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Qu’est-ce que Manus AI, la nouvelle intelligence artificielle chinoise qui fait sensation ?

12 mars 2025
Par Pierre Crochart
Qu'est-ce que Manus AI, la nouvelle intelligence artificielle chinoise qui fait sensation ?
© Manus

Cette nouvelle IA venue de Chine se présente comme la première véritable intelligence artificielle agentique du marché. Que sait-elle faire au juste ?

Deux mois après le séisme DeepSeek (qui s’est depuis bien calmé), Manus AI est la nouvelle sensation de l’intelligence artificielle venue de Chine. Mais, à la différence de son concurrent, elle se présente comme la première IA agentique autonome du marché. Et elle est accessible gratuitement. Que faut-il en penser ?

Ce que Manus sait faire

Le terme « agentique » est encore peu connu, mais va être amené à être très populaire ces prochaines années. Il définit un « agent IA », c’est-à-dire une intelligence artificielle qui peut non seulement répondre à nos questions, mais effectuer des actions à notre place. Perplexity a déjà fait la démonstration de son propre agent, tout comme l’ogre OpenAI avec Operator. Manus, c’est exactement ça : une intelligence artificielle qui agit pour vous.

La startup chinoise Monica, conceptrice de Manus, expose sur son site et en vidéo différents cas d’usage. La première consiste à fournir à l’IA une dizaine de CV à analyser pour exposer les points forts et les points faibles de différents candidats à un poste. Pendant la tâche, Manus peut recevoir des CV supplémentaires sans que cela ne le dérange dans sa tâche, qu’il mènera à bien. Plus intéressant : Manus peut créer un véritable parcours pour un voyage en prenant en compte différents critères préalables. Pendant l’exercice, l’IA crée même un script Python pour calculer le budget des voyageurs et le respecter.

Enfin, Manus peut analyser en temps réel des actions, en tirer des analyses et concevoir des graphiques à partir des données récoltées. Insatisfait de la rigidité du résultat, le chef de l’entreprise Yichao ‘Peak’ Ji demande à Manus de rendre les graphiques interactifs, et donc de créer un site web de toutes pièces. Une tâche qui ne prend que quelques minutes à l’IA, qui livre par ailleurs un lien partageable à tous pour visiter le site.

Le site web de Manus présente d’autres démos sous la forme de scénarios qui permettent de voir l’IA en action.

Un nouveau “moment DeepSeek” ?

Si les capacités de Manus sont impressionnantes, elles divisent pourtant la communauté spécialisée. Il y a d’abord eu une courte polémique sur le modèle de langage utilisé. Alors que Manus est présentée comme largement open source, il se trouve que la startup Monica utilise encore en grande partie un modèle développé par Anthropic (Claude) et un autre par AliBaba, Qwen. Une opacité qui, forcément, inquiète, mais qui ne douche pas l’enthousiasme de certains, qui voient dans l’émergence de Manus quelque chose d’encore plus important que l’arrivée de DeepSeek.

« DeepSeek visait à reproduire des choses déjà accomplies par des entreprises américaines, expose Dean Ball, chercheur en intelligence artificielle sur X. Manus fait avancer les frontières. » D’autres, comme Victor Mustar, chef de produit pour l’entreprise spécialiste de l’IA Hugging Face, ne dit pas autre chose. « L’outil d’IA le plus impressionnant que j’ai jamais essayé. » D’après lui, « Manus redéfinit ce qu’il est possible » de faire grâce à l’intelligence artificielle, et pourrait même éliminer le besoin de coder de manière générale.

D’autres voix moins emballées s’élèvent, rapporte Business Insider. Certaines épinglent une démonstration très marketing, balayant les nombreuses erreurs factuelles dont l’outil de Monica serait capable au prétexte que tout cela est impressionnant.

Aussi, et comme DeepSeek, la confidentialité des données reste une donnée épineuse pour les fondateurs de Manus. Où partent les données des internautes ? Sont-elles hébergées en Chine ? Le Parti communiste chinois a-t-il d’une quelconque façon accès à tout cela ? Pour l’heure, on l’ignore.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste
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