
Après des années d’absence, le groupe Superbus effectue un retour en fanfare avec OK KO, son septième album. Et les fans sont toujours au rendez-vous.
C’est un des groupes de pop-rock les plus emblématiques du début du siècle, fort de tubes qui ont fait danser la France entière comme Tchi-Cum-Bah et Superstar. Des titres qui marquent leur public avec un ton sautillant, des paroles légères – en phase avec le mouvement pop punk alors en vogue aux États-Unis – et le charisme scénique de la chanteuse, Jennifer Ayache.
Une période en haut des charts qui a duré quelques années et marqué de nombreux fans de Superbus, avec qui L’Éclaireur a pu s’entretenir à l’occasion de la sortie du septième album du groupe, OK KO. Pour Lucie, une trentenaire nantaise, Superbus est ainsi une histoire de famille : « C’est ma grande sœur qui m’a fait découvrir ça quand j’étais petite, et on danse encore régulièrement dessus ! Dès qu’on peut, on va les voir en concert. »
Mais, pour une partie du public moins connaisseuse, il s’agit aussi d’un groupe au son un peu daté, qui a connu un déclin et plusieurs séparations dans les années 2010. Or, fort d’une grosse tournée médiatique ce printemps et d’une présence massive dans les festivals de l’été, Superbus semble plus que jamais prêt à faire face à un public toujours fidèle.
Entre succès et hiatus, un groupe qui a continué à vivre sur scène
Le pinacle du succès du groupe formé en 1999 se situe incontestablement en 2007 quand, dans la foulée de la sortie de l’album Wow, il remporte une prestigieuse Victoire de la musique du meilleur album pop-rock. Certifié disque de platine, il est porté par le titanesque tube Lola, un titre qui reste important dans l’histoire de la chanson française, comme nous le confie la youtubeuse française Hilda Mist, une grande fan de Superbus.
« J’avais 6 ans quand [la chanson Lola] est sortie. Je l’entendais à la radio, je regardais le clip, que j’aimais beaucoup, sur les chaînes de musiques ! Le single Butterfly est sorti ensuite et je les avais sur mon petit MP3 pour les écouter à fond tout le temps. Ce qui fait que je les aime autant aujourd’hui encore, c’est qu’ils me rappellent une part de nostalgie de mon enfance […] Mais surtout, je trouve que quand on a écouté Superbus enfant et qu’on réécoute leurs albums une fois adulte, ils prennent une tout autre dimension. C’est comme regarder un Pixar ! L’enfant voit l’histoire dans son ensemble et le parent voit le sous-texte en plus. Et pour le coup, Lola m’a beaucoup aidée quand j’étais ado à comprendre par exemple qu’en fait, aimer une fille, c’est OK aussi ! »

La décennie suivante, néanmoins, signera une période un peu chaotique pour le groupe, qui explique en partie sa disparition des radars médiatiques. La formation change de label, puis de maison de disque, les membres du groupe changent à plusieurs reprises, et Jennifer Ayache tente une carrière solo au succès plus que confidentiel. « Mais ils ne sont jamais restés inactifs très longtemps, nous dit Lucie. J’avais l’impression que, niveau disques, il ne sortaient plus grand-chose. Mais c’est quand même un groupe qui n’a presque jamais arrêté de faire de la scène. » Et pour cause : malgré des pauses régulières d’un an ou deux, au cours desquelles les membres du groupe avancent sur leurs projets solo, Superbus a enchaîné les tournées durant toutes les années 2010.
Un retour sur le devant de la scène après les années Covid
En 2020, après une pause un peu plus longue que d’habitude, le retour de Superbus semble cependant acté : un EP salué par la critique, une grosse tournée annoncée et une large mobilisation des fans. Alban, un jeune Parisien qui lui aussi a grandi avec les tubes du groupe dans les oreilles, s’en souvient : « Ils devaient passer dans de grosses salles et tourner pendant au moins un an. J’avais des places pour les voir à la Cigale pour le XX Tour… Mais bon, c’était en mars 2020, vous savez ce que ça veut dire ! », nous dit-il, un peu amer.
Effectivement, la pandémie mondiale va conduire au report puis à l’annulation de la tournée de retour. XX restera un simple EP et ne deviendra jamais le septième album complet attendu par le public depuis 2016. Il faudra cinq longues années à Superbus pour revenir en studio, enregistrer des démos et produire OK KO, disponible dès le 4 juillet, mais dont les premiers morceaux ont paru il y a plus d’un an. Une longue période de marketing et de promotion qui a porté ses fruits auprès des fans. Même si elle regrette l’esthétique « IA générative« adoptée par le groupe pour son clip Aseptisé, « qui aurait été tellement plus joli sans », Hilda Mist a néanmoins hâte d’écouter le résultat final : « Je l’ai d’ailleurs déjà précommandé avec mon t-shirt ! Tout ce que je souhaite, c’est de retrouver cette double lecture que j’ai trouvée en eux quand j’ai grandi avec leur musique […] et, pourquoi pas, aller les voir en concert ! »
OK KO n’a pas seulement bénéficié de la promotion de fans de longue date : il s’agit également d’un disque résolument intergénérationnel, mobilisant à la fois des légendes et des étoiles montantes de la musique. On y découvre notamment des featurings avec le vénérable Nicola Sirkis d’Indochine, mais aussi avec la talentueuse Hoshi ou la jeune chanteuse belge RORI.
Cette fois-ci, la tournée devrait se passer pour le mieux. Elle a par ailleurs déjà commencé et se poursuivra jusqu’à la fin de l’année au moins. OK KO est aussi l’occasion d’un retour aux sources qui ravira les fans historiques de la bande de Jennifer Ayache. Neuf ans après un Six Tape sorti dans une certaine indifférence, les voyants semblent cette fois-ci au vert.