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La Tour de garde : deux villes, quatre mains, six romans

06 janvier 2022
Par Stéphanie Chaptal
Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier.
Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier. ©Aux forges de Vulcain

Avec deux tomes déjà parus et quatre autres à venir (deux en 2022 et deux en 2023), La Tour de garde est un véritable tour de force littéraire de fantasy à la française. Les auteurs, Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier, nous expliquent comment ils ont créé leur univers.

Le Sang de la cité de Guillaume Chamanadjian est paru en avril dernier. Citadins de demain de Claire Duvivier est, quant à lui, paru en octobre. Ces deux romans de fantasy francophone servent de portes d’entrée à un même univers, celui de La Tour de garde – qui, à terme, comportera six livres différents répartis en deux trilogies : Capitale du Sud et Capitale du Nord. « Chaque trilogie à un auteur différent, chaque trilogie à un narrateur différent. Ce sont deux histoires parallèles, mais qui vont être amenées plus ou moins à se croiser au fur et à mesure », explique Claire Duvivier, l’autrice de Citadins de demain (Capitale du Nord, tome 1).

« On peut lire uniquement Capitale du Nord ou uniquement Capitale du Sud, car les deux forment chacun une histoire complète avec un début, un milieu et une fin, reprend Guillaume Chamanadjian, auteur du Sang de la cité (Capitale du Sud, tome 1), mais, évidemment, on en apprend un petit peu plus sur l’univers et sur les enjeux réels en lisant les deux trilogies. » Les intrigues vont se rejoindre, des personnages secondaires vont se retrouver dans les deux trilogies, et des événements se passant dans l’une des villes auront des répercussions dans l’autre. Si « on peut passer à côté de tout ce jeu de miroir sans problème », selon Claire Duvivier, il n’en reste pas moins que la lecture des deux trilogies donnera indéniablement plus de profondeur à l’histoire.

Deux voyages pour un univers partagé

À l’origine des deux villes, il y a des voyages. « Chaque ville est inspirée de voyages qu’on a pu faire, se souvient Claire Duvivier. La première fois, ça a été un voyage à Sienne, en Italie. C’est une ville que nous avons adorée, une vraie ville de fantasy avec des quartiers qui ont chacun leurs identités, leur animal totem… Nous nous sommes dit : “Imagine, une scène gigantesque qui aurait l’échelle d’un royaume, on pourrait vraiment faire quelque chose d’extraordinaire, ce sera un super décor de jeu de rôle, par exemple, ou de jeu vidéo, ou de roman.” Et en visitant plus le nord de l’Europe, notamment la ville d’Amsterdam, nous avons pensé : “Là encore, on pourrait décliner cette ville sur ce côté séparation géographique d’un quartier à l’autre.” Et c’est là que nous avons commencé à nous dire que ce ce serait intéressant de les traiter en opposition l’une à l’autre, en fait, d’avoir ces intrigues qui se répondaient, chacune située dans une ville. »

L’idée des romans était née. Restait à se répartir les rôles en termes d’écriture. Comme le raconte Guillaume Chamanadjian, ils ont « beaucoup tergiversé entre écrire chacun un chapitre dans une ville au fur et à mesure, ou avoir deux intrigues, un peu façon Game Of Thrones, où un chapitre est dans la capitale du Nord et le suivant dans la capitale du Sud, ou encore un roman choral, peut-être avec plusieurs voix dans chaque ville. Au final, pour être plus cohérent, mais aussi pour respecter les styles de chacun d’entre [eux], parce que [leurs] styles d’écritures sont extrêmement différents, le mieux était de faire porter chacune des villes par un narrateur, et vraiment avoir une voix et une intrigue qui soit portées par un auteur. »

Claire Duvivier précise : « Le choix a été d’être plus dans un processus qui est proche du comics, avec un univers partagé. Cet univers existe : nous l’avons plus ou moins monter à force de discussions, à force de nous raconter des histoires qui se passaient dedans. Nous sommes chacun maître de notre trilogie. Pas à 100 %, car nous faisons en sorte que, chronologiquement, il n’y ait pas d’incohérence. Mais, effectivement, nous gardons chacun la maîtrise de l’atmosphère, de l’intrigue et du rythme de notre trilogie. »

Les deux styles sont en effet très différents : dans Le Sang de la cité, qui se déroule à Gémina, la capitale du Sud, Guillaume Chamanadjian adopte un ton vif et picaresque, adapté aux histoires de pirates et de condottiere propres à la Méditerranée de la Renaissance. Claire Duvivier, dans Citadins de demain, pratique quant à elle une écriture plus posée, plus introspective, qui correspond à la position de sa narratrice, fille de la classe commerçante et dirigeante de Dehaven, la ville du Nord. La suite des deux trilogies arrivera en avril 2022 pour Capitale du Sud, et en octobre 2022 pour Capitale du Nord, et se terminera un an plus tard. Et après ? On se prend à rêver que cet univers partagé puisse s’ouvrir à d’autres villes et d’autres auteurs.

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Article rédigé par
Stéphanie Chaptal
Stéphanie Chaptal
Journaliste