lieu, chiffon humide ou balai + lingettes. Mais ils demeurent insatisfaits des résultats, déclarant que ces solutions ne permettent pas d’éliminer les poils efficacement (selon un propriétaire de chien ou chat sur trois), que les traces tenaces sont difficiles à supprimer (28 %) et que l’entretien de leurs outils de ménage est chronophage (29 %).
L’étude Trajectoires du Gifam confirme ces attentes chez les consommateurs français, puisque 52 % d’entre eux sont confrontés à un problème de poils d’animaux ou de cheveux.

L’attrait de l’innovation et de la nouveauté sans sacrifier la durabilité
Le marché de l’entretien des sols parvient aussi à être attrayant du fait de son dynamisme en matière d’innovations. C’est l’un des rares secteurs dans lesquels de nouveaux appareils font régulièrement leur apparition, à l’instar de l’aspirateur balai, du wet and dry ou encore de la shampouineuse. Et puis, au sein de chaque catégorie, les évolutions technologiques sont constantes, qu’il s’agisse d’améliorer l’autonomie pour les équipements fonctionnant sur batterie ou de limiter l’entretien (aspirateurs robots avec station d’auto-nettoyage, aspirateurs laveurs…), entre autres.

Cette recherche d’innovation participe à booster le marché. L’association HOP le confirme, déplorant que 39 % des aspirateurs soient renouvelés alors qu’ils sont encore fonctionnels (source : enquête Occurrence-groupe Ifop pour HOP, 2025).
Toutefois, les consommateurs ne perdent pas de vue l’aspect durable et utilisent les outils qui sont à leur disposition pour choisir leurs équipements. Le Gifam a compilé des données montrant que lorsqu’ils choisissent un aspirateur (robot, traîneau ou balai), les consommateurs Français privilégient les modèles affichant le meilleur indice de réparabilité.

Nettoyer son intérieur serait-il devenu une activité tendance ?
Enfin, un autre phénomène pourrait expliquer en partie le succès des appareils d’entretien des sols. Selon l’étude Cleaning Study 2024 Dynata pour Kärcher sur les habitudes de nettoyage des Français, le ménage ne serait plus forcément perçu comme une corvée mais comme un « rituel de bien-être » : 56 % des sondés déclarent en effet nettoyer pour se détendre et réduire leur stress ; un chiffre qui grimpe à 61 % chez les 35-44 ans.
Une autre dimension est à prendre en compte : l’aspect social et l’influence des réseaux sociaux. Pas loin de la moitié des 18-24 ans disent récupérer leurs astuces de nettoyage sur les réseaux, notamment sur TikTok. En outre, ces plateformes jouent parfois un rôle non négligeable dans le succès d’un appareil – aussi voit-on de plus en plus d’influenceurs présenter des équipements pas forcément glamour de prime abord, comme des aspirateurs laveurs ou robots.