Critique

Dragons : le remake en live action est-il réussi ? 

11 juin 2025
Par Robin Negre
“Dragons”.
“Dragons”. ©Universal

Après plusieurs remakes Disney, c’est au tour de DreamWorks d’adapter en live action l’un de ses films emblématiques, Dragons.

Parmi les nombreux films d’animation produits par le studio DreamWorks, la trilogie Dragons est sans conteste la plus plébiscitée, la plus qualitative et la plus apte à être adaptée en live action.

C’est aujourd’hui chose faite, le réalisateur des trois films d’animation, Dean DeBlois, se chargeant lui-même de la « transposition » en prises de vues réelles de son chef-d’œuvre. Avec ce premier long-métrage, le cinéaste propose une copie conforme de l’œuvre originale qui arrive néanmoins à se démarquer grâce à l’authenticité recherchée par le cinéaste.

Dragons.©Universal

Trouver le bon équilibre

Voir Dragons version 2025, c’est s’attendre à revivre avec DreamWorks la même expérience que plusieurs remakes Disney procurent : une zone de confort évidente, un plaisir non dissimulé de découvrir en live certaines séquences, mais aussi ressentir une certaine vacuité face à la reproduction identique. La stratégie commerciale du remake en prises de vues réelles vient également interroger le rapport des gros studios à l’art même de l’animation. Comme si le live était l’aboutissement suprême et que l’animation ne pouvait pas suffire.

Face à Dragons (2025), le ressenti est sensiblement identique. Lors des premières minutes, l’expérience est déroutante, tant l’étrange sensation d’être face à un projet hybride (entre animation, live, vrais décors et faux dragons) se perçoit, avant que l’œil ne s’habitue à la direction artistique. Puis, le film de Dean DeBlois, aidé par la force du matériel d’origine – qu’il avait réalisé à l’époque avec Chris Sanders –, arrive à avoir une portée que d’autres remakes n’ont pas.

Dragons.©Universal

L’histoire de Dragons est connue. Un village Vikings du nom de Beurk combat depuis plusieurs générations les dragons, au point d’en faire une source de fierté et d’honneur. Harold, fils du chef Stoïck la brute, ne se sent pas à sa place dans ce monde brutal où la violence est maîtresse. Un jour, il parvient à capturer un dragon redoutable, une Furie nocturne, qu’il rebaptise Krokmou. Une amitié inédite naît alors entre les deux protagoniste et rebat les cartes des traditions vikings.

Récit initiatique d’un protagoniste mal dans sa peau, conte d’aventure dans un monde peuplé de cracheurs de feu, propos autour des traditions et des cycles sans fin, Dragons est avant tout une histoire d’amitié redoutable, aussi sincère que touchante. Le film d’animation est vite devenu culte – grâce à son envie de se démarquer des autres films DreamWorks – et Dean DeBlois ne cherche pas à modifier la formule. Si l’itération en live action fonctionne, c’est principalement grâce à la puissance renouvelée de cette amitié bouleversante.

Dragons.©Universal

La force du réel

Souvent, les live action se reposent en trop grande partie sur un excès d’effets numériques, créant un sentiment de fausseté qui les dessert. Dragons (2025) prend le contrepied de cette tendance et joue la carte du vrai. Décors construits en dur, tournage sur des îles, photographie naturelle, tous les ingrédients pour s’imprégner du réel malgré une histoire fantastique sont présents.

En cherchant une forme d’authenticité, Dean DeBlois trouve l’élément manquant à trop de remakes : la sincérité. Comme si le cinéaste – qui vient de l’animation – avait choisi pour son premier film en prises de vues réelles de suivre la consigne à la lettre. Les prises de vues doivent être réelles ! Si, en termes de mise en scène, Dean DeBlois manque parfois d’expression ou de spontanéité – quelques séquences de vols, notamment, auraient pu être plus inspirées –, il se sert aussi avec talent de son casting pour laisser les personnages s’exprimer et pour chercher, à nouveau, une émotion réelle.

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À ce titre, le casting de Dragons est plutôt réussi. Le jeune Mason Thames (que l’on a pu découvrir dans Black Phone en 2021) possède toujours l’aspect touchant, gaffeur et sincère qui fait le charme de Harold, mais la vraie révélation est sans conteste Gerard Butler.

L’acteur reprend son rôle de Stoïck la brute – il prêtait sa voix au personnage dans les films d’animation – et ajoute une intensité dans son jeu qu’on ne lui avait plus connue depuis sa performance dans 300 (2005) de Zack Snyder. Imposant, charismatique, il livre une prestation habitée et parvient à composer avec un personnage difficile à appréhender, tant son character design en animation le rendait volontairement hors norme et massif.

Vers une trilogie en live action ?

Dragons ne crée pas de surprises. Le film suit la feuille de route de son aîné et le fait globalement bien, avec cette authenticité vantée et recherchée par Dean DeBlois. Côté bande originale, John Powell est de retour pour retravailler son propre score et l’incroyable musique de Dragons appuie également le ressenti général.

Entre la zone de confort et le souvenir nostalgique, Dragons pourrait donc aussi avoir cette vacuité souvent reprochée aux remakes lives des films d’animation. Quel intérêt, autre que financier, de recréer quasiment à l’identique un chef-d’œuvre du cinéma qui n’a pas plus de 15 ans ? Le spectacle est beau, la finalité questionnera toujours. La surprise pourrait, en réalité, venir de la suite.

Dragons.©Universal

Avant la sortie de Dragons au cinéma, Dragons 2 a été officialisé du côté de DreamWorks, toujours avec Dean DeBlois derrière la caméra. Maintenant que l’essai est confirmé pour le cinéaste, la suite de la trilogie en live action pourrait lui permettre d’aller dans des directions moins attendues et de prendre quelques risques. À l’origine, Dean DeBlois voulait, en effet, réaliser plus de trois films d’animation Dragons. Le réalisateur a également affirmé que Dragons 3 : le monde caché ne ressemblait pas forcément à ses plans initiaux.

Le remake en live action de la trilogie pourrait-il être un moyen, pour le cinéaste, de proposer la conclusion espérée à sa saga ? L’exercice du live en deviendrait nettement plus intéressant. En attendant, le premier film Dragons en prises de vues réelles confirme bien la beauté et la force de cette histoire d’amitié intergénérationnelle. 

La bande-annonce de Dragons.

Dragons, de Dean DeBlois, avec Mason Thames, Gerard Butler et Nico Parker, 2h05, au cinéma le 11 juin 2025.

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