
Un épisode bouleversant, suspendu entre ce qui a été dit trop tard et ce qui ne le sera jamais. The Last of Us revient sur la fracture entre Joel et Ellie dans un flashback déchirant. Attention, cet article contient des spoilers majeurs.
« I believe / And I believe ’cause I can see / Our future days / Days of you and me. » Quelle chanson pouvait mieux écorcher les cœurs que celle-ci ? En quelques accords, Future Days de Pearl Jam a suspendu le temps et ouvert l’épisode le plus bouleversant, et sans doute le plus décisif, de The Last of Us.
Pour le sixième volet de la seconde saison, HBO a choisi de faire revenir Joel dans un long flashback de 55 minutes, condensé de douleur et de tendresse, pour raconter ce qui n’avait jusqu’ici été que suggéré : la lente fracture entre lui et Ellie. L’épisode a dévoilé, avec pudeur mais sans détour, les étapes de leur éloignement, leurs non-dits, leurs silences trop lourds. Il a scellé la fin d’un lien et éclairé, enfin, ce qu’il leur en a coûté.
Trois anniversaires et une lente séparation
Tout commence par une scène inédite : Joel, enfant, face à un père dur, autoritaire, mais hanté par sa propre violence. Il frappe, puis regrette. Et murmure à son fils cette phrase qui traversera l’épisode comme une lame : « J’espère que tu feras un peu mieux que moi. » Ce passé, inventé pour la série, a ancré Joel dans une lignée de silence et de sacrifice. On comprend d’où vient son besoin obsessionnel de protéger. Et comment cette loyauté, forgée dès l’enfance, est devenue la prison qui lui fera tout perdre.

Pour raconter cette rupture, l’épisode s’articule autour de trois anniversaires d’Ellie. Trois éclats d’une relation qui s’effondre. À 15 ans, Joel lui offre une guitare. Un objet hautement symbolique dans une série où la musique ne se contente pas d’habiller les scènes, mais façonne les émotions et les attachements.
À 16 ans, Ellie rit encore. Joel lui offre un voyage dans l’espace, dans les ruines du musée d’histoire naturelle. Un casque, une capsule désaffectée, un rêve intact – et le sourire d’une enfant qui ne le sera bientôt plus.
Le non-retour
C’est à 17 ans que le lien vacille. Joel surprend Ellie avec Kat. Deux adolescentes qui rient, fument, se tatouent. Déjà, le fossé se creuse. Elle explore, il s’inquiète. Elle avance, il reste en arrière. Il veut bien faire, mais ne sait plus comment : il est déjà dépassé.

À 18 ans, la rupture devient irréversible. Une patrouille, une attaque, et Eugene – le mari de Gail – est mordu. Ellie insiste pour qu’il puisse dire adieu à sa femme. Joel promet ; mais il ment. Il l’abat à l’abri des regards, puis dissimule son geste auprès de la veuve. Ellie voit clair, et les premières réponses de ce qu’il s’est passé à Salt Lake City chez les Lucioles semblent se dessiner.
Le secret brisé
Reste la nuit du Nouvel An. Le premier baiser entre Ellie et Dina, dans la salle des fêtes, et l’échange tendu avec Seth. Une scène déjà révélée dans le premier épisode de cette deuxième saison, à travers le regard d’Ellie. Elle rentrait seule, Joel l’attendait sur le perron, guitare en main, elle détournait les yeux. Il manquait pourtant l’essentiel.

C’est dans ce sixième épisode que cette pièce absente nous est enfin donnée. La scène – tenue secrète dans le jeu jusqu’au final – où Ellie confronte Joel. Où elle lui demande ce qu’il s’est réellement passé à Salt Lake City. Et il parle. Il lui révèle tout du massacre, sa décision de la sauver, elle, au détriment de l’humanité. Elle lui répond qu’elle ne pense pas pouvoir lui pardonner, mais qu’elle essaiera. Ce fut leur dernier échange.
En déplaçant cette scène vers le cœur du récit plutôt qu’en clôture, la série ne raconte plus la fin d’une histoire, mais son effondrement. Elle ne parle pas de mort, mais de ce qui précède : le silence, les non-dits, l’amour qu’on n’a pas su dire autrement que par la peur. Et puis cette phrase, prononcée par Joel, en écho à son propre père : « Si ce jour arrive, si tu as un enfant, alors j’espère que tu feras un peu mieux que moi. »