
Et si Bref n’était plus tout à fait bref ? La série qui a marqué les années 2010 opère un virage audacieux pour sa seconde saison. Fini les épisodes express qui ont fait son succès, place à un format plus long. Un choix qui intrigue autant qu’il interroge.
Treize ans après son dernier épisode, Bref fait un retour aussi inattendu qu’ambitieux. La série culte de Kyan Khojandi revient le 14 février sur Disney+ et l’annonce, dévoilée début février par un simple « Re. » dans le métro, a rapidement enflammé les réseaux sociaux. L’enthousiasme est immense, porté par toute une génération qui a grandi avec les aventures du trentenaire anonyme campé par Khojandi. Mais derrière ce retour tant attendu, un changement majeur se profile : Bref abandonne son format court, véritable marque de fabrique de la première saison.
Un format express qui a marqué les esprits
D’abord diffusée sur Canal+ en 2011, Bref s’était imposée comme un ovni télévisuel. Son concept reposait sur une structure ultra-nerveuse : 82 épisodes de 1 à 3 minutes, une voix off omniprésente, un montage frénétique et un enchaînement d’idées. La série suivait les tribulations d’un Parisien anonyme, confronté aux absurdités du quotidien – une rupture, une soirée qui dégénère, une tentative maladroite de séduire… En quelques instants, chaque épisode racontait une histoire complète, portée par une écriture vive et incisive.
Cette approche novatrice a immédiatement trouvé son public. Pensée pour une époque où la consommation des contenus explosait sur les réseaux sociaux, Bref était parfaitement adaptée au format viral, multipliant les vues sur YouTube et boostant l’engouement des téléspectateurs.
Une saison 2 au format long
Treize ans plus tard, la saison 2 prend le contre-pied total. Exit les mini-épisodes : Bref fait son retour sous la forme de six épisodes de 30 à 40 minutes. Un changement radical, audacieux, mais qui ouvre de nouvelles perspectives narratives.

Le personnage principal a vieilli. Il est désormais quadragénaire, confronté à d’autres préoccupations : le passage du temps, la paternité, l’amitié à l’âge adulte. Pour Kyan Khojandi et Bruno Muschio, ce choix de format permet d’approfondir les thèmes abordés et de donner plus de place aux dialogues et aux intrigues.
Insister sur le développement narratif
« On avait plus de choses à raconter. On est arrivé avec 10 ans d’idées, de réflexion, d’envies […], et on a eu envie de raconter des histoires plus longues. On a pris goût au développement des idées. Et puis on a ce fantasme des grandes séries américaines qu’on adore, comme Friends, comme Fleabag… », a expliqué Kyan Khojandi au micro de France Inter, le 13 février.
Pour autant, la série ne renonce pas à son identité. « On garde le peps du format, mais on s’en sert aussi dans la narration. Mais, le plus important, c’est l’histoire », souligne-t-il dans un entretien accordé au HuffPost. Il s’agit donc d’une évolution plus que d’une rupture : la mise en scène inventive et le ton ironique restent au cœur du projet, tout en s’inscrivant dans un récit qui se veut plus construit.