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Un simple accident : pourquoi la Palme d’or provoque-t-elle des tensions diplomatiques avec l’Iran ?

26 mai 2025
Par Robin Negre
“Un simple accident” de Jafar Panahi.
“Un simple accident” de Jafar Panahi. ©Jafar Panahi

Le nouveau film de Jafar Panahi suscite de vives réactions à l’international après son sacre au Festival de Cannes.

Cette année, le Festival de Cannes a récompensé un film politique, Un simple accident, et son réalisateur Jafar Panahi en lui décernant la Palme d’or. Cinéaste engagé, opposé au régime iranien et interdit de filmer sur place, Jafar Panahi continue de s’illustrer dans l’art cinématographique et de partager son opposition et son indignation face au régime en place.

En lui décernant la Palme d’or, le Festival de Cannes a envoyé un message fort, provoquant quelques tensions diplomatiques entre la France et l’Iran. À l’issue de la cérémonie, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a en effet partagé sur X un message, évoquant « une Palme d’Or qui ravive l’espoir pour tous les combattants de la liberté, partout dans le monde ». Une déclaration qui ne passe pas du côté de Téhéran, l’Iran ayant convoqué dans le week-end le chargé d’affaires français à Téhéran pour critiquer les mots du ministre et la Palme d’or décernée à Jafar Panahi, jugeant les propos de Jean-Noël Barrot « insultants et aux allégations infondées ».

Le Festival de Cannes a souvent été un moyen pour l’art de prendre position dans les discours politiques. Le jury de Juliette Binoche, en décernant la Palme d’or à Un simple accident, confirme la place que le 7e art occupe dans le monde. Le nouveau film de Jafar Panahi dénonce notamment les conditions d’emprisonnement en Iran – que le cinéaste a lui-même expérimentées – et sortira dans les salles françaises le 10 septembre 2025.

La confirmation d’un cinéaste régulièrement primé

Interdit de tournage sur le sol iranien, Jafar Panahi a réalisé Un simple accident de façon clandestine. La démarche du cinéaste est la même depuis ses débuts : contester les règles d’un régime, dénoncer les abus, militer pour la liberté d’expression, et ce, malgré les dangers. Plusieurs fois mis en prison, le réalisateur fait sensation dès les années 1990 en étant assistant-réalisateur d’Abbas Kiarostami, puis en réalisant son premier long-métrage, Le ballon blanc en 1995, qui lui vaut la Caméra d’or au Festival de Cannes.

Puis, Jafar Panahi revient régulièrement sur grand écran avec des films tels que Le miroir (1997), Le cercle (2000), Sang et or (2003), Ceci n’est pas un film (2011) ou encore Taxi Téhéran (2015), Ours d’or du meilleur film à la Berlinale. En 2018, il reçoit le prix du scénario pour Trois visages au Festival de Cannes.

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Place des femme en Iran, injustice et inégalités, traumatisme des guerres et des conflits… Jafar Panahi ne cesse jamais son combat à travers ses films et ses actions, et voit notamment son cinéma être censuré et interdit en Iran. En 2010, le régime en place l’empêche ainsi de se rendre à la Berlinale et, la même année, il est arrêté et ne peut se rendre au Festival de Cannes, convié en tant que membre du jury.

Il reçoit une condamnation de six ans en prison et une interdiction définitive de travailler. En 2022, Jafar Panahi est de nouveau condamné à de la prison ferme, mais parvient à quitter le pays en 2023, pour la première fois depuis plus de 14 ans. Après plus de deux décennies de lutte, d’engagement, de cinéma et de liberté censurée, Jafar Panahi a enfin pu être présent au 78e Festival de Cannes pour recevoir sa Palme d’or. Tout un symbole !

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